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lundi 20 mai 2019

Pour une vraie laïcité

Voici ce qu’il aurait suffit de faire au lieu de la loi 21:

  1. Enlever toute reconnaissance légale spécifique au caractère religieux d’une organisation, d’une croyance, d’un symbole ou d’une pratique (sans nier que des pratiques, croyances, symboles ou organisations soient importantes aux yeux de certains citoyens), ce qui est la définition de la laïcité; 
  2. Redéfinir les codes vestimentaires des employés et cadres des services publics et parapublics pour leur accorder une plus grande souveraineté sur leur corps (qui s’adonnerait à permettre de porter des signes religieux mais vraiment pas juste ça) et modifier les normes du travail pour que les employeurs privés soient soumis à des limites similaires dans leur pouvoir d’uniformisation vestimentaire;
  3. Dans les serments que doivent prêter les représentants de l’autorité de l’État, ajouter une clause d’impartialité spirituelle (qu’aucun «fanatique ayant un agenda secret» ne pourrait réciter sans commettre un blasphème mais que tout croyant modéré et tout incroyant pourraient dire sans s’offusquer);
  4. Faire en sorte que l’école apprenne davantage aux enfants à développer leur pensée critique (afin qu’il soit plus ardu de les endoctriner pour les groupuscules de droite, qu’ils soient islamistes ou néonazis) et à remettre en question leurs propres croyances, et qu’elle leur apprenne également mieux le vivre-ensemble (de sorte qu’il n’y ait désormais plus de débats de société aussi intense pour un sujet aussi trivial) ainsi que les religions mais sous une perspective historique et anthropologique.


C’est tout.

Un serment de modération

Oui, mes concitoyens provinciaux sont encore en train de se déchirer à propos de la présence ô dérangeante de symboles religieux dans leur environnement visuel. D’un côté on a les régions qui voudraient tapisser la province de crucifix et expulser tous ceux qui ne vénèrent pas Jésus (ce qu’ils appellent «la laïcité»), même s’ils n’en ont eux-mêmes jamais à les côtoyer. Et de l’autre on a Montréal qui, habitué à la diversité, veut que les individus puissent s’habiller comme ils veulent, mais trouvent que ça serait peut-être une bonne idée d’arrêter d’accrocher des crucifix dans les lieux publics représentant l’autorité de l’État.

Je comprends l’idée derrière le compromis Bouchard-Taylor. On pense que certains fonctions, notamment celles qui représentent l’autorité de l’État, devrait être neutre, impartial. Mais d’enlever une pièce de vêtement changera-t-il réellement quelque chose à la ferveur religieuse d’un représentant de l’État? Si l’on pense au maire de Saguenay, il n’a pas besoin d’avoir une croix autour du cou pour être un intégriste religieux. Par ailleurs, comme j’ai déjà dit, je ne suis pas fan des codes vestimentaires et je trouve que la situation actuelle est le symptôme d’un nationalisme qui s’érige en religion et qui tente de repousser ses rivales… Bref je propose qu’au lieu de faire une fixation sur comment s’habille le monde, on focalise un peu plus notre attention sur l’ensemble des symptômes de religiosité extrême et qu’on slaque un peu sur l’idée de contrôler le linge.

Comme alternative, je propose qu’on intègre dans les serments ou contrats de travail que doivent réciter ou signer les représentants de l’autorité de l’État, des clauses pour nous assurer d’écarter les intégristes. Quelque chose comme :
« Je conçois que le mandat qui m’est confié ici m’a été donné par la population via la démocratie, et n’est pas l’oeuvre d’une entité surnaturelle qui m’aurait élu pour cette fonction, et que les buts de ce travail sont à l’intérieur de cette vie-ci et non pour une hypothétique vie future. J’accepte donc de remplir ce rôle sans que n’intervienne dans mes choix les croyances que j’ai ou que je n’ai pas à propos du surnaturel, de Dieu ou d'autres entités surhumaines, de la vie après la mort, de la cause première de l’univers, du sens de l'existence, de la morale ou des bonnes mœurs. Je jure de servir les citoyens de la même manière, quel que soient leurs croyances sur ces sujets. J’accepte que si je me rends coupable de discrimination ou que j'utilise la tribune officielle qui m’est confiée ici comme d’un outil de propagande, je puisse subir des sanctions professionnelles allant jusqu’au congédiement. »

Bref, intégrons réellement la laïcité dans l'État et rassurons la plèbe que, non, le gouvernement ne s’est pas fait infiltrer par des méchants extrémistes étrangers qui menacent nos précieuses habitudes.

Pourquoi être contre le voile?

Voici ce que je crois qui se passe.

Des gens, qui se considèrent eux-mêmes comme de bonnes personnes, éprouvent un espèce de sentiment de malaise en face d’une femme voilée ou d’un homme enturbanné. Sachant ne pas être racistes ni intolérants, puisqu’ils n’éprouvent rien de semblable devant un Noir ou un gay, ils rejettent la faute de leur inconfort sur la personne qui se vêt de la sorte… mais un petit doute persiste en eux. Et s’ils étaient vraiment intolérants? Et s’ils étaient de mauvaises personnes? Au malaise initial s’ajoute donc une remise en question de leur propre valeur morale, inconfort encore moins supportable. Conséquemment, pour ne plus avoir à subir ce sentiment désagréable, ils votent des lois pour les aider à avoir le moins possible à interagir avec des voilées et des enturbannés. Ils n’ont rien contre ces personnes elles-mêmes, aussitôt qu’elles enlèvent cette pièce de vêtement exotique, le malaise disparaît. Mais ensuite, pour justifier leur décision, ils utilisent des arguments factices et contradictoires, soit la laïcité ou la crainte de l’islamisation.

La solution n’est donc ni d’argumenter à propos de l’infondé de cette peur de l’islamisation ou à propos du fait que ce n’est pas vraiment ça la laïcité, puisque, de toute façon, ce n’est pas leur vrai mobile. Il n’aide pas non plus de confronter ces personnes en leur disant qu’elles sont racistes puisque, justement, tout ceci est un mécanisme pour fuir l’idée qu’elles seraient racistes. Le souligner ne fera que nourrir leur besoin de se débarrasser des voilées. Le vrai remède serait plutôt de rassurer ces gens quant au fait qu’elles sont de bonnes personnes*, en leur disant que c’est normal d’éprouver un petit malaise à interagir avec quelqu’un présentant un trait que l’on n’est pas habitué de voir, mais qu’éventuellement on finit par s’y accoutumer, et que le sentiment s’en va.

Malheureusement, la loi 21 — et les débats qui en résultent — ne font qu’alimenter le problème. Justifiant l’inconfort de ses partisans envers les minorités vestimentaires, et les campant dans leur position via la réaction de leurs détracteurs qui les traitent de racistes.

Personnellement, je trouve que là où ça va clairement trop loin, où ce n’est plus de la petite xénophobie de malaises mais de l’hostilité pure, c’est quand, par exemple, un habitant d’une région éloignée s’insurge que Montréal veuille être exempt de cette loi parce qu’elle y est difficilement applicable. Bref, lui n’aura jamais à interagir avec des voilées de toute façon, mais il tient tout de même à leur nuire. Là je pense que, oui, on ne peut plus nier qu’il s’agisse d’intolérance.

