Pour certains, il est nécessaire de croire en Dieu ou en la vie après la mort pour donner une légitimité et un fondement solide à notre éthique. Pour eux, le bien et le mal ne peuvent exister sans Dieu. Cette mentalité est palpable dans la phrase que l'écrivain Fedor Dostoïevski (1821-1881) faisait dire à l'un de ses personnages dans Les Frères Karamazov : «Si Dieu est mort tout est permis!»
Je pense que le problème est peut-être la définition que ces gens donnent au bien et au mal. Si ces derniers se définissent respectivement comme l'obéissance et la désobéissance envers la volonté de Dieu, il est clair qu'ils ne peuvent se passer de lui pour avoir du sens. Et, il devient parfaitement tautologique de dire que Dieu est infiniment bon... puisqu'il obéit nécessairement à sa propre volonté. C'est souvent ainsi que les obscurantistes religieux définissent leur éthique. Pour eux, Dieu nous a ordonné de ne pas tuer, de nous aimer les uns et les autres et de tendre l'autre joue alors c'est ça qui est le bien. Mais, quand Dieu nous ordonne d'exciser nos filles ou de génocider les Cananéens, c'est ça qui devient notre devoir moral.
Étant un utilitariste, «faire le bien» est pour moi une expression connotée positivement signifiant «choisir l'alternative qui devrait maximiser le bonheur de tout être». Inversement, «faire le mal» est une façon péjorative de dire «faire sciemment un choix qui causera plus de souffrance que de bonheur». On se rend compte que le mot «Dieu» ne figure pas dans mes définitions. C'est la preuve qu'il est possible d'avoir une éthique sans aucun fondement d'origine surnaturelle.
On me répond alors : «Mais alors on n'est pas forcé? À quoi ça sert de faire le bien si on n'a pas de récompense après la mort? Pourquoi éviter de faire le mal si ce n'est pour éviter d'aller en Enfer?»
Effectivement, il n'y a aucune coercition divine pour veiller à ce que l'on fasse le bien et qu'on évite le mal. C'est pourquoi on doit développer cette faculté qu'est l'altruisme, c'est-à-dire que l'on doit comprendre que les besoins des autres sont aussi importants que les nôtres. Le simple fait d'avoir créé du bonheur ou d'avoir évité de faire souffrir devrait constituer une récompense suffisante pour que l'on recherche à faire le bien. Sinon, c'est que l'on manque peut-être de maturité morale.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire