Aucun message portant le libellé anthropocentrisme. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé anthropocentrisme. Afficher tous les messages

lundi 16 juillet 2012

Les extraterrestres humanoïdes

Dans les histoires de science-fiction et dans les récits soi-disant authentiques de rencontres du troisième type, on nous représente très souvent les extraterrestres comme des êtres à notre image. Des humanoïdes ayant deux bras, des jambes, deux yeux, une tête. Je trouve, personnellement, que cela manque un peu d'imagination. C'est d'ailleurs la principale raison qui fait que j'ai bien de la misère à croire aux histoires d'enlèvements par des extraterrestres. Rien que sur Terre, on retrouve des millions de créatures qui sont parfois tellement différentes de nous et qui, pourtant, partage avec nous un ancêtre commun. Il n'y a qu'à penser à la faune abyssale ou même aux plantes. Alors, un être venu d'un autre monde, qui ne partagerait par conséquent pas d'ancêtre commun avec nous, n'a aucune chance de nous ressembler.*

On pourrait arguer qu'il s'agit simplement d'une convergence évolutive. Par exemple, le pinson, la libellule, la chauve-souris et le ptérodactyle peuvent voler. Il n'est donc pas surprenant qu'ils aient tous des organes adaptés à cette fonction (les ailes) et que ceux-ci se ressemblent même s'ils sont apparus séparément. Les visiteurs extraterrestres auraient donc pu simplement évoluer comme l'humain, ce qui est nécessaire pour qu'ils aient pu développer la technologie leur permettant de se rendre jusqu'à nous.

Mais notre organisation anatomique est-elle vraiment la seule qui puisse supporter une intelligence capable d'engendrer une technologie avancée? En fait, tout ce qu'une autre espèce aurait besoin pour développer une technologie d'un degré similaire à la nôtre, ce sont les organes nécessaires pour:
  •  réfléchir,
  • communiquer,
  • manipuler son environnement.

Or, au sein du règne animal, on retrouve tout plein de façon différente d'accomplir ces tâches. Contrairement à ce qu'on pense, les grands singes (dont l'humain) ne sont pas les seuls «génies» dans la nature. Par exemple, les éléphants sont des animaux très intelligents sauf qu'ils sont quadrupèdes et manipulent leur environnement à l'aide de leur long nez au lieu des membres antérieurs. Les pieuvres aussi sont très intelligentes, et pourtant plus différentes de nous qu'un E.T. hollywoodien. Même chose pour certains oiseaux ou même pour certaines espèces de dinosaures. Même si aucune de ces espèces n'accote l'humain dans le niveau de développement de ces facultés, dans un futur lointain un hypothétique être intelligent pourrait émerger du descendant de n'importe quelle espèce qui est présentement à un degré rudimentaire dans ces trois facultés. Cela en ferait donc une personne mais n'ayant aucune ressemblance avec l'humain mais qui, pourtant, partage un ancêtre commun avec lui. Alors, une personne ne partageant aucun ancêtre commun avec nous devrait nous être encore plus différente.

Personnellement, si je rencontrais réellement un extraterrestre humanoïde – ou plutôt un être qui corresponde plus ou moins à l'image folklorique de l'extraterrestre – je ne croirai pas nécessairement qu'il s'agit d'un extraterrestre. Un être aussi semblable à l'humain nous est forcément très proche phylogénétiquement parlant. Donc, si vraiment j'avais devant moi ce genre de petit bonhomme gris, je me dirai qu'il s'agit d'une espèce proche de la nôtre, un hominidé inconnu. Un intraterrestre descendant d'une bande d'homo sapiens qui s'est perdue dans les cavernes il y a douze milles ans? Un voyageur temporel venu du futur à une époque où notre espèce a évoluée de cette manière? Ou, plus simplement, le rejeton d'un humain moyen mais qui serait porteur d'une curieuse mutation? Bien des hypothèses passent avant celle de l'extraterrestre.