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 * Je rappelle que je ne crois pas au concept de bonne ou de mauvaise personne, mais c’est malheureusement le paradigme ambiant,et la situation problématique décrite ici en est l’une des fâcheuses conséquences.

De l'islamophobie

De nos jours, on peut difficilement écrire le mot «islamophobie» sans qu’on nous reproche aussitôt de faire le procès des Québécois (et ce même si on est juste en train de dire que l’attentat de Christchurch est islamophobe). Un des arguments avancés par ceux qui voudraient faire disparaître le terme, et qui le qualifient souvent de mot inexistant, est que celui-ci pourrait être récupéré par des gens qui voudraient nous empêcher de critiquer l’islam en général ou une personne musulmane en particulier, en qualifiant d’islamophobe tout ce qui ne fait pas leur affaire. Un peu comme quand on qualifie d’antisémite toute critique des politiques de l’État d’Israël.

Personnellement, je n’ai jamais vu le terme utilisé en ce sens. Au contraire, j’ai beaucoup plus souvent lu de l’islamophobie pure. Mais peut-être faut-il clarifier le terme pour rassurer ceux qui ont peur de ne plus pouvoir dire qu’ils ne croient pas en la révélation de Mohammed sans se faire traiter de bigot. On peut, je pense, assez facilement faire la distinction entre :

  • Critiquer ou remettre en question les fondements scientifiques ou l’éthique d’une croyance ou d’une pratique religieuse,
  • Exprimer de l’hostilité ou de la méfiance à l’égard d’une minorité ethnique qui s’adonne à se définir par son étiquette religieuse.


Il me semble que c’est assez évident. Je pense que l’étymon-clé ici est «phobie». C’est une peur irrationnelle, paranoïaque, d’être d’abord envahi par des musulmans puis d’être forcés par ceux-ci à se convertir à l’islam. Ou plus simplement, la peur d’être tué par des musulmans lors d’un attentat terroriste. Les chiffres sont pourtant rassurants. Les musulmans ne forment qu’une infime minorité (3%) de la population, la majorité d’entre eux sont modérés dans leur croyance, et les projections estiment que leur nombre ne devrait jamais atteindre plus de 14% de la population. Et, statistiquement, si l’on vit en Amérique du Nord, on a beaucoup plus de chances de mourir dans un attentat terroriste commis par un nazi que par un musulman.

Je peux dire que je trouve l’islam absurde. Que l’existence de Dieu ou de la vie après la mort sont des vœux puérils. Que de penser qu’un être anthropomorphe qui aurait créé l’univers impose aux humains un régime et un code vestimentaire définit selon notre anatomie génitale m’apparaît complètement ridicule. Il n’y a rien d’islamophobe là-dedans, je ne fais qu’exprimer mes croyances. Je peux avoir un débat théologique avec un adulte à propos de nos valeurs ou de notre vision du monde, mais si je me réjouis de la mort d’un enfant dans un incendie ou dans un attentat, juste parce que l’enfant en question est élevé dans l’islam, là je suis islamophobe.

Vous voyez la nuance?

lundi 12 janvier 2015

Des incroyants qui s'ignorent

Suite à la tuerie au Charlie Hebdo, nous avons tous été choqués et troublés de voir que la liberté d'expression pouvait être ainsi attaquée par la violence et le meurtre, encore de nos jours, dans un pays occidental. Les commentaires sur l'événement ont rapidement saturé le web en allant dans toutes les directions. Outre les extrémistes de la droite qui se sont rapidement affairé à récupérer l'événement pour laisser sortir leur xénophobie, la plupart des gens ont plutôt manifesté leur solidarité face aux victimes en affichant le label «Je suis Charlie».

L'élément dont je voudrais discuté ici concerne l'opposition entre deux genres de discours spécifiques qui ont suivi l'événement dans les médias sociaux. Deux opinions en apparence contradictoire que j'ai vu diffusé par mes amis facebook ou sur des blogues que je suis. Il s'agit de:

  • A. Il ne faut pas faire d'amalgame. Les actions perpétrées ici ont été commises par des individus isolés et extrémistes. La majorité des musulmans n'a rien à voir avec de tels actes de violence.
  • B. L'islam est une idéologie violente par nature. Il suffit d'ouvrir le Coran pour constater à quel point certains passages incitent explicitement à la haine et à la violence envers les pécheurs, les païens et les blasphémateurs. Il est absurde de se leurrer en disant que la religion n'a rien à voir là-dedans.


Ces deux positions semblent antagonistes. Et pourtant, j'adhère pleinement aux deux. En fait, ce qu'il faut comprendre c'est que les musulmans modérés sont comme les chrétiens modérés ou tous les croyants modérés: ce sont des incroyants qui s'ignorent. Lisez les passages sanglants du Coran à un musulman peu pratiquant et il réagira de la même manière qu'un catholique moyen face à l'Ancien Testament: il sera choqué et s'en dissociera, ou essaiera tant bien que mal de trouver une façon tordue de réinterpréter ce passage de façon à le faire concorder avec ses propres valeurs et sa propre conception de Dieu.

En fait, comme je le disais auparavant, les gens continuent de s'identifier à leur religion natale plus par attachement à une identité commune, et par loyauté envers leur communauté d'origine, que par foi. Les modérés ne croient pas vraiment à la religion à laquelle ils disent croire. Ils ont une spiritualité personnelle, très librement inspirée de celle de leurs ancêtres, mais leurs valeurs progressistes et modernes n'ont rien à voir avec celles que l'on retrouve dans la Bible et le Coran. On peut dire qu'ils sont tout prêt de l'incroyance, à un pas de sortir de la religion. Ils ne sont simplement pas encore prêt à faire ce pas là et, comme ils ont de toute façon de bonnes valeurs malgré tout, je pense qu'il faut respecter ça. Les laisser s'émanciper eux-mêmes et à leur rythme de l'étiquette religieux dont ils se revendiquent mais qu'ils ont totalement vidé de son sens.

Bref, les attentats en question ont bel et bien été commis par des individus religieux au nom de leur religion, selon une interprétation tout à fait juste et cohérente des saintes écritures (c'est le second des dix commandements qui ordonne de ne pas représenter le divin et de tuer ceux qui le font*). Mais cela ne veut aucunement dire que les autres individus prétendant être de la même religion que ces dits individus adhèrent réellement et fervemment aux croyances religieuses de ces individus puisque croyances religieuses et appartenance religieuse sont deux choses.

Pour terminer, je voudrais juste revenir sur un autre élément de la campagne «Je suis Charlie». Quelque chose avec quoi je n'ai pas été à l'aise. Je n'ai rien contre le fait qu'un journal satirique publie des caricatures pour rire de la religion; au contraire! Mais que l'on se mette soudainement à diffuser à plus grande échelle (via les médias sociaux mais certains réclament aussi que tous les journaux fassent de même) lesdites caricatures par solidarité envers les dessinateurs assassinés... moyen. Je comprends que l'on veut montrer aux Talibans et autres fous de Dieu que l'on n'a pas peur d'eux, mais il y a des gens – les croyants modérés dont je parlais tantôt – qui pourraient en être offensés. Dans un journal satirique c'est ok, au pire ils ont juste à ne pas le lire! Mais sur tous les médias sociaux, ça peut devenir insultant. Donc c'est pas pour bâillonner la liberté d'expression ou parce qu'on n'a peur des extrémistes, mais peut-être qu'on devrait desfois essayer de ne pas insulter ou faire de la peine à toute une communauté juste parce qu'on est fâché contre une poignée d'entre eux. C'est pas fin.

