Parfois on dirait que ça désigne tout l'univers sauf l'humain et ses productions, d'autres fois ça désigne l'écosystème ou la biosphère. Une chose naturelle en est souvent une qui n'a pas été altérée par l'humain. Comme s'il y avait une sorte de fossé entre nous et le reste de l'univers. Il n'y a pas de différence de substance entre ce qui émane de l'humain et ce qui est naturel. Tout est en continue.
J'ai l'impression que l'on utilise souvent la nature pour justifier fallacieusement un maintient du statu quo. Comme on le faisait autrefois en qualifiant l'homosexualité de contre-nature ou en disant qu'il est naturel que la femme obéisse à son époux.
La nature n'est pas une personne. Elle n'a pas de désir, de sentiments ou de buts. Elle ne peut pas souffrir ni être contrariée. Elle est en elle-même la somme de ce qui n'est pas le fruit d'une intention. Le fait qu'une chose soit supposément «contre-nature» n'est donc pas, en soi, un critère suffisant pour la désapprouver. Et inversement, déclarer qu'un geste est «naturel» ne suffit pas à le justifier d'un point de vue éthique ou autre.
Personnellement, j'évite d'utiliser le mot «nature» et ses dérivés à l'intérieur d'une argumentation logique. Empiriquement, la nature n'existe pas. C'est une simple allégorie.
"Elle est en elle-même la somme de ce qui n'est pas le fruit d'une intention."
RépondreEffacerJe doute de cette définition. Je ne sais pas pourquoi ni comment mais je voulais le dire. J'en reparle lorsque j'aurai trouvé.
En fait, on donne souvent à la nature et au naturel la définition de « qui ne vient pas de l'humain ». Selon cette vision, un vaisseau spatial construit par des extraterrestres intelligents serait «naturel» tandis qu'un excrément humain est artificiel...
RépondreEffacerJe préfère définir le naturel parce ce qui existe sans avoir été sciemment conçu par une quelconque intelligence. La Nature devient donc une allégorie personnifiant la somme de ce qui ne vient de personne.
Toutefois, cette dichotomie naturel/artificiel demeure pour moi une simple convention. Elle le change rien à la nature intrinsèque d'une entité mais nous renseigne simplement sur ses origines.
Je ne comprend pas l'oposition farouche de certains face au changements climatiques. Ne savent t'ils pas que sans changements, la terre serais beaucoup moins interessante au yeux de tout sauf la géologie.
RépondreEffacerEt le principale argument est que "Ce n'est pas naturel"
@Laho : le principal argument est souvent la disparition de la diversité des espèces (qui est, suivant la théorie de l'évolution, l'une des meilleures méthodes pour que la vie dure plus longtemps). Il y a aussi (bien que ce soit plus anthropocentriste, il faut assumer un moment donné) le fait que de nombreuses villes côtières seront inondées de la fonte des glaciers.
RépondreEffacerPour moi, les changements climatiques - ceux causées actuellement par l'humain comme ceux qui furent causé antérieurement par d'autres phénomènes - sont on ne peut plus naturels. Puisque personne ne s'est dit «Tiens, et si je changeais le climat de la Terre pour le fun?». Le changement climatique n'est donc pas intentionnel. Il est la conséquence naturelle de nos interventions artificielles sur la planète.
RépondreEffacerMais, comme j'ai dit précédemment, que ce soit naturel ou non ne suffit pas à justifier ou à réprouvé un phénomène. Utilitaristement parlant, si cela cause plus de souffrance dans l'univers c'est quelque chose de répréhensible. La notion ne «nature» n'a donc aucune raison d'être utilisée dans l'argumentation sur les changements climatiques; ni dans aucun autre débat d'ailleurs.
"Utilitaristement parlant, si cela cause plus de souffrance dans l'univers c'est quelque chose de répréhensible."
RépondreEffacerDans l'univers? On peut le voir autrement : si ça cause plus de souffrance aux gens qui créent la morale.
Bien sûr que non. Autrement ces législateurs créeraient une morale biaisé en leur faveur. C'est pourquoi je prône une éthique utilitariste (voir à ce propos ma réflexion intitulée "L'éthique"), donc que je considère qu'une chose est « maléfique » si elle est source de souffrance. Donc, la pollution est une chose néfaste non parce qu'elle « modifie la nature » mais bien parce qu'elle le fait en engendrant de la souffrance.
RépondreEffacerMais toute éthique n'est-elle pas formulée par des individus? Comment fait-on pour savoir ce qui cause de la souffrance, si ce n'est en captant les signes (qu'ils soient une parole ou un son d'un individu ou un animal qui souffre ou un signe visuel comme l'assèchement d'une plante). Mais l'éthique qu'un être humain se donne (il ne faut pas oublier la part de subjectivité là-dedans) est liée à ce qu'il peut capter et déduire (par empathie ou anthropomorphisme, par exemple) comme signes de souffrance et/ou de bonheur. Tuer un moucheron est éthiquement mal pour quelqu'un qui se met à la place du moucheron (ou de sa famille) et se dit que ça doit être triste pour lui et sa famille qu'il meurt. Par contre, nombre d'actes ne peuvent être entrés dans un code moral, parce qu'on ne peut pas percevoir les signes de souffrance. Je lave mes draps car je veux m'éviter la souffrance que la poussière qui s'accumule m'encombrera (mais encore là, je n'ai jamais essayé de ne pas le faire), mais j'oublie de penser que peut-être que je détruis toute une communauté d'acariens. Quelqu'un viendra-t-il m'objecter que mon code d'éthique doit tenir en compte le bonheur des acariens. Bien sûr que non, et c'est tant mieux. Il faut comprendre que le code d'éthique - à cette échelle, il faut le noter - est bien relatif.