Je n'écarte toutefois pas complètement la possibilité qu'il puisse exister des extraterrestres intelligents quelque part dans l'univers. En fait je suis agnostique sur cette question. Nous n'avons selon moi pas les données nécessaires pour y répondre puisque nous ne connaissons pas assez les autres planètes pour savoir si nous sommes la norme ou l'exception. Comme je le disait précédemment, j'ai même tendance à penser que nous n'aurons jamais la réponse à la question «Sommes-nous seuls dans l'Univers?» puisque les distances dans l'espace sont tellement grandes.

Bref, si j'ai de la difficulté à trouver crédibles les histoires d'extraterrestres (qu'elles se prétendent fictives ou réelles), c'est à cause de tout ça. C'est dommage que ceux qui les inventent soient anthropocentristes au point de ne pouvoir concevoir que quoique ce soit d'intelligent puisse exister à moins d'être à ce point semblable à l'humain.

––
* Certains poussent encore plus loin l'absurdité en affirmant que les extraterrestres et les humains peuvent s'accoupler entre eux et engendrer des hybrides. C'est impossible puisque même si les extraterrestres avaient évolués pour nous ressembler, ils seraient complètement différents de nous génétiquement. J'aurais donc plus de chance de me reproduire avec un chimpanzé, une truite ou n'importe quel animal terrien qu'avec un extraterrestre.

jeudi 13 janvier 2011

Nommer notre espèce

Lorsque j'étais au baccalauréat, certains de mes professeurs* utilisaient l'expression «l'Homme» (au masculin singulier avec une majuscule) au lieu de dire «les humains» (pluriel neutre sans majuscule). Personnellement, c'est une expression qui me fait grincer des dents à chaque fois que je l'entends. Je n'arrive pas à la percevoir comme un terme qui inclut les femmes.

Bien sûr, il arrive parfois que l'on utilise le même mot pour parler du mâle d'une espèce et de l'espèce entière. Par exemple, en disant «les chevaux» on peut y inclure des juments. À l'inverse, lorsque l'on parle des poules et des vaches on utilisera le mot féminin pour parler de l'espèce (surtout parce que les éleveurs de ces animaux ont des populations très majoritairement femelle). Et pour d'autres, comme le mouton, nous avons un nom pour le mâle (bélier), un nom pour la femelle (brebis) et un nom neutre pour l'espèce (mouton). On ne dira pas «Voici un troupeau de béliers» pour parler d'un troupeau de moutons. De la même façon, comme nous avons le mot «humain», je ne comprends pas pourquoi on nommerait notre espèce d'après le nom du mâle.

Bien sûr, il y a la majuscule qui est sensé faire la distinction entre l'espèce (Homme) et le mâle (homme). Mais je trouve que mettre une majuscule pour le nom de notre espèce, alors que toutes les autres espèces s'écrivent avec une minuscule, est une exception illégitime et anthropocentrique. Je n'aime pas trop non plus l'expression «l'être humain». J'y vois un pléonasme absurdement redondant. Un humain est nécessairement un être. Dira-t-on «un être chien» pour parler d'un chien? L'être chat, l'être vache, l'être fourmi? Ce serait ridicule.

Aussi, l'expression «les droits de l'Homme» en est une qui me révulse. Je lui préfère «les droits de la personne». Non seulement parce que «personne» est un mot qui inclut les deux sexes, mais aussi parce que c'est un terme qui pourrait inclure un être non humain ayant une intelligence humaine (disons, un extraterrestre, un robot, un ange ou un elfe). Bien sûr il n'en existe aucun, mais cela fait tout de même en sorte que «les droits de la personne» est une expression à la fois moins sexistes et moins spéciste. Ça implique que ces droits sont basés non sur notre statut d'humain mais sur notre statut de personne, ce qui me semble un pilier plus légitime.

Je n'aime pas non plus que l'on utilise le singulier pour parler d'un nombre pluriel d'individus. Que l'on dise «l'Homme», ,«l'être humain» ou «l'humain», on aura recours, dans les trois cas, au nombre singulier alors qu'il y a manifestement plus d'un humain. On fait aussi cela souvent pour les animaux. Par exemple, on dira «le cri du chat est le miaulement», «le loup est carnivore» ou «l'ours hiberne». Comme si l'on considérait que tous les membres de l'espèce sont si semblables et interchangeables qu'on pourrait les traiter comme un seul individu. Il me semble que l'on devrait, au moins dans le cas des humains, reconnaître qu'il s'agit d'un ensemble suffisamment pluraliste pour mériter le pluriel.