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* Deutéronome 5:8

samedi 15 février 2014

Ce n'est pas dans le Coran

Lorsque quelqu'un revendique le droit de porter le voile – eh oui, encore ce sujet-là! – au nom du droit à la liberté religieuse, certains arguent qu'on devrait l'interdire puisque ce commandement n'est pas dans le coran ou découle d'une mauvaise interprétation de ce dernier. Par ailleurs, la majorité des musulmanes ne portent pas de voile, plusieurs imams sont même contre, donc on pourrait l'interdire puisque cela n'enlève à personne le droit de croire en l'islam.

Je vois un problème dans cette catégorie d'arguments. En fait, c'est bien d'utiliser la théologie ou l'autorité des écritures saintes ou d'un clergé pour tenter de convaincre une personne d'abandonner une pratique ou un croyance. Utiliser l'origine et la raison d'être sociohistorique des coutumes religieuses est également un bon argument. On pourrait même intégrer ça dans les cours de cultures religieuses, de façon à ce que les gens aient une meilleure perspective sur ces pratiques et puissent s'en émanciper. 

Mon problème est plutôt avec ceux qui veulent interdire une pratique religieuse qu'ils désapprouvent en utilisant le prétexte qu'elle ne fait pas partie de l'interprétation reconnue de la religion. Pour moi, c'est important que la liberté de croyances et d'incroyances soit une liberté pour l'individu. L'État n'est pas là pour déterminer quelles pratiques sont orthodoxes et lesquelles sont hérétiques. Que ce soit dans le coran ou non nous importe peu, puisque nous ne reconnaissons aucune révélation divine. L'opinion des prêtres, des imams ou des rabbins sur le sujet n'importe pas plus que celle de n'importe qui d'autre, puisque nous ne reconnaissons pas l'autorité des clergés. Ça a aussi quelque chose de discriminatoire envers les petites religions non reconnues.

Bref, si l'individu croit que c'est important de s'adonner à telle pratique contraignante, c'est ça sa croyance et il faut le respecter là-dedans. On ne peut pas forcer inutilement une personne à être un mauvais pratiquant selon sa propre conception. Parce que, si nous ne reconnaissons pas le caractère sacré d'un livre ou d'un clergé, nous reconnaissons la liberté individuelle comme «sacrée». Ce n'est donc qu'au nom de celle-ci qu'on peut la limiter. Si on arrive à faire comprendre au croyant qu'il peut abandonner cette pratique, tant mieux. Mais sinon, il sera paradoxalement plus libre en s'obligeant à la faire que si on l'oblige à ne pas la faire.

vendredi 27 décembre 2013

Jésus n'était pas un Viking

C'est le temps des fêtes alors je vais vous parler de Jésus. Plus précisément, de la façon dont il est représenté dans l'iconographie chrétienne populaire. Autant dans les livres pour enfants que dans les peintures de la Renaissance. On le voit toujours comme un Occidental typique, avec le teint clair et les yeux bleus. Parfois il est même blond.

Juste vous rappeler que même si Jésus est une figure centrale de la culture occidentale, il est né et a vécu toute sa vie au Proche-Orient. Ergo, il ressemble fort probablement plus à un Arabe qu'à un Viking. Mais bon, j'imagine que les chrétiens les plus intégristes ne sont pas prêts à accepter que leur sauveur soit un Arabe.

dimanche 13 octobre 2013

Critique de la Charte péquiste

Apparemment que les gens ne sont pas aussi nombreux que je l'aurais crû à être contre notre nouvelle charte des valeurs chrétiennes québécoises. Je me suis dis que ça valait la peine d'expliquer clairement ma position à ce propos. En gros, je n'ai rien contre l'idée de créer une charte de cette sorte, c'est la façon dont cela a été fait qui m'irrite viscéralement. Sommairement, mon objection se résume en quatre points:
  • Elle ne règle aucunement les problèmes pour lesquelles elle a été créée;
  • Elle crée des problèmes qui n'existaient pas du tout avant sa création;
  • Elle est ethnocentrique;
  • Elle attise l'intégrisme au lieu de le neutraliser.

La raison pour laquelle le désir de créer une telle charte existait, c'était pour baliser les demandes d'accommodements religieux. Évidemment, ce problème à la base était une pure construction des médias et des politiciens. On a pris quelques anecdotes sans importance et on en a fait d'énormes scandales en utilisant l'insécurité identitaire. Cette tactique a particulièrement été efficace chez les gens qui, dans leur quotidien, n'ont jamais à fréquenter les gens de minorités religieuses, et donc qui sont plus enclins à se référer à l'image que leur envoient les médias pour se faire une idée là-dessus. Mais maintenant que ce problème fabriqué existe, il importe de le régler. Et il est vrai que d'adopter une posture claire sur le sujet permettrait de désembuer le flou qui entoure ces questions.

J'ai déjà exprimée mon opinion sur les «accommodements raisonnables». Pour moi, la religiosité d'une coutume n'a pas à être considérée, ni pour l'autoriser ni pour l'interdire. Ce qu'on doit mettre dans la balance c'est l'importance que ça a pour l'individu qui la pratique (peu importe que ce soit une tradition religieuse, culturelle, familiale ou personnelle) versus la nuisance potentielle que cette activité pourrait représenter pour autrui. Point. Je vous ai déjà aussi présenté un plan de charte des valeurs communes dans lequel je suggérais de simplement énoncer une série de valeurs (liberté, égalité, solidarité, relativisme culturel, art, science, environnement) accompagné d'une définition de notre conception de ces valeurs, et des incidences que cela aurait sur notre interprétation des lois. Une sorte de substitut de constitution ou de religion officielle mais en plus soft. Mais, finalement, j'ai été déçu de voir que la nouvelle charte ne ressemblait à rien de tout ça et n'était rien d'autre qu'un nouveau code vestimentaire pour la fonction publique, avec quelques ajouts ambigus dans la charte des droits et libertés.

D'ailleurs, je ne suis pas certains qu'ils ont vraiment réfléchis à fond à cet ajout. Le principe d'égalité homme/femme n'est pas partout en vigueur dans notre société et il pourrait en découler des incidences imprévues. Par exemple, les situations de sexisme léger envers les hommes tel que de leur refuser l'accès à un gym ou de leur charger un prix d'entrée dans un bar ou sur un site de rencontre auquel les femmes peuvent accéder gratuitement, vont directement à l'encontre de cette charte. Même chose si une piscine publique autorise les hommes à montrer leurs mamelons mais l'interdit aux femmes. D'ailleurs, comme elles sont employées de l'État, les sauveteurs femmes des piscines municipales auront-elles le droit de se voiler les seins, ou devront-elles les montrer comme leurs collègues masculins? Moi ça fait mon affaire qu'on abolisse tout sexisme, mais je ne sais pas si c'était prévu et si le peuple est prêt pour ça. Par ailleurs, pour moi d'introduire l'idée d'égalité des sexes n'a rien de nouveau et est tout aussi nébuleux. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire?

