Chez le philosophe Descartes (1596-1650), le «je pense donc je suis» constitue la preuve ultime que nous existons. C'est-à-dire que, selon ce point de vue, notre «âme» est une chose insécable qui existe en soi.
Dans la philosophie de Bouddha (624-544 av. notre ère), il y a un concept que l'on appelle anâtman et qui signifie littéralement «non-âme» ou «anti-âme» mais que l'on traduit généralement par « vacuité ». L'idée est que rien n'existe en soi et que tout n'est qu'un agencement éphémère de composantes qui n'est définit que par ses interactions avec son environnement. Cela rejoint ce que je dis sur ce blogue à propos de la continuité de l'univers et des systèmes. Mais même nous-mêmes, notre être profond, notre conscience, n'existe pas en soi.
À première vue ces deux conceptions semblent diamétralement opposées. Mais, le point de vue de Descartes et celui de Bouddha sont-ils aussi irréconciliables qu'on pourrait le croire? Cela dépend d'à quel niveau on les utilise. La physique de Newton n'est pas fausse, mais elle ne s'applique plus rendu à une certaine échelle; celle d'Einstein la complète.
Si l'on se souvient qu'il y a une différence entre le «monde sensoriel» et le «monde intellectuel», on peut dire que ces deux mondes fonctionnent de manière différente. Si, en effet, notre conscience est un tout indissociable à l'intérieur du monde tel qu'elle se le représente (dû à un biais naturel de toute conscience), elle est nécessairement un système composite à l'intérieur du «monde tel que perçu par l'approche intellectuelle», puisque c'est le cas de toute chose à cette échelle de n'être qu'un agencement éphémère de composantes.
Bref, si l'on procède par une pure réflexion, on donne raison à Descartes. Mais si l'on utilise l'approche scientifique, on se rend compte que Bouddha était dans le vrai.
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