L'univers est un continuum, les frontières entre les ensembles ne sont que des conventions plus ou mois arbitraires. Cela est autant vrai pour la frontière que l'on met entre les espèces. Avant la théorie de l'évolution, c'était plus facile de définir les espèces puisqu'on les voyait comme des entités étanches créées distinctement. Aujourd'hui, on sait qu'elles partagent toute une filiation commune et que ces groupes se sont progressivement détachés les uns des autres par un procédé continu toujours en action. Comme toutes les espèces, la nôtre se définit comme «un ensemble d'individu interféconds». Ainsi, le «propre de l'Homme» n'est pas la parole, la culture ou la technologie, c'est uniquement d'être génétiquement compatible avec un autre humain. Un humain peut avoir une déficience intellectuelle le rendant psychologiquement équivalent à un chien et il demeura tout de même un humain.
Mon point est que, dans cette optique, l'ensemble «espèce» n'est pas un critère pertinent pour établir la limite de notre considération éthique. Bien sûr l'espèce est corrélée avec un grand nombre de traits – ceux qu'elle a acquis depuis sa spéciation – mais c'est sur ces traits eux-mêmes que l'on devrait focaliser et non sur le critère «espèce». L'interfécondité me semble un critère insuffisant pour établir les droits d'un individu. Pour moi, un chien qui aurait une mutation improbable le rendant capable de parler et de raisonner, mériterait d'avoir le droit de voter.
Un deuxième point très important qu'il faut également prendre en considération, c'est que les critères que l'on qualifie généralement de «propre de l'Homme», telles que la parole et la raison, sont souvent arbitrairement corrélé avec nos considérations éthiques. Logiquement, tout être capable de souffrir mérite que l'on prenne en compte le fait qu'il souffre. Un idiot ne souffre pas moins qu'un génie. Un sourd-muet ne souffre pas moins qu'une personne qui parle. Comme disait le philosophe utilitariste Jeremy Bentham (1748-1832) :
La question n'est pas, «peuvent-ils raisonner?» ni «peuvent-ils parler?» mais «peuvent-ils souffrir?»
Donc même si l'espèce était vraiment un ensemble étanche et bien défini empiriquement, il serait tout de même arbitraire de la choisir comme critère suffisant pour établir la limite de nos considérations éthiques. L'important n'est pas la catégorie dans laquelle on classe l'individu mais ses attributs intrinsèques personnels. Autrement ce serait une forme de discrimination arbitraire que l'on appelle «spécisme».
Je soutiens donc qu'il est important de donner aux animaux des droits à la mesure de leurs besoins, au lieu de ne pas leur donner de droit du tout. Ce point de vue est très rationnellement défendu dans le livre La libération animale du philosophe utilitariste Peter Singer (1946-…). Sinon, l'article Antispécisme de Wikipédia n'est pas mal non plus.
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