L'autre problème de cette charte c'est qu'elle crée une situation conflictuelle nouvelle plutôt que d'en régler une autre. À ce que je sache, personne ne s'était plaint que des fonctionnaires quelconques portent un foulard sur leurs cheveux. Ce n'était pas un enjeu à régler. Maintenant c'en est un. Des tensions élevées entre les partisans et les opposants de cette charte sont apparues. Même si c'est «pour le principe» qu'on voudrait que tous les employés de l'État soient vêtus de façon «religieusement neutre», le gouvernement devrait avoir la sagesse de ne pas focaliser sur les principes mais de se concentrer sur les conséquences. Dans la pratique, ces fonctionnaires voilées ou enturbannés ne causaient aucun mal, alors de nous mettre à dos une partie de la population juste pour une raison d'uniformité vestimentaire, ce n'est pas l'alternative la plus raisonnable. Par ailleurs, au Québec, on a nationalisé plusieurs choses (et, si on est intelligents, on va continuer de le faire) mais, ces fonctions n'en sont pas devenus pour autant des postes de «représentants de l'État». Un employé - qu'il soit au public ou au privé - ne demeure qu'un employé. Le commis de la SAQ et le commis du dépanneur ont des rôles analogues pour le citoyen. Même chose pour l'employé de la compagnie d'électricité par rapport à celui de la compagnie du câble. Pourquoi l'État interdirait au premier de porter un turban, mais interdirait à l'employeur du second de l'empêcher de porter un turban?

En plus, la principale conséquence sera probablement que beaucoup de femmes voilées vont choisir de rester à la maison plutôt que de travailler, se refermant encore plus sur leur famille et ayant donc moins de chance de quitter la religion. Est-ce vraiment un bon plan? Par ailleurs, si ce qu'on leur reproche vraiment c'est d'avoir des croyances intégristes, en quoi le fait de retirer leur voile ou de cesser de travailler les rendra moins intégristes dans leur croyance? À moins que ce que l'on souhaite secrètement c'est qu'elles quittent le pays? Ce qu'il faut comprendre c'est que le voile n'est que le symptôme d'un mal qu'on appelle l'obscurantisme. Interdire aux intégristes de se voiler, c'est comme interdire aux enrhumés d'éternuer. Ce à quoi l'on doit s'attaquer c'est la croyance elle-même, pas la pratique qui en découle (sauf lorsqu'elle est elle-même directement préjudiciable). Et on ne peut malheureusement pas interdire à quelqu'un de croire quelque chose. C'est par l'éducation qu'on lutte contre l'obscurantisme, pas par la coercition. Au contraire, ça lui donne du capital de martyre ce qui lui permet de se répandre davantage. Mais je suis d'accord pour interdire ces signes religieux pour les gens dans une situation d'autorité, de pouvoir ou d'influence; de façon à limiter la propagation de l'obscurantisme.

Finalement, ce que je reproche surtout à cette charte est son ethnocentrisme à peine dissimulé. Au sein des partisans de la laïcité existe une faction qui simule son désir de laïcité mais qui, dans les faits, prône le christianisme; cette charte s'inscrit dans ce courant. On utilise l'argument de vouloir une neutralité religieuse pour faire reculer les religions étrangères, mais on donne au christianisme toute sorte de passe-droits aussi illégitimes qu'arbitraires. Qu'on nous propose sérieusement et sans sourciller une charte sur la laïcité qui autorise la présence d'un crucifix au-dessus du trône du président de l'assemblée nationale. Sérieusement!? Qui autorise les conseils municipaux à réciter une prière avant chacune de leurs rencontres. Vraiment? Qui ne dit mot sur le financement des écoles religieuses et l'exemption d'impôts des clergés. Ce n'est pas important? Et de définir les signes ostentatoires d'une façon qui, comme par hasard, permet aux chrétiens de continuer de porter leurs croix autour du cou (sauf si elle est trop grosse… comme si ça existait de cette taille là) et qui interdit tous les symboles des autres religions. C'est même pas subtil. Le message c'est «Au Québec, on est catholique!» En tant qu'athée, ça me dégoûte.

J'ajouterais en terminant que je n'ai pas non plus aimé la campagne publicitaire autour de cette charte. Des slogans comme «On y croit!» ou «C'est sacré!» ne m'apparaissent pas correspondre tout à fait avec le principe de laïcité qui est, justement, une non-ingérence de l'État dans le domaine de la croyance ou du sacré.

Heureusement, Québec Solidaire a proposé une nouvelle charte qui ne présente pas ces problèmes. Mais bon, je sais déjà comment elle sera reçue. Mais bref, abolissons les écoles religieuses (point sur lequel la charte péquiste ne dit mot) et donnons aux générations suivantes une éducation laïque avec de belles valeurs. Enseignons-leur la pensée critique et, dans les cours de culture religieuse, renseignons-les sur les origines sociohistoriques des pratiques religieuses pour qu'ils aient une meilleure perspective là-dessus. Je suis sûr qu'on luttera ainsi beaucoup plus efficacement contre l'intégrisme.

jeudi 19 septembre 2013

Uniformes et codes vestimentaires

La nouvelle charte des valeurs communes du Québec que nous attendions tous n'aura été finalement qu'un nouveau code vestimentaire pour la fonction publique. Déception. J'aimais mieux la mienne. Je ne suis personnellement pas d'accord avec les exigences de cette nouvelle charte mais, je constate en y réfléchissant que mon point de divergence remonte bien plus en amont et se situe par rapport au concept même de code vestimentaire. Je profite donc de l'occasion pour vous faire part de mon opinion à ce propos.

Aimant profondément la liberté et la diversité, je suis intuitivement repoussé par l'idée que tous les individus d'une organisation quelconque soient vêtus de la même façon ou en suivant une même norme rigide. Toutefois, je comprends tout de même l'utilité de ce genre de contraintes dans certaines situations. Je vois trois motifs pour lesquels on impose un code vestimentaire:
  • On veut contrôler l'image de l'organisation face à l'extérieur;
  • On veut contrôler l'hygiène et la sécurité;
  • On veut contrôler les mœurs au sein de l'organisation;

Ainsi, si les deux premiers motifs sont défendables, le troisième me semble une contrainte abusive ayant un but malsain. Je comprends tout à fait, par exemple, qu'un restaurent chic exige de ses serveurs qu'ils soient habillés chics; pour que ceux-ci soient en phase avec l'image de marque de l'entreprise. Je comprends aussi qu'on exige des travailleurs de la construction qu'ils portent un casque et des bottes à cap d'acier sur un chantier pour des raisons de sécurité. Mais pourquoi, par exemple, un employé de bureau qui ne fait affaire avec des clients que par téléphone ou par courriel, devrait-il porter une cravate tous les jours?

Même dans les contextes où les employés font affaire avec le client, je trouve que l'on a tendance à exagérer le pouvoir qu'on laisse à l'entreprise sur la tenue de ses employés. Quand je vais dans un McDo (très très rarement, vu qu'il n'y pas grand-chose de végétarien), et que je vois le tee-shirt de couleur vive avec la casquette assortie que l'on fait porter à ceux qui sont en bas de l'échelle, versus la chemise et la cravate que portent les plus gradés, je ne peux pas m'empêcher de me dire que les uniformes hideux des gens hiérarchiquement inférieurs servent à les humilier et les casser afin qu'ils demeurent à leurs places. Tout cela découle d'une culture d'entreprise qui ne devrait pas être encouragée, totalement à l'opposé de ma conception qui voit l'emploi comme un simple échange d'argent contre un travail.