––
*J'ai remarqué que ce sont surtout les gens de nationalité française qui vont utiliser l'expression «l'Homme», les Québécois privilégieront «les humains». Mais comme les Français ne féminisent pas non plus les titres (ils diront, par exemple, «Madame le Maire»), leur dialecte a une logique différente de la nôtre par rapport au genre, ce qui fait qu'il n'y aura sans doute rien de machiste à leurs oreilles dans l'expression «l'Homme» et que, pour eux, c'est sans doute moi en ce moment qui passe pour un ultraféministe enragé.

dimanche 17 octobre 2010

Le propre de l'Homme

L'expression «propre de l'Homme» en est une dont je me méfie. Lorsque je l'entends, je sais que celui qui l'utilise essaie surtout de démontrer l'existence d'un abîme entre l'espèce humaine et le reste du règne animale. Or, tout est en continu et la majorité de ce qui fut jadis considéré comme propre aux humains (capacité de communiquer, usage d'outil, émotion, intelligence, etc.) a été depuis observé chez d'autres espèces. Bien sûr la nôtre s'est souvent démarqué par une utilisation beaucoup plus poussée de ces facultés, mais comme le disait le naturaliste Charles Darwin (1809-1882), le père de la théorie de l'évolution, la différence entre l'humain et la bête est une différence de degré et non de nature. J'ai d'ailleurs remarqué que les définitions de mots tels que «culture», «langage» ou «outils» seront remodelées régulièrement pour impliquer un niveau supplémentaire de complexité, afin d'en exclure perpétuellement les animaux non-humains lorsqu'on leur découvre une plus grande avance dans ces domaines que ce que l'on aurait cru. Bref, plus on découvre des comportements complexes chez les bêtes et plus on monte la barre de la complexité requise pour ne plus être une bête. Cela m'apparaît plus idéologique que scientifique.

D'un point de vue biologique, on définit l'espèce comme un «ensemble d'individus interféconds» c'est-à-dire capables d'engendrer une descendance viable et fertile. Cette définition m'apparaît incomplète puisqu'un individu que l'on stériliserait «sortirait» aussitôt de l'espèce. Je propose la définition suivante, peut-être plus complète, inspirée de la cladistique : «ensemble des descendants de l'ancêtre commun exclusif d'un groupe d'individus interféconds». Ainsi, on ne peut «sortir de l'espèce» qu'en en devenant une nouvelle. Bref, le point c'est que ce qui est propre à l'humain – c'est-à-dire, un trait qu'auraient tous les humains mais que n'aurait aucun non-humain – c'est d'être génétiquement compatible (interfécond) avec un autre humain. L'espèce se définissant sur la base de ce seul trait. Tous les autres attributs que l'on associe à l'humain peuvent être «fortement corrélés» avec l'espèce mais n'en sont pas des préalables ni des conséquences. Un humain peut avoir une déficience intellectuelle le rendant psychologiquement équivalent à un chien et demeurer tout de même un humain.

En dépit de l'apparente étanchéité des espèces dans un point précis du temps,* cette discontinuité disparaît dans une perspective diachronique. En effet, dans la dimension temps, tous les ensembles d'interfécondités sont en continue. Un rejeton est nécessairement de la même espèce que ses géniteurs (c'est-à-dire fécond avec eux). On ne peut pas prendre un individu précis parmi nos ancêtres et dire «Voici le premier humain!» Tout comme l'évolution des langues, celle des espèces se fait par petites mutations progressives. Chercher le premier humain est aussi vain que de chercher le premier francophone.

