Quand je regarde autour de moi toutes les merveilles de la technologie : Nous pouvons construire des bâtiments plus hauts que les montagnes. Nous déplacer de par le monde plus vite que le plus rapide des chevaux. Communiquer instantanément avec n'importe lequel de nos congénères, où qu'il soit sur Terre. Nous avons la lumière la nuit, la chaleur l'hiver. Nous pouvons voler plus haut que n'importe quel oiseaux tout comme descendre plus profondément dans l'océan que n'importe quel poisson des abysses. Nous vivons plus vieux que tous les animaux sur Terre (exception faite, peut-être, de certains spécimens de tortues) et les maladies qui décimaient nos ancêtres sont désormais bénignes. Tous ces «miracles» dépassent ceux que les anciens attribuaient aux dieux.
Et quand je contemple l'univers à travers l'œil éclairé de la science, mon émerveillement est suscité davantage. La théorie de l'évolution et le Big-Bang m'apparaissent de loin plus élégantes que tous les mythes cosmogoniques. La danse des planètes autour du soleil est plus gracieuse que celle du géocentrisme. Les toutes-puissantes forces aveugles qui régissent l'univers sont plus grandioses que les grotesques divinités anthropomorphes des vieux panthéons. L'univers tel que modélisé par la science est de loin plus complexe et merveilleux que tout ce que nos ancêtres ont pu s'imaginer. Leurs théories primitives qui prêtaient des caractères humains à toutes choses et qui ne voyaient rien derrière l'horizon ont l'air de contes pour enfants à côté des nôtres qui appréhendent l'univers dans sa grandeur par-delà l'échelle des galaxies et qui scrutent la matière dans son essence profonde jusqu'aux confins de l'atome.
J'ai l'impression que certaines gens ne sont émerveillés que par ce qu'ils ne comprennent pas. Aussitôt qu'ils comprennent les causes optiques de l'arc-en-ciel ou les causes neurologiques de l'amour, ils ont l'impression que «la magie s'envole». Pourtant, ce n'est pas parce qu'une chose est explicable scientifiquement qu'elle ne peut pas être merveilleuse en même temps. Mon hypothèse est que l'émerveillement face à une chose découle de la complexité perçue de cette chose, et que le fait de ne pas comprendre son fonctionnement nous laisse croire que la chose en question est très complexe. Or, la science nous permet de révéler la réelle complexité des choses. Elles ne devraient donc nous en paraître que plus merveilleuses. D'autant plus que le degré de complexité des réalités scientifiques est souvent supérieur à ce que l'on aurait pu s'imaginer.
Apprenons à cultiver un sentiment d'émerveillement face à l'élégante cohérence et l'incroyable complexité de la réalité telle que nous la dévoile la science. Elle le mérite davantage que tous les mythes.