mercredi 9 janvier 2013

Le droit d'être armé

L'abolition du registre canadien des armes d'épaule, et la fusillade qui a eu lieu dans une école primaire récemment, font en sorte que l'on a souvent entendu parler ces derniers temps du droit qu'a l'individu de posséder des armes à feu. Aux États-Unis, c'est une question complexe puisque le droit de posséder une arme est dans la constitution pour des raisons historiques.

D'un point de vue éthique, la question est relativement simple. Ce que l'on met dans la balance, c'est le droit de posséder des armes versus le danger potentiel que cela représente. Une personne peut désirer posséder une arme pour se sentir en sécurité* chez elle, pour le sport ou pour une collection. Ces besoins me semblent tous bien moins important que celui d'être préservé des dangers que représente l'arme.

Il y a certains contre-arguments que l'on entend souvent et que je trouve personnellement bien faibles. Il y a, entre autres, ceux qui disent qu'il y a, par exemple, plus de morts causés par les accidents de voitures ou les noyades dans les piscines que par les armes à feu. Comme si légiférer sur les armes nous empêchait de prendre également des mesures contre d'autres sources de décès prématurés. Également, il y a ceux qui soulignent qu'une personne voulant tuer peut avoir recours à d'autres moyens que les armes, comme les couteaux ou les bombes artisanales. On peut leur répondre qu'ils est plus facile de faire rapidement plus de victimes avec un fusil qu'avec un couteau, et que tous ces autres objets pouvant être utilisés pour tuer (ou, dans le cas des bombes, les produits utilisés pour les concevoir) ont une utilité pratique qui compense pour ce danger potentiel, ce que n'ont pas les armes.

Malgré tout, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'abolir complètement le droit de posséder des armes pour les civils. Je réitère ici ce que j'ai dit dans mes réflexions sur la prostitution, la drogue et la similipédopornographie : la prohibition est inefficace, mieux vaut légaliser et encadrer. Si les gens qui désirent vraiment une arme ne peuvent l'obtenir légalement, ils l’acquerront illégalement. Comme avec les accommodements religieux, il faut nous demander comment on pourrait permettre à ceux qui veulent une arme de combler, totalement ou partiellement, ce besoin sans que cela ne nuise à la sécurité d'autrui.

Je propose simplement d'aller dans la direction contraire du gouvernement canadien, en renforcissant le contrôle des armes et en mettant plus d'informations dans le registre. Je n'ai pas tant d'expertise sur la question ni sur la situation actuelle, mais je pense à une série de mesures simples comme:
  • Toute arme doit être enregistrée et immatriculée.
  • L'arme doit être rangée dans un endroit sécuritaire (par exemple, un coffre verrouillé).
  • Le lieu de rangement de l'arme est inscrit dans le registre. Si le citoyen la sort de cet endroit pour une période de plus de vingt-quatre heures (disons), ou s'il change son lieu de rangement, il doit en aviser le registre.
  • Il y a une quantité maximum d'armes qui peuvent être rangées dans un même lieu résidentiel.
  • Certains types d'armes ne peuvent être gardés dans un lieu de résidence, et doivent être entreposés dans un arsenal autorisé (qui pourrait se trouver à l'intérieur d'un centre de tirs ou d'une pourvoirie). Si on les change d'endroit (disons que son propriétaire veut aller à un centre de tirs différent de celui où il va d'habitude), elles doivent être transportées dans un coffre verrouillé par une instance autorisée.
  • Certains types d'armes sont prohibés pour les civils (disons, les missiles, les mines, les tanks, etc.)
  • L'achat de munitions est également enregistrés dans le registre, et limité. Je pense en fait que c'est surtout là qu'est la solution.

Même les Américains pourraient instaurer quelque chose comme ça puisque ça respecterait leur droit constitutionnel d'être armés. Évidemment que ça ne règlerait pas tout et qu'il y aurait quand même des fusillades ou des armes illégales. Mais ça réduirait tout de même la nuisance inhérente à l'existence des armes tout en étant un accommodement acceptable pour les gens qui désirent fortement en posséder.

––
* Je souligne que c'est pour avoir un sentiment de sécurité et non pour être en sécurité.

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Salut Sainte Ironie. Merci de me lire et merci de t'intéresser à mes opinions. Même si tu as supprimé ton commentaire, je vais quand même y répondre parce que je trouvais la question pertinente. Si je me souviens bien, tu me demandais ce que je pensais de la légitime défense.

    En fait, j'y réponds indirectement dans ma réflexion sur l'égoïsme légitime. Mon point de vue, est que lorsque nos intérêts vitaux sont en jeu, on peut se permettre de nuire à autrui (dans ce cas-ci, à une personne qui nous voulait du mal) mais que l'on doit le faire de façon parcimonieuse en lui nuisant le moins possible. Donc si je veux empêcher cette personne qui m'attaque de me faire du mal, je dois viser le plus petit mal possible qui me permettrait d'atteindre cette fin.

    Note que mon éthique ne considère pas la composante méritoire de la situation. Ce n'est pas parce que l'individu était malintentionné que je me venge en le faisant souffrir, c'est parce qu'il était une source de souffrance potentielle contre laquelle je me suis défendu. Ainsi, si la personne me nuit sans le vouloir et sans le savoir, je puis appliquer la même logique.

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