Mais pourquoi sommes-nous si désireux de trouver «le propre de l'Homme»? Pourquoi voulons-nous à ce point donner une définition scientifique à l'espèce humaine? Pourquoi voulons-nous mettre un abîme si tranché et bien défini entre nous et nos cousins des autres espèces? Et pourquoi certains vont même jusqu'à prétendre que l'humain n'est pas un animal? Pour satisfaire les exigences idéologiques de nos éthiques arbitraires et spéciste. La plupart des gens font de l'appartenance à l'espèce humaine le pilier du droit à la vie et à la dignité. Pourtant, l'humanité n'est qu'une espèce qui se définit, comme toutes les espèces, sur la base du critère de l'interfécondité. Une éthique ayant un pilier un peu moins arbitraire que notre «statut d'humain» (par exemple, la mienne) qui considérerait les individus selon leurs attributs individuels et non selon le groupe dans lequel on les classe serait moins discriminatoire et ne nécessiterait plus de tordre constamment la définition de l'humain et des facultés soi-disant propres à l'humain, pour accommoder nos idéologies. Prétendre que l'humain n'est pas un animal parce qu'il a un cerveau plus développé que les autres est aussi absurde qu'il le serait de prétendre que l'éléphant n'est pas un animal parce qu'il a un nez plus long que les autres.

----
*Il y a parfois des populations «intermédiaires», interfécondes avec des populations non-interfécondes. Par exemple, si une population A ne peut se reproduire avec une population C, toutes deux seront fertiles avec la population B.

vendredi 8 janvier 2010

La hiérarchie naturelle

On croyait autrefois à ce qu'on appelle en latin la scala naturae, c'est-à-dire l'échelle naturelle. Il s'agit d'une hiérarchie linéaire au sein de laquelle on classait toutes les choses de l'univers réel et mythologique. Par exemple, le vivant était au-dessus de l'inerte mais en-dessous du divin. Dans le vivant, les animaux étaient au-dessus des végétaux mais en-dessous de l'humain. Au sein de l'espèce humaine, le roi était supérieur au serf, l'homme supérieur à sa femme, le père supérieur à ses enfants, etc. Dieu, l'ultime perfection, était au sommet de l'échelle tandis que l'humain était le plus haut parmi ce qui existe pour vrai. Voyez cette page pour plus de détails.

Les théories de l'évolution prédarwiniennes – telle que celle de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829) – utilisaient cette conception du monde linéaire. On assimilait les êtres vivants les plus primitifs avec le bas de l'échelle et les être plus complexes au haut, tout en plaçant arbitrairement l'humain à son sommet (bien qu'il ne soit pas plus complexe ni nécessairement plus récent que des animaux tels que l'orang-outang, le chat ou le pigeon). On voyait l'humain comme étant «l'aboutissement de l'évolution» ou «le plus évolué des animaux» au somment du monde des vivants. Évoluer signifiait monter dans l'échelle.*

Ce modèle unilinéaire du monde interféra dans les considérations éthiques des gens, pendant différentes époques. En effet, on croyait – selon l'éthique défendue originellement par le philosophe Aristote (384-322 av. notre ère) – que chaque chose n'existait que pour servir les intérêts de ce qui lui est supérieur dans la scala naturae et qu'il n'y avait donc rien de mal à faire passer les intérêts d'un humain avant ceux d'un chats, ceux d'un seigneur avant ceux d'un serf, ceux d'un homme avant ceux de sa femme ou ceux d'un natif avant ceux d'un étranger. Et ce, aussi infimes et superficiels que soient les bénéfices pour le «supérieur» par rapport aux conséquences négatives pour son subalterne.

Le modèle de l'évolution apporté par Charles Darwin (1809-1882) aurait dû amener un changement de paradigme à ce niveau. En effet, en étant arborescent plutôt que linéaire et en évacuant complètement le concept de «supériorité», il nous a apporté une conception du monde des vivants dans laquelle il n'y avait pas de place pour une quelconque «hiérarchie naturelle». Les populations évoluant, non pas pour grimper dans l'échelle, mais bien pour s'adapter davantage à leur milieu.

Il semble toutefois que, même si l'on ne se réfère plus directement à cette échelle, des vestiges de son influence persistent dans notre conception du monde. On continue à dire que les bêtes sont «inférieures» aux humains ou à sous-entendre implicitement que ce qu'elles sont est moindre que ce que nous sommes (par exemple, en disant «Ce n'est qu'un chat!»). Grâce aux progrès sociaux, on en est venu à la conclusion qu'il n'y avait pas de place pour une telle échelle biologique au sein de l'humanité. On a alors simplement décrété que «tous les humains sont égaux» dans cette hiérarchie, tout en maintenant en place le reste du modèle. Or il ne s'agit là que d'une contorsion ridicule d'un modèle erroné pour se plier à la réalité observée; comme la théorie des épicycles dans le géocentrisme. La vérité c'est que nous ne sommes pas égaux… ni inférieurs ou supérieurs, puisqu'il n'y pas d'échelle de la vie ou de hiérarchie naturelle. Le concept même de «supériorité» est donc complètement vide de sens. Ce n'est là qu'une conception obsolète dont on devrait se débarrasser.

