dimanche 23 mars 2014

La gauche et moi

Je réfléchissais à la politique. Bien que je trouve l'axe gauche/droite extrêmement réducteur, je suis indubitablement de gauche. Toutefois, je suis bien conscient que je ne suis pas toujours à 100% d'accord avec ce que prônent les mouvements gauchistes. Par exemple, pour le cas de Poste Canada cet hiver. Je me suis donc demandé pourquoi. Manqué-je de cohérence? Il y a évidemment son côté un peu trop idéaliste et pas assez enclin aux compromis avec la réalité qui éloigne la gauche de moi, mais il n'y a pas que ça. C'est en réfléchissant plus à fond sur ce qui liaient les différentes situations où je ne suis soudainement plus de gauche, que j'ai compris ce qu'il en était. 

La droite, en politique, est une position que j'ai toujours eu beaucoup de difficulté à cerner. Souvent, j'ai l'impression que les droitistes font exprès de juste toujours choisir l'option la plus maléfique quel que soit le sujet, sans chercher à être en cohérence avec eux-mêmes. Ce n'est que récemment que j'ai compris que l'idéologie de la droite reposait sur une sorte de conception bizarre et presque «surnaturelle» de la liberté, combinée à une idéalisation et une naturalisation du statu quo et de la tradition. Mais dans la pratique, ce qui meut l'ensemble de la droite est surtout un désir pour une élite sociale privilégiée de conserver ses privilèges. Son vœu de laisser les choses telles qu'elles sont et de ne pas trop intervenir et légiférer, est fondé sur l'inavouable ambition de maintenir en vigueur une situation qui les avantage personnellement, et ce indépendamment des conséquences néfastes pour autrui. C'est compréhensible comme sentiment, quand on y pense. Ils sont en train de gagner la partie, ils ont probablement prévu d'avance plusieurs de leurs prochains coups, et on leur propose comme ça de changer les règles en plein milieu de la partie, ça ruine leurs projets.

Donc, c'est assez facile pour moi de comprendre pourquoi je ne suis pas de droite. Mais la gauche? En général, la gauche prône le changement, le progrès social, un monde plus juste. Sauf que parfois, l'équipe des gauchistes a d'autres motivations. Prenons, à titre d'exemples, quelques situations:



J'ai donc compris dernièrement pourquoi j'étais intuitivement opposé à la gauche dans ce genre de situations. Je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant, ça aurait dû m'être limpide lors de ma réflexion sur le féminisme puisque c'est exactement le même principe. En fait, la gauche ici fait la même chose que la droite: elle se bat pour le maintient de privilèges. La différence c'est que la droite défend ceux qui sont les plus privilégiés tandis que la gauche veut que ceux qui furent historiquement les plus opprimés (travailleurs, femmes, pauvres, minorités ethniques) puissent conserver le peu de «privilèges» qu'ils ont acquis. Ainsi, le combat entre la gauche et la droite n'est rien d'autre qu'une lutte de classes entre deux groupes qui se battent égoïstement pour leurs propres intérêts. Si la gauche semble plus juste, c'est simplement parce que ceux pour qui elle prend sont les moins privilégiés au départ.

Donc moi je suis antiprivilège (donc, de la vraie gauche). Je ne veux qu'aucune subdivision de la société puisse avoir des droits qui lui sont exclusifs, même si elle est moins avantagée sur d'autres aspects. Quand on privilégie l'un, on en discrimine un autre; forcément. Ce que je prône c'est l'abolition des privilèges et de la discrimination, et la suppression des catégories sociales sur lesquelles se fondent ces injustices. Voilà pourquoi je ne suis gauchiste et féministe que 90% du temps. Je ne veux pas participer à la lutte des classes, je veux abolir les classes.

dimanche 9 mars 2014

L'industrie pharmaceutique

Les gens qui prônent l'usage des pseudomédecines (que certains nomment «médecines alternatives» ou «allopathie») plutôt que celui de la médecine scientifique (ou «conventionnelle»), utilisent souvent comme argument le côté mercantile de cette dernière. Comme quoi l'industrie pharmaceutique serait trop mue par l'appât du gain pour avoir réellement en considération le bien-être et la santé des gens. Le problème, c'est qu'ils ont raison. Notre médecine fonctionne malheureusement selon un paradigme capitaliste. Et, même si le système de santé québécois est public et guidé par de meilleurs idéaux, il est sans aucun doute influencé par des pressions de la part des compagnies productrices de médicaments.

Toutefois, les anti-médecine vont trop loin dans leur critique. Si on y réfléchit bien, quelles sont les conséquences logiques d'avoir un paradigme capitaliste en médecine? Sans même prêter de mauvaises intentions ou d'accusations envers qui que ce soit, qu'est-ce qui découle naturellement de laisser les médicaments entre les mains de compagnies privées? Je vois tout de suite certains problèmes qui pourraient survenir:
  • Prescrire un médicament alors qu'il n'est pas nécessaire (en surmédicamentant ou en surdiagnostiquant);
  • Négliger de retirer du marché un médicament présentant des effets secondaires néfastes;
  • Bâcler les tests d'efficacité et d'effets secondaires d'un médicament qui fut coûteux à produire;
  • Nier ou minimiser l'efficacité d'un remède naturel (bien manger, bien dormir, faire plus d'exercice) pour continuer de vendre un médicament;

Mais ce qu'il faut comprendre c'est que, pour être économiquement viable, toutes ces malhonnêtetés devront se faire discrètes. Si, par exemple, un médicament est très nuisible pour la santé, les gens n'en prendront plus ou mourront, ce qui fera des clients de moins pour les pharmaceutiques. Si un traitement inutile demande beaucoup de temps et d'efforts de la part du personnel médical, ce ne sera pas rentable non plus. Si un traitement est moins efficace que celui fourni par une compagnie rivale, ce sera également une perte de profit, donc la recherche médicale n'a pas vraiment le choix de progresser.

Ainsi, lorsque les anti-médecines prétendent, par exemple, que la chimiothérapie tue les gens et que pour guérir d'un cancer il suffit d'être à l'écoute de ses émotions ou de boire un jus de fruits magiques, ça ne cadre pas avec ce principe. Si les pharmaceutiques voulaient faire du profit sur le dos des victimes du cancer, elles s'arrangeraient pour qu'elles survivent. Idéalement, elles les rendraient dépendantes toute leur vie d'un remède qu'elles auraient les moyens de se payer. Tuer ou laisser mourir un patient suite à un traitement très coûteux à produire, ce n'est pas rentable. Donc quand l'on meure du cancer, c'est parce que la médecine n'a pas le pouvoir de nous guérir. Il y a plus de quête du profit à chercher derrière la vente de pilules contre le rhume, les maux de tête, les troubles de l'attention infantile ou les troubles de l'humeur que derrière les traitements contre le cancer.

Un médicament optimal, d'un point de vue purement mercantile, se doit d'être le moins coûteux possible pour la compagnie qui le fourni (ou d'avoir la plus grande marge de profits possible), doit avoir le moins d'effet possible (idéalement, n'être qu'un placebo), doit être prescrit pour une grande variété de maux (afin d'élargir sa clientèle) mais ceux-ci doivent être le plus bénins possibles (idéalement, guérir rapidement tout seul). Bref, les pseudomédecines me semblent répondre beaucoup plus à cet idéal capitaliste que la médecine scientifique.