dimanche 2 août 2015

Travailler c'est trop dur

La Finlande a récemment annoncé qu'elle instaurerait un revenu universel pour tous ses citoyens, afin de remplacer l'aide sociale et l'ensemble des programmes sociaux. Pour moi, cette idée présente de nombreux aspects positifs et je suis très enthousiaste de voir comment elle sera mis en œuvre. J'ai déjà exprimé depuis longtemps mon opinion sur ce sujet et proposé une idée similaire mais avec quelques bémols; ce n'est donc pas de ça dont je voulais vous parler aujourd'hui. En fait, c'est qu'il y a quelque chose dans l'argumentaire des détracteurs de cette idée qui a attiré mon attention. Un argument qui ressemble à:
«Mais qu'arrivera-t-il pour les emplois peu qualifiés et les tâches ingrates? Plus personne ne voudra les occuper s'ils ne sont plus obligés de travailler pour avoir un revenu, à moins qu'on augmente drastiquement leur salaire et qu'on améliore leurs conditions de travail, ce qui entraînera des coûts pour les entreprises.»

J'ai, personnellement, beaucoup de difficulté à voir ça comme un argument contre le revenu universel. En fait, c'est horrible quand on y pense. Celui qui utilise cet argument reconnaît que certains emplois sont pénibles au point que la seule façon d'avoir des gens pour les occuper est de nous doter d'une classe sociale de pauvres désespérés? D'asservir une caste de démunis à des tâches ingrates avec des salaires de crève-faim et des horaires pas possible ne leur apparaît pas du tout comme quelque chose de problématique? Il me semble que ce n'est pas très loin de l'esclavage.

Je pense qu'il est justement nécessaire que les moins nantis ne soient plus désespérés afin que la transaction employeur/employé devienne un deal équitable, avec un salaire proportionnel aux tâches demandées et des conditions de travail décentes. Si l'on a inventé le salaire minimum, c'est justement pour éviter que des gens trop désespérés ne viennent faire baisser trop bas les salaires et aussi parce que l'on reconnaît qu'il faut un minimum de revenu pour vivre. D'ailleurs, une telle mesure permettrait d'abolir la loi sur le salaire minimum – puisque l'on sera assuré que tout le monde reçoit assez d'argent – tout en, paradoxalement, augmentant les salaires – puisque plus personne n'acceptera d'être mal payé.

J'aimerais que l'on réfléchisse aussi davantage à ce que c'est, dans une société, d'avoir des «tâches ingrates» qui doivent bien être faite par quelqu'un, et à la façon dont on traite les gens qui se dévouent aux dites tâches. Ce n'est pas qu'une question de salaire, je pense. Il me semble que l'on pourrait minimiser les inconvénients pour eux de d'autres façons également, en leur donnant de bons horraires de travail et en limitant à 32 plutôt qu'à 40 leur nombre d'heures par semaine, afin qu'ils puissent s'épanouir dans leur vie personnelle au lieu d'avoir à consacrer tout leur temps d'éveil à leur emploi aliénant. D'ailleurs, j'y reviendrais, mais ça c'est quelque chose qui, je pense, devrait être repensé pour tous les emplois. Mais bref, en attendant que les machines ne puissent s'occuper de toutes ces tâches ingrates donnons au moins à ceux qui les occupent des salaires décents.

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