––

*Dans des histoires de science-fiction telles que X-Men, on utilise ce genre de conception linéaire de l'évolution puisque l'on considère que «la prochaine étape» pour l'humain est d'acquérir de supers pouvoirs... très analogues à ceux des dieux polythéistes.

mercredi 11 mars 2009

Le déisme

Le déisme est la position théologique selon laquelle il existe une conscience intelligente qui a créée l'univers et qui nous observe, mais qui n'intervient pas directement dans le monde et ne s'est pas révélée à l'humain via un prophète quelconque. Il y a une vaste gamme de nuances : Les déismes les plus anthropomorphistes rejoignant le monothéisme s'opposent à des déismes panthéistes qui s'approchent de l'athéisme.

En tant qu'athée, le déisme est une position que je respecte. Il est tout à fait compatible avec des valeurs progressistes et est rarement un obstacle à la quête de vérité. Il y a bien sûr la pente glissante qui pousserait l'individu à se croire « du côté de Dieu » (et, donc, à justifier fallacieusement ses choix) mais cela se rencontre plutôt chez les adeptes d'une religion que chez les déistes. Bref, je n'ai pas grand chose contre l'existence de cette croyance.

Toutefois, si l'on me demandait si je pense que le déisme puisse être vrai, je répondrais par la négative.

En fait, ce point de vue me semble se contredire lui-même. Puisque s'il y a un Dieu mais qu'il ne s'est pas révélé, d'où nous vient le concept de Dieu? Pour les monothéistes, le concept de Dieu nous vient de ce qu'il s'est révélé à nous. Pour les athées et les déistes, le concept de Dieu s'est développé progressivement par l'accumulation de spéculations métaphysiques et l'on peut le constater en étudiant l'histoire des différentes spiritualités de l'humanité depuis la Préhistoire. Donc quelles chances y aurait-il pour que – par hasard – en inventant le monothéisme on soit tombé pile sur la bonne affaire sans qu'aucune démarche scientifique ni aucune révélation divine ne nous y ait emmené?

Par ailleurs, croire qu'un être à notre image ait conçu l'univers m'apparait un manque flagrant d'humilité. Une forme d'anthropocentrisme du même genre que le créationnisme et le géocentrisme. Une incapacité d'admettre que notre existence soit purement contingente. Certains diront que leur Dieu n'est pas à l'image de l'humain, mais pour moi si l'on élague le concept de dieu de tous ses attributs anthropomorphes, on ne parle plus d'un dieu. Le mot devient un synonyme de « l'univers » et ce n'est plus du déisme mais de l'athéisme.

Également, un Dieu qui ne se révèle pas et qui n'intervient pas me semble particulièrement inutile... Ça me fait penser au philosophe Épicure (341–270 av. notre ère) qui disait que les dieux existent mais que, vu qu'ils sont des êtres parfaits, se suffisent à eux-mêmes et n'ont aucun désir d'intervenir dans notre monde imparfait. L'implication pratique est qu'on peut faire comme si les dieux n'existaient pas. On maintient la croyance en Dieu mais on en supprime toutes les conséquences dans la vie réelle. J'ai l'impression que c'est comme ne pas être game de passer à l'étape suivante : l'athéisme.

Je pense malheureusement que certains esprits, dont on pourrait dire qu'ils manquent de sagesse ou de maturité intellectuelle, ont en quelque sorte besoin de s'accrocher à ce genre de croyances. C'est pourquoi je ne m'attaque généralement pas au déisme; c'est une croyance inoffensive. Les débats sur les valeurs et sur l'éthique me semblent plus importants. Il s'agit, finalement, d'une simple question métaphysique. En débattre ne peut donc être que trivial.