samedi 26 septembre 2009

Mon athéisme

J'ai cessé de croire à Dieu et au p'tit Jésus vers la fin de ma dixième année d'existence. À l'époque, je m'intéressais beaucoup aux sciences. Mais ce qui m'a fait me libérer des sophismes de la religion n'est pas seulement la compétition dans mon esprit entre la cosmologie chrétienne et celle de la science, c'est surtout ma prise de conscience de la pluralité des cultes. En effet, les divinités des panthéons hindou et amérindiens m'apparaissaient particulièrement grotesques, mais j'ai réalisé que pour ceux qui y croyaient, cela était tout aussi sensé que le christianisme pour moi, et que c'était ma religion qui devait leur apparaître absurde. Finalement, un dieu avec une tête d'éléphant n'est pas plus ridicule qu'un ange avec des ailes d'oiseaux. Par relativisme culturel, j'ai donc rejeté en bloc toutes les croyances n'ayant rien pour démontrer qu'elles sont plus vraies que leurs rivales. La science m'apparut alors comme la seule conception de l'univers qui avait de quoi prouver ses dires.

Mon rejet de la religion s'est fait juste avant le rite de confirmation (que j'ai tout de même effectuée pour faire plaisir à la famille) en partie à cause du rite en question. En effet, l'église nous donnait un cour préparatoire pour le rituel et nous transmettait davantage de connaissances sur la foi chrétienne (pour que l'on puisse savoir ce en quoi on allait confirmer notre croyance). J'y ai appris, entre autres, que l'histoire d'Adam et Ève ainsi que celle de l'arche de Noé nous venaient de la Bible donc qu'il fallait y croire, alors que jusque là je les pensais de la même source que Cendrillon ou que le Petit Chaperon Rouge. Je me rappelle que la madame me disait : «Dieu a alors mis l'arc-en-ciel dans les cieux pour nous dire qu'il ne fera plus jamais de déluge» et moi, du haut de mes dix ans, de lui répondre : «Écoutez, l'arc-en-ciel est formé par la lumière du Soleil qui traverse les goutes de pluie...» Bref, nous ne vivions pas dans le même monde.

J'ai tout de même eu depuis certaines phases plutôt «ésotériques» où j'adoptais certaines croyances irrationnelles, mais je suis toujours demeuré athée. L'athéisme se définit par la non-croyance en l'existence d'un dieu, mais pas nécessairement en d'autres entités surnaturelles. J'ai continué de réfléchir au concept de Dieu mais il ne m'en apparut qu'encore plus improbable. Ce fut seulement vers la fin de mon cégep et le début de mon université que j'ai cessé de croire à l'âme (et, donc, à la vie après la mort) et au surnaturel en général pour adopter pleinement le scepticisme scientifique.

À ceux qui s'apprêteraient à m'en faire le commentaire, j'ai déjà expliqué précédemment comment l'on pouvait donner un sens à sa vie, ne plus craindre la mort et avoir une éthique fondée et parfaitement solide sans croire à Dieu.

Certains me trouve trop catégorique sur la question de Dieu. En fait, ce n'est pas que je crois en l'inexistence de Dieu, mais que je ne crois pas en son existence. La nuance est justement qu'une chose à laquelle on ne croit pas pourrait être vraie, mais qu'en l'absence de preuve il est plus sage de prendre pour acquis qu'elle ne l'est pas, comme je l'expliquais ici. Je pourrais essayer d'avoir l'air moins sûr de mon affaire et dire comme disait le physicien Albert Einstein (1879-1955) lorsqu'on lui posait la question :
«Dites-moi d'abord ce que vous entendez pas "Dieu" et je vous direz si j'y crois.»
Sauf que moi, j'ai déjà entendue plusieurs définitions du mot «Dieu» et même si elles se contredisent mutuellement, elles désignent toutes quelque chose à quoi je ne crois pas ou alors elles sont tellement floues qu'elles m'apparaissent vides de sens et d'intérêts. J'ai donc peu de chances de me tromper si je dis ne pas croire à ce que mon interlocuteur appelle «Dieu».