RépondreEffacerJe voulais aussi ajouter pour le moucheron que c'est par empathie que je crois que des individus souffrent de sa mort. Même principe, c'est par anthropomorphisme (qui est une sorte d'empathie probablement) que je me dis que c'est mal de séparer un chaton de sa mère, bien que je ne puisse pas savoir réellement s'il en souffre.
RépondreEffacerLis ma réflexion « l'empathie brute et l'altruisme raisonné ». Un vrai altruisme doit se baser sur le fait qu'on est rationnellement conscient de ce que ressent l'autre.
RépondreEffacerJe pense que ce serait faire de l'anthropomorphisme que de dire que la famille d'une mouche morte est endeuillé ou qu'une plante sèche souffre. Pour le chaton séparé de sa mère, c'est différent. Mon chat qui a été séparé de sa mère trop jeune affiche encore des symptômes névrotiques, elle tète une couverture. (@Laho, je sais pas ce que tu as fait à ce chat avant de me le donner, mais il commence tout juste à s'en remettre...)
Bref, je ne pense pas que l'on doive se dire «Qu'est-ce que je ressentirais si je subissais le même sort?» mais plutôt «Que ressent-il? Est-ce douloureux pour lui?» Les indices que l'on aura pour répondre à ces questions nous viendront bien sûr des rétroactions visibles de l'être, mais aussi d'une compréhension scientifique de sa nature et de ce qu'il pourra nous dire (si c'est un humain).
Sinon on aura une éthique «égomorphiste», c'est-à-dire ou l'individu traitera l'autre comme s'il avait exactement les mêmes besoins et aspirations que lui-même, ce qui n'est pas toujours le cas.
Je suis encore en réflexion à propos de l'éthique de l'acte de tuer (sans souffrance). Au fond ce n'est que rapprocher l'inévitable. Tuer un être qui a une vie très redondante et qui est axé sur le moment présent tel qu'une mouche, me semble moins contraire à l'éthique que de tuer un être plus allumé et plus conscient du passage du temps comme un humain, un chat ou une vache. Puisque notre action réelle c'est de lui retirer une portion potentielle de sa vie. Je pense que la mouche a rapidement fait le tour des possibilités que lui offre son existence.
Par ailleurs, si l'on tenait compte de la souffrance potentiel de toute forme de vie, on ne pourrait plus jouir normalement de la vie. Nos actions «normale» vont nécessairement interférer avec les besoins des autres. Il est donc possible que je tue des insectes pour maintenir mon milieu de vie salubre ou en marchant sur le trottoir.
Également, le système nerveux des arthropodes (tels que les mouches et les acariens) a évolué parallèlement à celui des chordés (le nôtre) depuis notre ancêtre commun le ver, qui a un système nerveux très primitif. Il est donc peut-être plus «métaphysique» de dire que les arthropodes et les vers souffrent (puisque leur système nerveux est différent) qu'il ne l'est de dire que les poissons, les reptiles, les mammifères et les oiseaux souffrent (puisque leur système nerveux est fait comme le nôtre). Sans donc me mettre à torturer par pur plaisir les invertébrés (même que quand je trouve une araignée dans ma maison, je la sors dehors avec courtoisie au lieu de l'écraser), je ne sacrifierai que peu de mon bonheur pour leur survie individuelle.
Mais, si je veux afficher un scepticisme maximal, le seul être dont je puis affirmer avec certitude qu'il souffre vraiment, c'est moi-même.
C'est pas mal à ta dernière phrase que je voulais en venir. Oui, ce serait de l'égomorphisme (merci de m'apprendre ou d'inventer ce mot!) mais comment a-t-on pu construire le suffixe "anthropo-", c'est par égo- morphisme. Tout débute par l'expérience que l'on a soi-même, par l'interprétation de signes des autres en rapport avec les signes que l'on a soi-même (ou en rapport avec les signes qui ont été créé suite à un agencement avec les signes que l'on avait soi-même au départ).
RépondreEffacerCe n'est pas de l'empathie que de considérer que les autres ont des souffrances semblables aux miennes, ni même de l'altruisme, car je peux tuer le moucheron quand même. C'est se figurer la vie du moucheron et la tristesse que sa mort pourrait provoquer considérant que je n'ai aucune image possible d'une tristesse réelle chez le moucheron mais que je sais que la mort d'individus entraîne souvent une tristesse, dû au fait que j'ai vu des gens pleurer suite à une mort et que j'ai déjà moi-même pleurer.
Ouais «égomorphisme» je viens de l'inventer sur la base d'«anthropomorphisme».
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