Voici donc une suggestion de quelques principes qui devraient être inclus dans les normes du travail afin de limiter le pouvoir d'uniformisation vestimentaire de l'employeur sur l'employé:
  • Sauf pour des raisons d'hygiène ou de sécurité, il est interdit d'imposer un code vestimentaire à un employé qui n'a pas, dans l'exercice de sa fonction, à interagir visuellement avec le publique ou à représenter l'entreprise devant une instance externe;
  • L'employeur ne peut pas faire payer l'employé pour son uniforme et doit lui allouer un budget pour ses vêtements s'il y a un code vestimentaire;
  • Pour tout emploi dont le salaire est inférieur au seuil de faible revenu, il est interdit d'imposer une pièce de vêtement supplémentaire à que ce qui est nécessaire pour que l'employé puisse être reconnu comme tel par le client (par exemple, un tee-shirt ou une veste est suffisant, pas besoin de légiférer sur les pantalons et les chaussures). Si l'employé se situe en permanence à une caisse, derrière un comptoir, ou à tout endroit où son statut d'employé est évident, il peut refuser d'arborer une telle pièce de vêtement.
  • Pour tout emploi dont le salaire est inférieur au seuil de faible revenu, l'employeur ne peut exiger de l'employé qu'il retire un symbole (croix, carré rouge ou autre) seulement s'il s'agit du logo d'une entreprise rivale.
  • Pour un emploi au service à la clientèle, l'employeur peut prohiber le port d'un vêtement qui cache le visage ou réduit sa visibilité, par exemple une casquette, un masque ou un voile intégral.
  • Il est strictement interdit d'imposer un code vestimentaire différent selon le sexe ou l'âge de l'employé, ou tout autre facteur de discrimination arbitraire, incluant la présence de tatouages visibles. On ne peut pas non plus interdire un vêtement traditionnellement réservé à un sexe si l'on autorise un vêtement traditionnellement réservé à l'autre sexe couvrant une portion de peau équivalente.
  • Un uniforme doit toujours comporter un choix d'au moins deux pièces de vêtements pour chaque partie du corps. Par exemple, une chemise à manches longues et une chemise à manches courtes.
  • Le segment du corps délimité par le haut et le bas du sternum, ainsi que celui descendant des hanches jusqu'au haut des genoux, sont des parties que l'employé peut être contraint de cacher par l'employeur (même s'il ne travaille pas avec le public) et que ce dernier ne peut lui contraindre à montrer (je vous rappelle ma réflexion sur la pudeur).

Bon d'accord, c'est juste quelques idées que je lance comme ça pour donner des exemples. Mais, en gros, je pense qu'il faudrait accorder plus de liberté à l'employé pour ses vêtements, surtout pour les jobs mal payées donc pour lesquelles le critère de devoir être chic ne peut être invoqué. Et, je trouve vraiment que c'est ridicule de vouloir contrôler comment s'habille quelqu'un dans ton entreprise si tes clients ne le verront même pas. Voilà. Ici, j'ai parlé des uniformes en utilisant le vocabulaire des entreprises, mais je mettrais des principes analogues pour les uniformes dans une école ou une fédération sportive.

D'accord, mais là vous vous dites: «Oui mais, les employés de l'État eux autres? Si on veut être un État laïc, me semble que c'est logique de leur interdire des signes religieux!»

Pour moi, les employés de l'État devraient, au contraire, bénéficier de la plus grande permissivité possible dans leur code vestimentaire. Afin, justement, d'illustrer perceptiblement à quel point la liberté et la diversité font parties de nos valeurs communes. Et pour ce qui est du cas plus spécifique des signes religieux ostentatoires, je me range à la seule opinion sensée que j'ai entendue sur le sujet ces derniers jours: seuls les fonctions impliquant une position d'autorité sur le citoyen devraient exiger le retrait de ce genre de symboles. En fait, j'aurais formulé ça un peu différemment, j'aurais dit «toute personne en position de pouvoir, d'influence ou d'autorité» et, plutôt que de parler du port de signe religieux, j'aurais dit «manifestant publiquement une trop forte ferveur religieuse» pour ratisser plus large en incluant aussi les paroles et les actions, pas seulement les vêtement. Je considère les enseignants du primaire comme figure d'autorité mais pas ceux du secondaire (puisque l'élève y a plusieurs enseignants au lieu d'un seul toute l'année) ou des niveaux supérieurs (puisque ce n'est plus de l'autorité). Je n'inclus pas non plus les employés de garderie vu que les enfants y sont de toute façon trop jeunes pour réellement y apprendre une religion.

Je ne suis pas non plus d'accord avec le gouvernement pour définir ce qu'est un signe ostensible. Pour moi, une croix quelle que soit sa grosseur est un symbole religieux – tout comme un logo de Nike en demeure un même s'il est petit. Tandis qu'un foulard ou un turban pourrait n'être qu'un vêtement comme une tuque ou un chapeau melon. C'est donc seulement dans les cas où le poste exige un uniforme strict (policier, juge, militaire) avec lequel la pièce de vêtement en question est incompatible que je les interdirais. Je peux présumer toutes sortes de choses mais, dans les faits, je ne sais pas si la femme qui est devant moi se cache les cheveux parce qu'elle se croit inférieure aux hommes, parce qu'elle est fière d'afficher sa foi et sa culture ou simplement parce qu'elle a raté sa teinture.

mercredi 31 juillet 2013

Mutiler sexuellement un enfant

L'excision et la circoncision sont des mutilations sexuelles qu'on pratique sur des enfants au nom de certaines croyances religieuses. Outre le fait que ces opérations ont pour conséquence de réduire la capacité à ressentir du plaisir sexuel, comme elles sont pratiquées sans que ce ne soit médicalement nécessaire sur des individus qui ne sont ni adultes ni consentants, il est clair que c'est contraire à l'éthique. Pour cette raison, plusieurs États interdisent l'excision et songent à faire de même pour la circoncision.

J'ai réfléchi à cette situation. Évidemment, l'action elle-même de mutiler sexuellement un enfant est indéfendable. Mais la prohiber serait-il une solution? J'ai déjà dit que faire des lois devait être pensé, non pas en nous interrogeant sur l'éthique de l'action sur laquelle on légifère, mais bien sur les conséquences d'une telle législation. Ainsi, que se passerait-il si l'on interdisait ce genre de pratiques barbares? Les gens continueraient de s'y adonner mais dans la clandestinité, ce qui empêcherait l'État d'exercer le moindre contrôle sur la façon dont elles sont pratiquées.

J'avais le même raisonnement lorsque je parlais de la drogue, de la prostitution, de la possession d'armes ou de la pornographie pédophile en animations. Mon point était que même en étant contre ces dernières, on pouvait être pour leur légalisation si cela avait pour conséquence une réduction de leur nuisance. Mais dans le cas des mutilations sexuelles d'enfants, j'ai bien de la difficulté à me rallier à cette même position. Évidemment, on pourrait essayer d'obtenir un accommodement qui soit réellement raisonnable. Disons que ça serait pratiqué dans un hôpital, par un médecin, sous anesthésie, et que l'on ne ferait l'ablation que d'une petite partie du prépuce ou du clitoris. Et, supposons qu'avant de la pratiquer on forcerait les parents à lire de la documentation sur le sujet, avec des avis de médecins mais aussi de membres de leur clergé qui sont contre, pour maximiser les chances qu'ils changent d'idée... Mais tant que ce n'est pas fait sur un adulte consentant, ça me répugne tout de même.