Pour conclure cette réflexion, j'aimerais vous recommander la lecture du livre Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins (né en 1941). Le titre semblera agressif pour certains (il vient en fait du traducteur) mais le contenu est très sage et reflète bien mes opinions sur le sujet.

lundi 21 septembre 2009

Réforme de la langue écrite

Je considère que la parole est au service de la pensée et l'écriture au service de la parole. Précédemment, je vous ai expliqué pourquoi je considérais que notre langue écrite devrait évoluer pour s'adapter à la langue orale. En fait, ce qu'il faut c'est moderniser et démocratiser la langue. Je vais, ici, vous décrire plus explicitement quel genre de modifications j'aimerais voir apparaître dans notre langue écrite :
  • D'abord j'aimerais que la langue soit davantage basée sur la prononciation. Si l'on examine cette page de Wikipédia, on se rend compte que plusieurs sons peuvent s'écrire jusqu'à 50 façon différentes, ce qui me semble exagéré. On devrait essayer de réduire le tout pour ne donner que deux ou trois – idéalement, une seule – graphies pour chaque phonème. On pourrait faire comme l'espagnol par exemple, où chaque syllabe n'a qu'une seule graphie. Ainsi, même si le son [k] peut s'écrire soit «qu» ou «c», le son [ke] s'écrit toujours «que» et le son [ka], «ca».
  • Je propose également la suppression des déclinaisons sans incidences sur la prononciation. Ou, au moins, de les rendre moins irrégulières. Que la règle du pluriel soit «Ajouter un 's' sauf pour les finales en '-u' qui prennent un 'x' sauf les '-ou' qui prennent un 's' sauf ''bijou, caillou, etc.'' qui prennent un 'x'» m'apparait inutilement compliqué compte tenu que toutes ces lettres sont muettes. Et je ne vous parle même pas de l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir.
  • Je voudrais aussi que tous les mots utilisés à l'oral aient une forme écrite standardisée. Les expressions québécoise par exemple. Il m'arrive souvent d'entendre des régionalismes que je ne connais pas et, malheureusement, le dictionnaire ne peut pas m'aider à trouver leur sens. Si l'on y incluait les expressions vernaculaires (en y précisant toutefois leur niveau de langage) cela nous aiderait à les comprendre. La syntaxe également devrait pouvoir se mouler sur celle de l'oral. Ainsi, si je veux écrire un dialogue entre deux personnages du Québec rural, je pourrais avoir un cadre de référence au lieu d'être dans le flou.
  • Les mots d'emprunts devraient s'écrire comme ils se prononcent au lieu de conserver leur orthographe d'origine. Cela peut créer de la confusion au niveau de la prononciation. Par exemple, le mot «soya» se prononce toujours ainsi, même quand on l'écrit «soja». Pourtant, je l'entends souvent prononcé comme si le 'j' était un 'j' français. Cela contribue, en plus, à rajouter des exceptions supplémentaires à notre langue (comme que le 'w' se prononce 'v' dans le mot ''wagon'') qui en est déjà suffisamment gréée. Seuls les noms propres devraient conserver leur graphie natale.
  • Il faudrait également que chaque «niche lexicale» soit occupée. C'est-à-dire que chaque nom puisse être verbé, que chaque adjectif puisse être adverbisé, etc. Par exemple, si je peux dire «rendre X» il devrait avoir un verbe «X-iser», si je peux dire «de manière Y» je devrais pouvoir dire «Y-ement» et ainsi de suite. En écrivant ce blog avec mon correcteur automatique, j'ai réalisé que beaucoup de ces mots n'existaient pas. Par exemple, quand j'écris le mot «éthiquement», on me le souligne en rouge parce qu'il n'existe pas. Pourtant, on comprend tous intuitivement qu'il signifie «de manière éthique».
  • Les mots désignant des êtres sexués devraient pouvoir s'accorder selon le genre du sexe en question. C'est-à-dire que l'on devrait pouvoir dire «une professeur» pour désigner une femme professeure et «une orignal» pour désigner une femelle orignal. À ce niveau-là, on n'a pas vraiment de problème au Québec. C'est plutôt en France que cette féminisation des titres a du mal à percer.
  • Les mots désignant des objets asexués dont le genre est souvent ambigu pour les locuteurs natifs (ex. : autobus, ambulance, trampoline, termite, tentacule, trombone) devraient tous bénéficier d'un genre libre, au choix de celui qui écrit (mais qui devrait rester constant dans un même texte).
Voilà, ce ne sont donc que quelques suggestions. Je vois de nombreux avantages à une telle réforme :
  • Les gens feraient beaucoup moins de fautes.
  • Les écoliers, au lieu de passer onze ans de leur vie à apprendre le français, pourraient facilement l'apprendre en trois ou quatre ans. Cela libérerait de l'espace dans l'horaire pour que les jeunes puissent apprendre autre chose, ou aient plus de temps libres.
  • Les nouveaux arrivants ne connaissant pas notre langue pourraient plus facilement l'apprendre et donc mieux s'intégrer. On éviterait donc ainsi que les allophones ne se tournent systématiquement vers l'anglais.
  • Les enfants ayant une faible intelligence linguistique pourraient tout de même apprendre à lire. Ils ne seraient donc pas ralentis dans les autres matières par leurs problèmes en français (puisqu'ils n'éprouveraient plus de difficultés à lire les consignes et écrire leurs réponses).
  • Si la langue est plus concise étant donné la suppression des lettres muettes, des consonnes doubles et des formes allongées («eau» au lieu de «o»), on économiserait une quantité faramineuse d'encre et de papier.

