jeudi 15 janvier 2009

Qu'est-ce que le réel?

Le monde qui m'entoure existe-t-il «réellement» ou n'est-il qu'un rêve ou une hallucination?

C'est une question tout à fait légitime. On sait, via l'expérience du rêve, que l'on peut temporairement vivre dans un environnement donné et découvrir par la suite qu'il n'était qu'une construction chimérique faite par notre esprit. On sait également, par exemple avec le phénomène de l'illusion d'optique, que nos sens peuvent nous tromper. Comment avoir la certitude que je suis vraiment ici en train d'écrire ces lignes et que tout cela n'est pas qu'un rêve? Comment être certain que j'existe vraiment?

Commençons par établir nos certitudes. La base est le cogito cartésien : «Je pense donc je suis». La réflexion que fît le philosophe René Descartes (1596-1650) à ce propos c'est que je puis douter de bien des choses mais pas du fait que je suis en train de douter. Et si je doute, c'est que j'existe. Peut-être pas sous cette forme… peut-être suis-je un papillon en train de rêver qu'il est un humain, mais le fait est que j'existe!

À partir de là quoi d'autre? Si j'approche ma main d'une flamme, je ressens de la douleur. Je puis douter de la réalité de la flamme (peut-être qu'elle n'est qu'une hallucination?), je puis douter de la réalité de ma main (peut-être que je rêve que j'ai une main?), mais je ne peux pas douter du fait que lorsque ma main (réelle ou pas) touche à la flamme (réelle ou pas), je ressens une douleur. Cette douleur est réelle! C'est le cas de toutes mes perceptions d'ailleurs. Je peux me demander si la brocheuse devant moi existe vraiment ou si elle n'est que le fruit de mon imagination, mais je ne peux douter du fait que je suis en train de percevoir une brocheuse.

Peut-être que toute cette vie n'est qu'un rêve et qu'elle n'a pas d'existence réelle… mais ce genre de questionnement est futile en fait. Si je suis dans un rêve, j'en suis prisonnier depuis longtemps. Il est clair également que certaines «lois» semblent gouverner cet univers – onirique ou empirique – et qu'en les comprenant partiellement je puis établir des prédictions sur la succession des événements. Par exemple, je puis prédire qu'en touchant une flamme je vais me brûler. Il est tout aussi indéniable que les événements survenant dans cet univers ont un impact direct sur mon bonheur et ma souffrance.

Alors, peu importe que le monde autour de moi soit une réalité, un rêve, une matrice virtuelle ou des ombres sur la paroi de la caverne, je pense que nous pouvons faire une sorte de pari de Pascal et miser sur le fait que cet univers soit réel. Son impact sur notre bonheur et sa cohérence le rendent «suffisamment réel» pour que l'on puisse «faire comme si» il l'était, au lieu de penser au fait qu'il ne l'est pas nécessairement. Si la flèche empoisonnée m'atteint, l'urgence est de trouver un antidote et non de me demander de quel bois elle était faite. Et si je perds mon pari, cela ne m'enlèvera rien. Tandis que celui qui déciderait d'agir comme si sa vie n'était qu'un rêve, risque de trouver les conséquences fâcheuses dans l'éventualité où il se tromperait…

11 commentaires:

  1. C'est drôle, ça me fait penser à ce (qu'il me semble) que Descartes disait à propos de la religion : croire, au cas où ça serait vrai.

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  2. Non c'est Blaise Pascal qui disait ça. J'ai justement mis un hyperlien à ce propos dans mon dernier paragraphe.

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  3. Que la vie ne soit qu'un rêve ou la réalité, les rêgles qui la dirige restent les mêmes.

    3 lignes pour 5 paragraphes.

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  4. "[...] it takes a long time to say anything in Old Entish,
    And we never say anything
    Unless it is worth taking a long time to say."
    - Treebeard, The Lord of the Rings:
    The Two Towers (Peter Jackson, 2002)

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  5. Oui Laho, sauf que moi j'élabore un peu plus juste pour être sûr d'être mieux compris. Quoique ça a peut-être l'effet contraire...

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  6. Il y a un juste millieu entre les 3 lignes et les 4 paragraphes.

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  7. Le "cogito ergo sum" ne suffit pas à déterminer une réalité autre, mais juste la perception de votre "réalité". Vous pouvez tourner autour de cela comme vous le voulez, vous n'arriverez pas à une autre conclusion.

    Si vous le voulez - il est assez amusant de constater que moi, produit de votre imagination, je puisse vous proposer un thème de réflexion - nous pourrions tenter de nous mettre à la place d'un humain naissant privé de tout ses sens, sans qu'il soit privé de ses capacités intellectuelles. Il va de soit, que ce pauvre gosse ne sera pas euthanasié et qu'on lui apportera tous les soins que son état exigera.

    Quelles sont les questions que nous devrions nous poser ?

    - Est-ce qu'un esprit privé de ses sens peut percevoir des informations ?

    - Peut-il ressentir "intellectuellement" le bien-être que produit le fait d'être nourri, avec la réciproque du mal-être lorsque son corps réclame de la nourriture ?

    - Peut-on provoquer d'autres réactions binaires de type ?

    - Serait-il imaginable de stimuler son esprit grâce à des électrodes implantées dans son cerveau ?

    - Si un processus intellectuel naît du traitement de l'information "embarquée et traitée", pourrait-on imaginer créer une sorte d'intelligence "quantique" capable de traiter un très grand nombre d'information ?

    - Cet être humain "assensué" pourrait-il devenir le plus grand "intellectuel" que l'humanité ait jamais connu ? Un système basé sur une logique et une cohérence infaillible ?

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  8. Il faut tout de même savoir que la musique, les sons qu'on entend n'existent pas (c'est le cerveau avec les vibrations qu'il recoit qui transforme tout sa en douce mélodie ou un son inaudible). Les couleurs n'existent pas (pareil transformation du cerveau), et tout ce qui nous entoure n'est qu'atomes, des milliards de milliards de milliards... d'atomes, avec des electrons qui gravitent tout autours (bon c'est expliquer rapido mais bon)... et pour toi c'est le réel sa?
    Nous humains, appelons "réel" ce que l'on percoit, mais sa s'arette là, le "réel" on ne sais pas ce que c'est...

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  9. @Anonyme

    Là était notamment la question : est-ce que ça vaut la peine de dire qu'on ne peut atteindre le réel? Pourquoi ne pas appeler "réel" ce qu'on perçoit, faute d'un meilleur mot?

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  10. "Pourquoi ne pas appeler "réel" ce qu'on perçoit, faute d'un meilleur mot?"

    je ne comprend pas ce que tu cherche à démontrer là.
    Dans la vie courante, le mot réel pour les humains est ce que l'on perçoit. c'est tout, pour beaucoup de gens c'est comme sa, moi je ne crois pas au réel car le cerveau transforme tout (et tu pourra lire Dieu et la Science), toi si tu veux y croire tu le fait, je ne vois vraiment pas ce que tu éssaye de dire là.

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  11. Je veux dire par là que, puisque tout passe par notre perception, on peut appeler l'ensemble de notre perception le "monde réel", qu'il y ait ou non un autre "monde réel" qui y soit caché derrière. À force de dire que nous n'avons jamais accès au réel, c'est presque inutile de considérer qu'il existe. Mais peut-être que tout ceci est faux, reste à savoir si c'est utile de le dire.

    Bien sûr que le cerveau transforme tout, mais est-ce que ça veut dire pour autant que la matière transformée est plus fausse que ce qui n'est pas transformé?

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