Ici, j'ai délibérément mis dans le même bateau l'excision des jeunes filles (coutume rare en Occident et outrageuse dans notre culture féministe) et la circoncision des jeunes garçons (beaucoup plus fréquente en Occident, et que nul n'oserait critiquer de peur d'être accuser d'antisémitisme) pour faire un exercice de relativisme culturel. Bien que, objectivement, la circoncision soit légèrement moins pire, il s'agit dans les deux cas de mutilations sexuelles religieuses sur des enfants. Pourquoi tolérer l'un et s'insurger contre l'autre? De la même façon, je pense que l'on ne devrait pas tolérer qu'un parent fasse percer les oreilles de son enfant, puisque c'est une atteinte à son intégrité physique et que de tolérer le perçage des oreilles en interdisant le tatouage ou d'autres formes de perçage, pour la seule raison que c'est une coutume à laquelle on est plus habitué, serait parfaitement arbitraire et ethnocentrique.

Au fond de moi-même, je ne peux m'empêcher de me dire qu'une personne ayant pour croyance qu'elle doit mutiler sexuellement son enfant ne mérite tout simplement pas d'avoir la garde d'un enfant. Par contre, je réalise que si la majorité des gens dans notre société ne le font pas, ce n'est pas parce qu'ils sont de meilleures personnes, mais simplement parce qu'ils sont par hasard nés dans une religion n'ayant pas cette pratique. Aussi, je conçois qu'une personne puisse être un bon parent sur tous les autres aspects, même si elle est porteuse de cette croyance indésirable. Bref, je pense que l'on a comme société un devoir d'éducation pour que les gens abandonnent ce genre de barbarie. En attendant, je ne sais pas comment la loi devrait regarder ces pratiques.

dimanche 7 juillet 2013

Notre patrimoine architectural religieux

Lorsque je dis que je veux que le gouvernement coupe toute subvention envers les organisations religieuses, on me rétorque généralement:

«Mais les églises font parties de notre patrimoine architectural. Ça prend de l'argent pour les entretenir. Si on coupe les subventions du clergé…»

Rassurez-vous, je suis d'accord avec l'essentiel de cette objection. Je suis tout à fait sensible à la nécessité de préserver notre patrimoine architectural, qu'il soit religieux ou non. Ce que je ne comprends pas, toutefois, c'est pourquoi une église devrait-elle continuer à servir d'église si elle n'est plus assez rentable sous cette fonction pour assurer le financement de son propre entretient? Quoiqu'il se passe à l'intérieur d'une bâtisse, c'est surtout son apparence extérieure qui contribuent à enrichir le paysage et qui constitue un trésor architectural.

C'est pourquoi je trouve que c'est une bonne chose de convertir une église en condos. Extérieurement, le bâtiment conserve la même allure et continue donc d'agrémenter le décor par son architecture. Sauf que son intérieur, plutôt que d'être une salle de messe sous-utilisée, est transformé en quelque chose d'utile. En même temps, les propriétaires des condos vont assurer l'entretient des lieux, de sorte que l'église continue d'être en bon état et de faire bénéficier ceux qui la regardent de son architecture.

Évidemment, l'immeuble à condos n'est qu'un exemple de ce qu'on pourrait faire d'une église. Si ces bâtiments étaient rachetés par l'État, on pourrait en faire des logements modiques ou des bâtiments publics quelconques. Mon point est simplement que de brandir la valeur patrimoniale d'un bâtiment pour justifier qu'il continue d'appartenir au clergé plutôt qu'à des gens qui en feront un meilleur usage, est un argument fallacieux pour maintenir des subventions contraires à la laïcité. Et si vous tenez tant que ça à ce que les églises restent des églises, allez-y don plus souvent!

samedi 25 mai 2013

Statut des religions

Je relisais une de mes réflexions sur la laïcité, et je me rendais compte que je n'y avais pas exprimé assez clairement et explicitement ce que je prônais comme statut légal pour les organisations religieuses. Actuellement, elles bénéficient d'un statut particulier leur conférant, entre autres privilèges, une exemption d'impôts et même des subventions; ce qui va directement à l'encontre du principe de séparation de l'Église et de l'État.

Personnellement, il m'apparaît que la seule façon d'être cohérent avec nos valeurs communes (laïcité, égalité) tout en autorisant l'existence des clergés (un accommodement nécessaire tant qu'il y aura des pratiquants), serait d'offrir le choix suivant à toute organisation religieuse:
  • Soit elle s'enregistre légalement comme personne morale, au même titre que les entreprises, et a tous les droits et devoirs qui en découlent;
  • Soit elle perd toute existence légale ou fiscale et n'est donc, aux yeux de l'État, rien de plus que la somme des individus qui la composent;

Ça risquerait d'être un dilemme intéressant pour les clergés. En effet, ceux qui décideraient d'accepter le nouveau statut «d'entreprise fournissant un service de spiritualité» devraient apporter des changements drastiques dans leur organisation. Tous les clercs seraient légalement les employés de leur clergé, et en acquérraient donc les droits. Un exemple simple de ce qui serait problématique: le statut des femmes. Une église qui refuserait d'engager une personne comme curé uniquement parce qu'elle est une femme, violerait directement le principe d'égalité que l'on impose à toutes les entreprises. Pour cette raison, il est fort à parier que les clergés de tous les cultes opteraient en majorité pour l'autre option: n'avoir aucune existence légale.

Les organisations religieuses qui choisiraient de ne pas s'enregistrer légalement ne seraient considérées que comme une somme d'individus sans connexion. Chaque clerc déclarerait son revenu comme travailleur autonome. Tous les lieux de culte seraient légalement propriété d'une ou de plusieurs personnes physiques. Même chose pour les comptes en banque des institutions religieuses. Les conditions de travail, d'embauche, de congédiement et de retraite des prêtres ne seraient d'aucune façon garanties par l'État; il faudrait se fier à la bonne volonté du clergé. Si jamais un prêtre serait expulsé de son clergé, il n'aurait pas droit à l'assurance-emploi; ce serait comme un travailleur autonome qui n'a plus de travail.

Ça semble un peu drastique, mais c'est la seule façon de concilier l'existence d'une entité qui maintient des pratiques allant aussi ouvertement à l'encontre des valeurs élémentaires de notre État. Et en même temps, ça serait comme un incitatif pour les institutions religieuses afin de les pousser à moderniser certaines de leurs façons de faire. Par ailleurs, il y aurait aussi des avantages pour celles qui choisiraient de ne pas s'enregistrer. Exemple, quand un clerc est accusé de propagande haineuse ou de pédophilie, ce serait lui en tant qu'individu qui serait poursuivit tandis que le reste de l'organisation, puisqu'elle n'existerait pas, n'en serait pas éclaboussée.