Comme pour ma réforme du calendrier, le principal désavantage serait les coûts (en argent et en efforts) reliés à la transition vers cette orthographe. Pour le reste, il me semblerait avantageux de faire évoluer notre langue écrite dans cette direction.

Œil pour œil

Ma conception de la justice, j'en ai bien peur, diffère quelque peu de celle qui domine dans l'air du temps. Lorsque survient un mal, on se demande aussitôt «Qui est le coupable?» puis «Comment va-t-on le punir?». Il semble y avoir une croyance sous-jacente, comme quoi quelqu'un qui fait du mal «mérite» d'en subir aussi; comme pour «rétablir l'équilibre».

Je me dégage personnellement de ces conceptions de la justice trop peu éloignées du code d'Hammourabi ou de la loi du Talion : «Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, vésicule biliaire pour vésicule biliaire, etc.»* Cela m'apparait comme une institutionnalisation de la vengeance. Je me situe dans un tout autre paradigme. Pour moi, lorsque survient un mal, on devrait plutôt se demander «Quelle en est la source?» puis «Comment peut-on éviter que cela ne se reproduise?».

On ne peut pas altérer le passé. Ce qui est fait est fait. Tuer un meurtrier ne ressuscitera pas ses victimes. Le but de la sanction ne doit donc pas être de «punir le coupable» (faire du mal à celui qui a fait du mal) mais d'éviter une récidive de sa part et de dissuader les criminels potentiels de l'imiter. Infliger de la souffrance à un criminel ne se justifie donc que si c'est pour prévenir une souffrance potentiel. Autrement, on ne fait que créer davantage de souffrance dans l'univers. Le rôle de la sanction est donc de prévenir (les futurs crimes potentiels) et non de guérir (ou venger les crimes passés).

En tant qu'utilitariste, je me focalise sur les conséquences plutôt que sur les intentions. Ainsi, tuer par accident est «aussi pire» que tuer volontairement; dans le sens que les deux actions seront aussi graves pour les victimes. C'est la conséquence que l'on tente d'éviter plus que les mauvaises intentions de l'agent. Toutefois, cela ne veut pas dire que celui qui a tué par accident est «aussi pire» comme personne que celui qui a tué volontairement (en admettant que l'on puisse juger aussi facilement de la valeur d'une personne). De toute façon, mon jugement se porte uniquement sur les conséquences et non sur les gens. Mais si ce que l'on cherche à savoir, en «jugeant» quelqu'un, c'est s'il est davantage susceptible de faire du mal ou de faire du bien, alors il est tout à fait légitime d'enfermer celui qui a tué volontairement (puisqu'il risque de recommencer), de sanctionner celui qui a tué par négligence (pour qu'il soit plus vigilant à l'avenir) et de laisser aller celui qui a tué de manière purement accidentelle (puisqu'il n'a pas plus de chance de tuer que n'importe qui d'autre). Le système judiciaire demeure donc pertinent tout comme le fait de nous demander si la personne a agit par malveillance.

