samedi 1 août 2009

L'évolution de la coopération

Certaines gens ayant une conception, disons, obsolète de l'évolution du vivant, prétendront que la théorie de Darwin (1809-1882) entre en contradiction avec les principes de l'altruisme. Ils verront soit ce fait social comme contre-évolutif, soit, au contraire, comme ayant une origine autre que l'évolution naturelle. J'espère que la brève explication que je vous donnerai ici sur l'évolution de l'altruisme suffira à vous convaincre qu'il n'y a aucune dissonance entre l'empathie et la sélection naturelle.

La sélection naturelle ne s'attarde pas tant à la survie de l'individu qu'à la transmission de ses gènes. Ainsi, des traits qui permettent à l'individu de mieux survivre seront sélectionnés simplement parce qu'en vivant plus longtemps, l'individu augmente le nombre de copulations qu'il connaîtra dans sa vie. C'est pourquoi il arrive souvent, dans le monde des insectes et des arachnides, que le mâle meure immédiatement après la copulation – soit tué par sa partenaire, soit du simple fait de décharger sa semence – mais qu'il cherche quand même à copuler. Comme dit le biologiste Richard Dawkins (né en 1941), l'individu n'est qu'un véhicule qu'utilisent les gènes pour servir leurs intérêts égoïstes.

Pour avoir une valeur évolutive, un comportement altruiste doit donc soit être :
  1. Réciproque – donc impliquer une collaboration bénéfique pour les deux parties.
  2. Népotiste – donc accroître les chances pour que le bénéficiaire ait les mêmes gènes que l'agent, par exemple quand une mère se sacrifie pour ses rejetons.
  3. Prestigieux – donc conférer à l'agent une gloire qui fera de lui un partenaire plus recherché pour l'accouplement.
Chaque fois qu'un comportement altruiste comporte une ou plusieurs des caractéristiques précédentes, il peut être élu par la sélection naturelle. Les rapports de coopération peuvent s'intensifier et se complexifier à tel point que l'on verra l'émergence d'un superorganisme tel que les ruches, les fourmilières ou tout autre population d'animaux eusociaux; les pressions sélectives s'appliquant alors sur le groupe et non plus sur l'individu qui n'est plus qu'un organe de ce superorganisme.

Vous aurez compris, je l'espère, que la valeur évolutive d'un comportement altruiste ne nous éclaire pas sur sa valeur éthique, et inversement. Précédemment, je vous ai donné la distinction que je fais entre l'empathie brute et l'altruisme raisonné, le premier n'étant qu'une inclination viscérale et le second une compréhension rationnelle du fait que les intérêts de l'autre existent également. L'empathie en tant que sentiment viscéral est donc simplement le fruit de la sélection naturelle. C'est dans les contextes où un comportement altruiste sera évolutivement avantageux que l'on sera intuitivement enclin à nous y adonner. Inversement, on sera moins attiré par le fait de sacrifier nos intérêts au profit de ceux des autres si les bénéficiaires n'ont pas la possibilité de nous le rendre, s'ils ne nous sont pas proches affectivement et si l'on n'a aucune chance d'en tirer un prestige quelconque. Et ce, même si l'on comprend rationnellement que l'on devrait être altruiste dans cette situation.

2 commentaires:

  1. Merci, j'ai trouvé ici les mots qui me manquaient pour m'expliquer ce que j'observais.
    Gaïagénaire

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