jeudi 29 janvier 2009

La liberté et le déterminisme

Nous avons un désir viscéral d'être libre. Mais qu'est-ce qu'être libre?

Personnellement, je fais une distinction entre la liberté et le libre-arbitre. Pour l'illustrer, j'ai inventé cette petite histoire que j'intitule «l'allégorie des deux moutons». Ça va comme suit:

Imaginez un vaste enclos circonscrivant une prairie verdoyante. On place deux moutons en son centre. Tous deux commencent à paître en suivant chacun un parcours différent. Le premier s'en va en ligne droite et finit par croiser la clôture. Il est alors contraint de changer de cap pour brouter dans une autre direction. Le second suit un parcours sinueux, et tournant de temps en temps aléatoirement, de sorte qu'il ne se rend jamais jusqu'aux limites de l'enclos. Il ne se rend même pas compte de la présence de la clôture.

Je définis la liberté comme une absence d'obstacles entre ses désirs et leur concrétisation. Est libre celui qui peut faire ce qu'il veut. On pourrait formuler cela en l'équation:

désirs – contraintes = degré de liberté

Pour acquérir la liberté, il faut donc balancer l'équation entre ses fins et ses moyens de sorte que l'on ne désire rien que l'on ne puisse avoir. Bien sûr, une totale et pleine liberté est asymptotique, de même qu'une absence totale de liberté.

Le libre-arbitre, quant à lui, se définit comme l'opposé du déterminisme. Les philosophes et les théologiens en ont souvent parlé. C'est le fait de pouvoir faire ses choix sans être déterminé par autre chose que soi-même. Être sa cause ultime. Bien sûr c'est une chose totalement impossible – autant empiriquement que conceptuellement. Nous faisons partie du tissu causal de l'univers. Rien dans l'univers n'existe sans l'influence de facteurs qui lui sont extérieurs et antérieurs. On peut toutefois parler d'un libre-arbitre relatif pour exprimer que l'on fait nos choix sans être manipulé par une autre personne.

Dans mon analogie des deux moutons, les deux étaient objectivement soumis aux mêmes contraintes et donc disposaient du même niveau de libre-arbitre. Toutefois, alors que le premier était prisonnier d'un enclos, le second était totalement libre de paître où il voulait. Simplement parce que le désir du premier a rencontré un obstacle mais pas celui du second. La moralité que l'on pourrait tirer de cela, c'est d'abord qu'il est vain de chercher à «s'affranchir» de toutes contraintes si ces dernières n'interfèrent pas avec nos désirs. Et, qu'avoir des objectifs accessibles et de se réjouir de ce que l'on a est la meilleure liberté à laquelle on puisse aspirer.

6 commentaires:

  1. Le déterminisme ne peut exister que dans une analyse du passé. Il est possible de retrasser toutes les raisons, motivations, variables qui mènent à une action ou un évenement, mais il est impossible de prédire cet évenement parfaitement.

    Ce qui fais que même si toutes nos actions sont prédéterminées, cela nous empêche pas d'être doté du libre arbitre, car le libre arbitre est fondamentalement ancrée dans le présent, et le prédéterminisme ne peut exister que dans le passé.

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  2. Tout à fait d'accord avec toi, Yann. Ironiquement, c'est notre ignorance du futur qui crée ce sentiment que l'on appelle liberté.

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  3. La liberté est plus qu'un sentiment. C'est, comme la conscience, le point de rencontre entre 2 systems si complexes qu'ils sont inexplicables.

    Dans ce cas, entre le futur et le passé.

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  4. Non là tu contorsionnes le terme pour lui faire dire autre chose. Factuellement, «être libre de...» c'est juste avoir le sentiment que l'on peut accomplir l'action en question.

    Ta définition corresponds plus au mot «présent».

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  5. Mais chercher à ce que nos désirs ne soient pas circonscrits dans un enclos, n'est-ce pas tout le contraire de ce qu'on pourrait appeler la liberté? Autrement dit, le fait de foncer dans une clôture ou non n'est pas vraiment de notre ressort, car si tel était le cas, ce serait ne pas être libre que de prendre la décision de ne jamais foncer dans la clôture.

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  6. Disons que la liberté c'est percevoir - à tort ou à raison - que rien ne nous empêche de combler un besoin donné - essentiel ou superflu. Donc mon deuxième mouton est libre non pas parce qu'il choisit de ne pas foncer dans la clôture mais simplement parce que les choix qu'il a fait l'on empêché de prendre conscience de la clôture.

    Mon point est que si l'on pouvait réduire nos désirs nous pourrions du même coup accroître notre liberté en cessant de désirer ce que nous ne pouvons avoir. Toutefois, je ne dis pas que ce serait nécessairement une bonne chose.

    Je reviendrai plus tard sur le sujet de la liberté. J'ai commencé à écrire une réflexion sur le fait que le sentiment de liberté n'est pas nécessairement à rechercher à tout prix. Je la mettrai en ligne ultérieurement.

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