Dans cette perspective, la prison devrait davantage ressembler à un centre de réhabilitation plutôt qu'à une cage à criminels. Sa vocation n'est pas seulement d'isoler des individus afin d'éviter qu'ils ne nuisent à la population, mais de transformer ces individus délinquants en citoyens modèles. C'est donc une thérapie que l'on devrait donner aux condamnés.

S'il est évident qu'un tueur en série doit être incarcéré pour éviter qu'il ne fasse d'autres victimes, qu'en est-il de l'homme qui a tué son frère parce qu'il couchait avec sa femme? Ce n'est pas quelqu'un qui tuait régulièrement, ce meurtre fut ponctuel, dicté par une situation précise. Il n'avait qu'une cible sur sa liste et n'a donc plus personne à tuer. Est-il inoffensif pour autant? Je ne pense pas. S'il a pu considérer le meurtre comme une solution dans ce cas précis, il pourrait refaire le même choix à nouveau. Toutefois, s'il l'on ne découvrait ce meurtre que vingt ans plus tard et que l'assassin n'avait commis aucun autre acte criminel depuis, je pense que l'on pourrait se contenter de lui faire subir une évaluation psychologique puis le laisser aller puisqu'il s'est, en quelque sorte, autoréhabilité.

Il existe par contre une soif de vengeance chez les victimes que l'on ne peut ignorer. Quand elles ont l'impression que le coupable «s'en sort trop bien», les victimes peuvent devenir haineuses et potentiellement dangereuses. Il y a quelque chose de foncièrement injuste dans le fait qu'une personne qui a mal agît souffre moins que son innocente victime. Évidemment, ce n'est pas un sentiment très noble que de souhaiter du malheur à celui qui nous en a causé, mais c'est humain. Conséquemment, il faudrait que la sanction demeure, malgré tout, quelque chose qui soit considéré comme désagréable et honteux par la société.

––
*La Bible, Deutéronome 19:19-19:21.

La phobie de l'eugénisme

Dans le cadre de mon travail, j'ai feuilleté un livre écrit par un prêtre qui parlait du fait que l'on avortait systématiquement les fœtus atteint de trisomie-21 et qui qualifiait de cette pratique de «génocide»! J'ai l'impression que notre culture a vraiment trop été traumatisée par la deuxième guerre mondiale, au point que l'on ne peut même plus dialoguer sur aucune forme d'eugénisme, aussi modérée et inoffensive soit-elle, sans que notre interlocuteur ne se mette à gagner des points Godwin. Ce qu'il y avait de monstrueux dans les actes d'Hitler, ce n'est pas qu'il voulait «purifier» l'espèce, c'est qu'il a fait tuer des millions de personnes.

Personnellement, je pense que prendre des mesures pour réduire la propagation d'une maladie, et éventuellement l'enrayer, n'est pas un crime; que cette maladie soit infectieuse ou génétique. C'est comme si l'on qualifiait de «génocide du peuple sidéen» le fait de vouloir éviter la propagation du sida.

Évidemment, je comprends la nuance : avorter systématiquement les futurs trisomiques est perçu comme le meurtre de personnes potentielles. Mais comme je l'ai dis dans ma réflexion sur l'avortement et dans celle sur nos devoirs envers les générations futures, je considère que l'on ne doit rien à un être qui n'existe pas et qui n'existera jamais. Par conséquent, si j'avorte une personne potentielle parce qu'elle aurait eu un handicap ou pour tout autre mobile, je ne commets pas de faute envers elle. Par ailleurs, si l'on étudie les deux alternatives suivantes :
  • A – J'engendre un enfant atteint d'une maladie génétique très grave et je l'appelle Pierre;
  • B – J'avorte mon embryon atteint d'une maladie génétique très grave et, pour le remplacer, j'en conçois un nouveau que j'appelle Jacques;
On se rend compte que si l'alternative B fait en sorte que Pierre n'existera jamais, l'alternative A empêche l'existence de Jacques. Donc pourquoi B serait-il un meurtre mais pas A?