Évidemment, je trouve personnellement qu'il est aberrant que l'on tolère de nos jours des pratiques comme le fait de refuser d'engager une femme comme prêtre. Mais, on ne peut pas non plus forcer les choses, surtout au sein d'une institution qui tire sa légitimité de la tradition et de son infaillibilité. Ma proposition ici me semble un compromis raisonnable. Comme je disais, tant qu'il y aura des pratiquants, il va nous falloir s'accommoder de l'existence des organisations religieuses. Mais j'attends avec impatience le jour où chacun aura ses croyances personnelles, sans avoir d'allégeance envers un clergé.

mercredi 19 décembre 2012

Je ne suis pas catholique

Une des choses que je déteste, dans la vie, c'est de me faire dire que je suis catholique simplement parce que je suis baptisé, ou me faire dire que je suis chrétien uniquement parce que je suis Occidental. Dans le même ordre d'idée, j'ai lu quelque part récemment l'oxymore «juif athée» pour parler d'un athée issu d'une famille juive. Comme si notre religion faisait partie de nous à notre naissance et que l'on ne pouvait plus s'en défaire.

Je n'aime pas non plus quand on me dit que même si je ne crois pas à Dieu, j'ai quand même sûrement «des valeurs chrétiennes». Non, je n'en ai pas, puisque je suis pour l'égalité des sexes, l'avortement, la contraception et le mariage gay. Et je ne considère pas que d'aimer son prochain soit «une valeur chrétienne» puisque c'est universel à tous les systèmes de valeurs et donc pas proprement chrétien. En fait ça s'appelle l'altruisme donc c'est pas mal la base. Ce n'est pas avoir des valeurs chrétiennes, c'est avoir des valeurs tout court.

Je conclus en vous rappelant quelques définitions:
  • Un chrétien est quelqu'un qui croit que Jésus est revenu d'entre les morts;
  • Un catholique est un chrétien qui croit que le Pape est le porteparole de Dieu sur Terre.

Alors non seulement je ne suis pas catholique, mais souvent la personne qui me dit catholique, comme elle, ne l'est pas non plus…

samedi 1 octobre 2011

Pouvoir politique et pouvoir religieux

Pour moi, l'État laïc doit affirmer haut et fort, non pas un athéisme, mais une non-ingérence dans les croyances spirituelles de ses citoyens; dans la mesure où ces croyances ne les poussent pas à commettre des actes illégaux. Mais si cela est l'attitude que l'État doit avoir face à l'individu, quelle posture doit-il adopter en face des institutions religieuses?

Je pense que l'État devrait se permettre d'aller un peu plus loin en affirmant ouvertement qu'il ne reconnaît l'autorité d'aucun clergé. Notre laïcité est encore un peu floue, mais il faudrait spécifier qu'elle est pour la liberté des croyances spirituelles chez les individus, et non pour la liberté d'action et de propagande chez les institutions spirituelles. Si, par exemple, tel clergé dicte telle croyance et qu'elle devient vraie aux yeux de ses fidèles, alors l'État ne devrait accorder de l'importance à cette croyance que parce qu'elle est importante pour les individus qui y croient, et non parce que le clergé en a fait un dogme.

Là où les choses deviennent un peu plus compliquées, c'est lorsque la croyance d'un citoyen est que tel clergé possède l'autorité sur toute question d'ordre spirituel. C'est-à-dire, lorsqu'il a la foi du charbonnier: il se considère lui-même trop ignorant pour se prononcer sur les questions théologiques, voire pour les comprendre, mais il perçoit son clergé comme des spécialistes de ces questions et a foi en leur jugement. Dans ces circonstances, contester l'autorité d'un clergé c'est directement contredire sa croyance. Mais je pense que l'on retrouve beaucoup moins de ce type de croyants de nos jours. Les gens ont leurs propres croyances personnelles et ne reconnaissent la légitimité du clergé que lorsque celui-ci dit la même chose qu'eux.

D'après moi, le fait que les croyants modérés ne sont plus derrière le clergé nous autorise à faire un pas supplémentaire dans cette direction. Il y aura très peu de gens pour s'offusquer que l'on ne reconnaisse pas que le Pape dicte la parole de Dieu, par exemple, considérant que la majorité des gens sont en désaccord avec ses opinions à propos des femmes, de l'homosexualité ou de l'usage du condom. Ainsi, que notre laïcité fasse reculer un peu plus le pouvoir des clergés serait une mesure démocratiquement viable. Bref, on devrait permettre aux gens de croire aux clergés mais leur rappeler la non-reconnaissance du pouvoir des clergés aussitôt que ceux-ci s'ingèrent dans la juridiction de l'État ou empiètent un peu trop sur la liberté, l'égalité ou une autre valeur chère à la notre société.

Tant qu'à moi, les clergés ne méritent pas plus de pouvoir que n'importe quelles autres entreprises. Je trouve aberrant que, dans une société où il est interdit à un employeur de refuser un candidat à cause de son sexe ou son origine, on autorise les clergés à refuser les femmes pour le poste de prêtre.

vendredi 26 mars 2010

Cachez ce voile que je ne saurais voir

Je vous ai déjà présenté mon opinion sur les accommodements raisonnables. Je vais ici simplement développer davantage sur un exemple précis puisque ce sujet déjà surexploité par les médias vient d'être remis à l'ordre du jour. Je parlerai donc du port du voile, partiel ou intégral, par un individu privé ou par un fonctionnaire de l'État.

D'abord, je pense que l'État ne devrait pas nous empêcher de nous vêtir comme nous voulons. Que le gouvernement provincial impose un code vestimentaire à sa population serait abusif. Déjà qu'on n'a pas le droit de se promener nu en public, si en plus on ne pouvait pas porter de voile. Par ailleurs, quand il fait –40 dehors moi j'aime ça me voiler la face. Bref, dans les lieux publics on devrait pouvoir porter ce qu'on veut; un niqab ou un bikini.

Toutefois, lorsque l'on entre dans un établissement, il y a parfois des restrictions vestimentaires. Par exemple, il est interdit d'entrer dans un centre d'achats en bédaine ou nu-pieds. Je pense donc que, s'il serait illégitime pour le gouvernement d'interdire le port du voile intégral, il serait tout à fait pertinent qu'une banque ou un dépanneur oblige ses clients à se découvrir le visage en entrant, afin d'éviter qu'un voleur ne puisse demeurer inidentifiable. Et si c'est une école qui décide qu'un étudiant devrait se découvrir le visage pour passer un exposer oral, ça m'apparaît également légitime. Il me semble que c'est là que je mettrais la limite : le visage. Qu'une personne se voile les cheveux ou qu'elle nous montre son nombril, c'est de ses affaires. Mais se cacher le visage complique les interactions sociales et empêche l'individu d'être identifiable. Ce qui me fait dire que si un établissement a le droit d'interdire à ses usagers de se promener torse nu, il devrait encore plus avoir le droit de forcer ses usagers à se promener visage nu.

Pour le reste, je pense qu'il serait abusif et xénophobe d'interdire aux gens de se voiler les cheveux. Ce serait manquer de respect à la personne dans ses croyances et sa pudeur. Pour les Occidentaux, il est immoral de se montrer nu publiquement et c'est illégal dans plusieurs États d'Occident. Personnellement, j'ai de la difficulté à comprendre ce double standard de la pudeur. Peut-être que certaines personnes sont gênées de montrer leurs cheveux en public comme d'autres le seraient de montrer leurs seins. On ne devrait forcer personne à montrer contre son gré certaines parties de son corps, tout comme on ne devrait pas non plus forcer les gens à cacher leur corps.

