mardi 29 décembre 2009

Donner des cadeaux

Comme je vous l'ai déjà mentionné dans ma réflexion sur Noël, le fait de s'échanger des cadeaux en cette fête n'est pas vraiment quelque chose que j'apprécie. En fait, ça n'a plus vraiment de sens à mes yeux.

Quand j'étais enfant, j'aimais recevoir des cadeaux à Noël. Je n'avais à cet âge qu'un faible pouvoir d'achat. Si bien que si je voulais quelque chose le moindrement coûteux, il me fallait nécessairement le demander en cadeau pour ma fête ou pour Noël. Aujourd'hui, bien que je sois de revenu plutôt modeste, je dispose néanmoins de suffisamment de moyens pour m'acheter ce que je veux quand j'en ai besoin. Conséquemment, ce que je recevrai pendant les fêtes sera toujours quelque chose de plutôt superflu ou alors que j'aurais très bien pu m'acheter moi-même (au lieu d'acheter un cadeau pour la personne qui me l'aura acheté).

Il y a, en plus, différents inconvénients supplémentaires au rite d'échange de cadeaux. D'abord le fait d'avoir à trouver un cadeau pour chaque personne peut être difficile. Ça prend de l'inspiration. J'aimerais pouvoir faire des cadeaux à n'importe qui, n'importe quel jour de l'année, si par exemple je vois quelque chose et que je me dis que ça plairait à l'un de mes proches. Mais à Noël c'est trop artificiel. Ça devient un devoir. Si l'on est obligés de se dire les uns les autres ce que l'on désir recevoir, ça revient presque au même que d'aller se l'acheter soi-même.

Ensuite, il y a le fait que l'on n'aura pas nécessairement ce que l'on veut. Bien sûr, on peut demander quelque chose de précis, mais même dans ce cas-là on n'aura peut-être pas le modèle ou la marque qui nous aurait vraiment plût et que l'on aurait choisie si l'on se l'eut acheté soi-même. Par exemple, si je demande une balayeuse, je n'en obtiendrai peut-être pas une qui me plaît. Et, une fois que j'en aurai une, je ne pourrai plus vraiment m'en acheter une à mon goût tant que celle-là fonctionnera.

En plus, durant la période qui précède les fêtes, je dois me retenir de m'acheter des choses dont j'ai besoin, au cas où l'on déciderait de me les offrir en cadeaux. Et, une fois les fêtes passées, je n'ai plus les moyens de m'acheter ces choses dont j'ai besoin et que je n'ai pas reçues en cadeaux.

Faisons un exercice. Prenons ces deux variables :
  • X = Tout ce que nous avons reçu comme cadeaux à Noël cette année.
  • Y = Tout ce que nous avons dépensé à Noël cette année pour acheter des cadeaux à ceux de qui nous en avons reçu.

Si l'on nous proposait comme transaction de payer Y pour acheter X, nous refuserions probablement. Et ce n'est pas parce que l'on donne plus que ce que l'on reçoit, c'est simplement parce que ce que l'on reçoit ne nous plaît pas suffisamment ou n'est pas suffisamment nécessaire pour qu'il vaille la peine de débourser une telle somme pour l'acquérir. Et c'est là qu'est moins point. Tout ce rituel d'échange de cadeaux n'a de valeur que symbolique et traditionnelle. C'est une sorte de potlatch ou de contredon. Un sacrifice d'argent sur l'autel du capitalisme. Mais il est, en soi, nuisible pour tout ceux qui y participent.

L'autre jour, j'ai croisé un vendeur du journal L'Itinéraire qui disait aux passants de donner de l'argent pour aider les sans-abri en utilisant comme argument que «C'est le temps des fêtes, c'est le temps d'être généreux!» Et moi je me suis dis que, justement, c'était le temps de l'année où j'avais le moins les moyens de donner aux pauvres puisque j'avais trop de cadeaux à acheter pour mes proches. C'est ce qui m'a fait me dire que le rite d'échange de cadeaux n'avait aucun sens et était même paradoxal. Il est sensé se baser sur une sorte de désir d'être généreux alors qu'il n'est en fait qu'un devoir nous empêchant d'être généreux envers ceux qui en ont vraiment besoin.

Bref, pour moi le fait de donner à Noël n'a de sens que si c'est à quelqu'un qui n'en a pas les moyens; comme un enfant ou une victime de la pauvreté. Je crois que l'année prochaine, je vais simplement dire à mes proches : «Donnez-moi rien comme cadeaux parce que moi je ne vous donnerai rien!» Et juste pour pas qu'on me prenne pour un égoïste, je donnerai l'argent que j'ai économisé à une œuvre de charité.

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P.S. – Et je ne dis pas ça parce que j'ai été déçu de mes cadeaux ou quoique ce soit du genre. Je suis correctement satisfait de ce que j'ai reçu. C'est simplement une réflexion qui me vient chaque année pendant que j'achète mes cadeaux de Noël.

2 commentaires:

  1. Je ne crois malheureusement pas que tu achèterais vraiment des cadeaux à tes proches n'importe quand dans l'année... Et par là je ne veux pas dire que seulement toi tu ne le ferais pas, mais il n'y a pas grand monde qui aurait ce réflexe.

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  2. Justement, je me dis que si on n'était pas contraint de donner des cadeaux à des dates fixées, on aurait peut-être plus tendance à se dire : «Tiens telle personne aimerait ça! Je vais lui acheter tout de suite...»

    Et même si, globalement, on recevrait moins de cadeaux, on éprouverait sans doute une plus grande gratitude et davantage le sentiment d'être apprécié, qu'en recevant un cadeau lors d'un rite obligatoire.

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