Si nous n'avons pas pour devoir d'amener à l'existence ou non une personne donnée, je considère nous avons pour devoir de rendre son existence agréable. En conséquence, et même si ça peut sembler paradoxal, il est de notre devoir d'éviter de mener une grossesse à terme si l'embryon est trop susceptible d'avoir une maladie génétique quelconque qui l'empêcherait considérablement de jouir de la vie.

Il est évident que l'on ne peut toutefois pas agir ainsi avec toutes les maladies génétiques. Une qui serait trop bénigne ou trop répandue, comme la myopie par exemple, ne peut pas possiblement être enrayée sans que l'on se prive du même coup d'une bonne part de notre biodiversité. C'est d'ailleurs sur ce point que devrait porter le débat. On devrait méditer sur la question suivante :
«À quelle point une maladie génétique doit-elle être grave et/ou doit-elle avoir de chances de se manifester pour qu'il vaille la peine qu'on en fasse un décryptage prénatal systématique et qu'on avise les géniteurs de sa présence avant la date limite légale pour l'avortement?»

Mais bloquer notre raisonnement en amont à cause d'un tabou irrationnel envers tout ce qui pourrait se retrouver sous le label de «eugénisme» n'est pas une solution. De toute façon, il faudra nous poser cette question un jour ou l'autre.

L'allégorie des aveugles et de l'éléphant

Il s'agit d'une parabole utilisée par le mystique persan Rûmî (1207-1273) que je vais vous présenter dans mes mots :

Un roi s'adressa à trois de ses sujets qui étaient aveugles depuis la naissance. Il leur demanda: «Avez-vous déjà rencontré un éléphant?» ils lui répondent que non. Alors, le roi leur amena un éléphant. Le premier aveugle, tâtant la trompe, déclara: «Un éléphant ressemble à un serpent!». Le second palpa l'une des défenses puis dit: «Un éléphant, ça ressemble à une lance!». Le troisième toucha une patte puis dit: «L'éléphant ressemble à un arbre!» Le roi leur dit alors: «Vous avez tous partiellement raison!»

Tout comme l'allégorie de la caverne, cette fable nous enseigne qu'il y a une distinction entre le monde tel qu'il est et le monde tel qu'on le perçoit. La morale ici est que l'on se fait tous une idée différente de la réalité selon l'angle sous lequel on la regarde, mais qu'une réalité empirique existe derrière ça, indépendamment de la perception que l'on en a.

Je trouve dommage que cette parabole soit surtout utilisée par des obscurantistes religieux ou ésotériques pour faire croire que les théories scientifiques ne sont que fragmentaires alors qu'eux seuls ont obtenus, par révélation, la vision de l'éléphant en entier. Le seul problème, c'est que là où ils voient un éléphant, les autres obscurantistes verront une girafe ou un ornithorynque. En réalité, ce sont les conceptions religieuses qui se comparent à celle des aveugles de la fable (et, parfois, à celle d'un aveugle qui n'aurait même pas touché l'éléphant) tandis que la science tente, avec tous les témoignages de tous les aveugles ayant touché l'éléphant, de reconstituer une image réaliste de l'animal.

jeudi 17 septembre 2009

Le premier sexe

On remarque et l'on dénonce de plus en plus le sexisme (modéré) envers les hommes. Je pense que c'est une bonne chose que l'on commence à se réveiller à ce propos. Bien sûr, la situation actuelle du mâle occidental n'a strictement rien à voir avec celle des femmes d'avant le féminisme, mais il m'apparaît important de supprimer toute forme de discrimination arbitraire, même lorsqu'elle semble insignifiante.

