mardi 12 mai 2009

La soi-disant solidité de la morale divine

Beaucoup de croyants argueront contre les valeurs morales laïques qu'elles sont «trop souples», c'est-à-dire que l'individu peut les plier comme il veut pour justifier ce qu'il veut. Leurs valeurs morales religieuses, supposément fondées sur la parole d'un dieu, sont à leurs yeux plus solides puisque «absolues». La parole divine étant un pilier inébranlable, un consensus entre individus est au contraire plus fragile.

Même si à première vu ce raisonnement se tient, il s'effondre quand on y pense plus à fond. D'ailleurs, la fragilité des valeurs religieuses est démontrée chaque jour tout autour de nous. Il y a plusieurs religions ayant chacune une éthique différente. Une personne pourrait, à sa guise, changer de religion pour adopter une éthique servant mieux ses intérêts égoïstes. Par ailleurs, les croyants modérés n'adhèrent pas intégralement à leurs propres écritures sacrées. Ils pigent, à leur discrétion, les passages qu'ils considèrent comme «vrais» et rejettent, tout aussi arbitrairement, ceux qu'ils considèrent comme des «symboles» ou des «mauvaises transcriptions de la parole divine».

Il me semble que cela démontre clairement qu'une morale «divine» n'a rien d'absolue; la diversité des opinions morales de ceux qui s'en réclament en est un symptôme flagrant. Si l'un dira qu'il s'oppose au meurtre sur la base des «Saintes Écritures», il oubliera sélectivement que ces mêmes écritures sont opposées à la liberté de culte et à l'homosexualité, et qu'elles permettent et encouragent des pratiques comme l'esclavage et le sexisme. Vraisemblablement, celui qui dit tirer sa moralité de la Bible utilise un critère extérieur pour choisir ce qu'il en tire et ce qu'il délaisse. Ce critère, quel qu'il soit, mérite plus d'être appelé «pilier de son éthique» que la Bible elle-même (qui devient un intermédiaire inutile).

En comparaison, une éthique basée sur des raisonnements m'apparaît nettement plus solide. Pour déroger à ses prescriptions, il faut pouvoir démontrer rationnellement qu'elles sont infondées ou qu'elles ne s'appliquent pas à notre situation spécifique. Même si on ne peut pas les qualifier «d'absolues», des valeurs morales fondées sur la raison me semblent plus objectives que celles qu'un croyant modéré aura sélectionnées dans un livre sacrée quelconque en suivant son intuition personnelle.

2 commentaires:

  1. "Vraisemblablement, celui qui dit tirer sa moralité de la Bible utilise un critère extérieur pour choisir ce qu'il en tire et ce qu'il délaisse. Ce critère, quel qu'il soit, mérite plus d'être appelé « pilier de son éthique » que la Bible elle-même."

    Oui. Mais, dans certains cas, ce pilier est beaucoup plus complexe à décrire, parce qu'il s'appelle la foi.

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  2. J'aurais plutôt appelé ça «l'intuition».

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