Comme je l'ai dis précédemment, je vois
l'univers comme un continuum. J'ai dis que toutes nos façons de découper le monde étaient arbitraires, mais ce n'était pas totalement vrai. On peut voir l'univers comme un grand Tout insécable mais il y a certains entités qui sont, disons, plus « réelles » que d'autres ou au moins plus empiriques. Je désigne donc les regroupements selon plusieurs types : les îles, les agrégats, les taxons, les systèmes, les fonctions et les catégories.
J'appelle « île » toute agglomération qui est suffisamment homogène et suffisamment distincte de ce qui l'entoure. Si je tiens une roche dans mes mains, je puis dire qu'elle est une « chose réelle » et qu'il ne s'agit pas que d'une « convention sociale arbitraire » que de considérer qu'elle constitue une entité distincte de l'air autour d'elle. Le taux d'homogénéité interne de l'île peut varier.
Je désigne comme « agrégat » un ensemble de particules non-homogènes mais qui adhèrent les unes aux autres davantage qu'avec leur environnement. Par exemple, un objet comme un crayon est composé de mine, de bois et de métal, mais tous sont soudés ensemble de sorte qu'ils se déplacent ensemble dans l'univers.
Ces deux premiers types d'ensemble sont assez peu arbitraires puisqu'ils sont tangibles à notre échelle. Ils constituent des entités, des unités, des objets ou des individus. Mais qu'en est-il des ensembles plus grands? Des regroupements de ce type d'entités?
Une catégorie est un ensemble d'unités que l'on regroupe ensemble sur la base du fait qu'elles partagent certains attributs communs. Le choix de ces traits communs est nécessairement arbitraire. La catégorie n'est vraiment qu'un pur raccourci mental pour appréhender la complexité de l'univers. Il ne faut donc pas faire comme si cet ensemble existait empiriquement. Je parle ici des races, des nations, des cultures, etc. Il n'y a empiriquement rien qui « relie » les entités composants une telle catégorie; ni une proximité, ni une interaction.
Un
système est un ensemble d'entités qui interagissent les unes avec les autres significativement plus qu'avec leur environnement. Même si le degré d'ouverture du système varie et qu'il prend normalement part à un système plus grand que lui, je pense que l'on peut considérer le système comme l'unité la moins arbitraire pour circonscrire « une chose ». Un organisme est un système qui lui même fait partie d'un écosystème tout en étant composé de plusieurs systèmes (cardiovasculaire, nerveux, endocrinien, digestif, etc.). C'est le seul ensemble supra-individuel qui me semble avoir une existence propre empiriquement parlant.
Un taxon me semble également une manière légitime de classer les entités. J'entends par là un ensemble d'unités qui ont un ancêtre commun. C'est principalement pour classer le vivant que l'on utilise cette classification. C'est pratique pour faire des sous-catégories. Notez toutefois que le taxon n'est pas « une chose en soi » mais demeure une catégorie abstraite. Ses composants n'interagissent pas suffisamment les uns avec les autres pour constituer un système. C'est, par contre, une classification plus scientifique que la simple catégorie puisque les attributs ne sont plus associés arbitrairement.
Une fonction peut également servir à classer les choses. Principalement, pour classer les objets de fabrications humaines (ce qui distingue un tabouret d'une table à café serait l'usage que l'on en fait plus que l'apparence) mais aussi, pour classer les entités à l'intérieur d'un système. Par exemple, si l'on classe les humains par profession ou par sexe. Ce type d'ensembles existe empiriquement à l'échelle de son système mais pas nécessairement dans les attributs intrinsèques des unités qu'il rassemble. Souvent, ces dernières auront une plasticité suffisante pour changer de fonction et l'on doit en tenir compte.
On peut donc en conclure que certains ensembles sont « plus empiriques » que d'autres et que certains sont moins arbitraires que d'autres. Toutefois, il n'en demeure pas moins que ces classifications ne doivent exister que pour faciliter notre compréhension de l'univers. Conservons en mémoire qu'elles sont avant tout des façons de nous représenter le réel et non le réel lui-même.