J'ai établi une liste non-exhaustive de situations où c'est l'homme qui est placé en situation d'«infériorité» par rapport à la femme :
  • Si vous postulez dans la fonction publique ou dans une entreprise ayant un programme de parité des sexes, être un homme peut réduire considérablement vos chances d'être embauché tandis qu'être une femme vous garanti pratiquement le poste (selon la proportion d'hommes et de femmes parmi les postulants compétents).
  • Si vous êtes un jeune conducteur et que vous voulez prendre une assurance pour votre auto (ce qui est obligatoire selon la loi), vous paierez beaucoup plus cher en étant un homme. On nous expliquera que les statistiques démontrent que les hommes sont plus souvent impliqués dans les accidents que les femmes... Si c'eut été l'inverse je doute que les femmes auraient payé plus cher.
  • Beaucoup de bars vont laisser entrer les femmes gratuitement mais chargeront un cover pour les hommes. D'autres vont simplement offrir des boissons gratuites aux femmes. C'est le même principe pour certaines agences de rencontre. On argue qu'on veut attirer les femmes pour qu'elles attirent les hommes.
  • Certains centres de conditionnement physiques refusent l'accès aux hommes parce que certaines femmes ne seraient pas à l'aise de s'entraîner devant les hommes. (Mais, dans l'histoire des accommodements raisonnables, on chialait quand les femmes musulmanes veulent des heures de piscine sans hommes...) Pour moi, refuser l'accès à un service pour les membres d'un groupe humain particulier, dans le but d'accommoder une clientèle, ne peut se justifier d'aucune façon. Si la clientèle des centres de conditionnement physiques étaient majoritairement antisémite, en interdirait-on l'accès aux Juifs?
  • La STM offre aux femmes de débarquer de l'autobus entre les arrêts s'il est tard le soir. Mais si t'es un homme, tu débarques à un arrêt régulier maudite moumoune. Si t'es pas capable de te défendre, tant pis, les gangs de rue te casseront la gueule...
  • Il existe une beaucoup plus grandes variétés de vêtements, chaussures et sacs pour les femmes que pour les hommes. Par ailleurs, les femmes peuvent, en plus, porter des vêtements d'hommes mais l'inverse n'est pas vrai.
  • Dans la plupart des emplois, les femmes peuvent se vêtir comme elles veulent – jupes courtes, camisoles et gougounes sont permises – tandis que les hommes doivent toujours avoir des pantalons longs même au plus chaud de l'été. Cet article nous parle d'hommes qui ont osé braver cet interdit. Je n'ai malheureusement pas ce courage; on m'interdit de porter des shorts même si je travaille dans le backstore et que mes jambes restent bien cachées sous mon bureau.
  • Est-ce que c'est moi où est-ce que les costumes de bains pour hommes grandissent à mesure que ceux des femmes rapetissent? Avant c'était le speedo, ensuite les shorts et maintenant c'est pratiquement des pantalons trois quarts. Bien sûr je ne voudrais pas revenir au speedo, mais la dernière fois que je me suis acheté un costume de bain, j'ai failli demander à la vendeuse «Coup don, est-ce qu'il y a une burqa qui va avec ça?»
  • Il y aurait encore, aux dires de certains groupuscules masculinistes, des juges qui confient systématiquement la garde des enfants à la mère suite à un divorce. Je n'ai pas beaucoup confiance en ces groupes masculinistes – d'après moi ils acceptent dans leurs rangs tout homme ayant perdu la garde de ses enfants, sans même se demander s'il la méritait – mais, s'ils ont raison, c'est que l'on a encore énormément de chemin à faire pour atteindre l'égalité.
Enfin voilà, ce ne sont que quelques exemples. Bien sûr, il n'y a rien là-dedans qui sont comparent à ce que vivaient les femmes autrefois et aux vestiges de cette aberrante situation qui persistent de nos jours, mais l'idée c'est que même les situations de sexisme qui peuvent sembler banales devraient être prises au sérieux, qu'elles soient dirigées contre un sexe ou l'autre, car elles sont l'expression d'une conception du monde sous-jacente dans laquelle les sexes sont des entités séparées. Personnellement, je ne comprends pas pourquoi l'on met encore des barrières entre les sexes de nos jours. Dans ma tête, le simple fait que les toilettes publiques pour hommes et pour femmes soient séparées est une aberration m'évoquant l'époque où les Noirs et les Blancs avaient des toilettes publiques distinctes.