Je tiens juste à souligner que je n'ai pas tenu compte de la religiosité de cette pratique car ça m'apparaît sans importance. Évidemment, l'idée même qu'il existerait un être tel que Dieu étant pour moi ridicule et puérile, le fait que ce Dieu puisse s'intéresser à nos vies au point de nous imposer un code vestimentaire dépasse à mes yeux les limites de l'absurdité. Toutefois, si c'est important pour une personne de se coiffer d'un voile ou d'un turban, alors on doit considérer cette importance et la mettre dans la balance avec les conséquences de cette pratique. Si une pratique est importante pour moi et que m'y adonner ne fait de mal à personne, il n'y a rien qui justifie qu'on m'en empêche. Vouloir à tout prix interdire tous les symboles musulmans ou sikhs sous le couvert de la laïcité (tout en défendant ardemment sur l'autre front les symboles chrétiens tel que le crucifix à l'assemblée nationale et la prière à l'hôtel de ville) m'apparaît être un manque flagrant de tolérance. Et si, vraiment, ce qui nous préoccupe n'est pas le voile comme tel mais la croyance dont il est le symptôme, l'interdire serait absurde puisque cela ne sortira pas pour autant la personne de sa croyance mais, au contraire, la poussera à y croire plus farouchement.

Maintenant un dernier cas plus spécifique : celui des employés de l'État (fonctionnaires et enseignants) dans le cadre de leur travail. Je ne suis pas aussi sûr de mon opinion sur ce point. Peut-être que, dans ce type de situation, la religiosité d'un vêtement devrait être pris en compte. Si une personne représente l'État et que nous sommes un État laïc, ça m'apparaît sensé de proscrire les signes religieux ostentatoires dans le code vestimentaire des fonctionnaires; tout comme il leur est logiquement interdit de porter un vêtement affichant leurs opinions politiques ou un message publicitaire. Toutefois un individu ne demeure qu'un individu. En autorisant le port des signes religieux par les fonctionnaires, quelles que soient leur religion, on mettrait en relief le fait que nous sommes un État pour la liberté des croyances. Non? C'est pour ça que moi je ne l'interdirais qu'aux gens qui ont une fonction de pouvoir, d'autorité ou d'influence, au sein de l'État.

lundi 25 janvier 2010

Désinstitutionnaliser la spiritualité

Je trouve que, de nos jours, les institutions fournissant des services de spiritualité - les religions - sont de plus en plus déconnectés de la réalité de leurs ouailles. Leur légitimité étant basée sur l'authenticité de leurs saintes écritures, elles sont par nature condamnées à l'immobilisme. Mon opinion est que l'on devrait davantage désinstitutionnaliser la spiritualité. Je ne comprends pas pourquoi ceux que l'on appelle «croyants modérés» ou «non-pratiquants» continuent de se revendiquer comme membre d'une religion, alors que leurs croyances ont évoluées bien loin d'où stagnent celles de leur clergé.

Réfléchissons d'abord au concept même de «religion». Qu'est-ce qu'une religion? Il m'apparaît que l'on peut disséquer ce concept en six aspects distincts:

Les trois premiers aspects constituent ce que j'appelle la fonction spirituelle de la religion (ce qu'on pourrait tout simplement appeler «spiritualité» ou «philosophie») tandis que les trois derniers forment la fonction sociale.

Pour ce qui est de la conception de ce qui est vrai, les croyants modérés conservent toujours quelques éléments religieux dans leur conception du monde – évidemment, sinon ce ne seraient pas des croyants. Mais, même s'ils continuent de croire en l'existence d'un démiurge surnaturel et, parfois, en l'authenticité des miracles qu'un certains prêcheurs auraient exécutés il y a deux milles ans, leur conception de ce qui est vrai est souvent beaucoup plus proche du modèle proposé par la science que de celui que l'on pourrait déduire d'une lecture littérale de leur livre sacré. Par exemple, les modérés ne croient pas en la création du monde telle que décrite par la Genèse, mais adhèrent plutôt en la théorie de l'évolution et celle de la formation de la Terre par accrétion de poussières cosmiques il y a environ 4,5 milliards d'années. La science a presque totalement pris la place de la mythologie monothéiste. À cela s'ajoute une multitude de mythes païens ou nouvelâgeux qui se sont, eux aussi, taillé une place importante dans la cosmologie du peuple. Bref, il y a dissonance entre la vérité selon le peuple et la vérité selon les saintes écritures.

Pour ce qui est la conception de ce qui est bien, là non plus les modérés ne s'en remettent pas à leurs livres sacrés ni aux diktats de leur clergé pour définir ce qui est bien selon eux. En effet, les catholiques modérés sont généralement en désaccord avec les paroles du Pape à propos de l'usage du condom ou de la place des femmes dans la société. Ils ne sont pas non plus d'accord avec la morale prescrite par la Bible (notamment, sur la prohibition de l'homosexualité ou l'usage de la peine de mort pour des crimes anodins tels que ne pas honorer ses parents). Bref, les valeurs morales des modérés ne sont pas liées à celle de leur religion.

Le clergé n'est pas non plus très important pour les modérés. En effet, très peu d'entre eux continuent à fréquenter les lieux de cultes (sauf peut-être pour de rares événements, comme les baptêmes, les mariages et les funérailles) et la plupart ne considèrent pas que les prêtres et les autres membres du clergé soient plus proches de Dieu que n'importe qui d'autres. Du moins, ils ne considèrent pas que les paroles d'un prêtre soient «inspirés par le Saint Esprit» ni que son pouvoir ne soit légitimé par Dieu.

Il ne demeure donc que l'identité et la communauté. Pour une raison obscure, il semble que les modérés, bien qu'ils ne croient ni en la mythologie, ni aux valeurs morales et ni en la légitimité divine du clergé de leur religion, continuent de s'identifier comme membre de cette religion. Cela m'apparaît quelque peu étrange, voire paradoxal. Par exemple, un catholique, par définition, est quelqu'un qui croit que le Pape est le porte-parole de Dieu sur Terre. C'est ce qui distingue le catholicisme des autres branches du christianisme (en plus de la croyance que l'hostie se transforme vraiment en viande de Christ lors de la communion). Quelqu'un qui ne croit pas à ça peut se dire chrétien mais pas catholique. Pourtant, la plupart des modérés du Québec se disent catholiques tout en niant les dogmes fondamentaux de l'Église catholique.

J'ai l'impression que c'est surtout par tradition et pour répondre à un désir xénophobe de se dissocier le plus possible de l'étranger en magnifiant ce qui nous en distingue que les modérés continuent de s'identifier à une religion à laquelle ils ne s'identifient plus. C'est devenu davantage une identité qu'un système de croyances. Pourtant, une religion se compare mieux à une opinion qu'à une patrie; on peut donc en changer ou s'abstenir d'en avoir. Bref, il ne manque qu'une petite prise de conscience de la part des modérés pour que les grandes religions perdent officiellement la majorité de leurs adeptes (qu'elles ont, dans les faits, déjà perdus) au Québec et dans la plupart des pays progressistes.

Cette réflexion m'a amené à m'interroger sur la possibilité d'introduire une sorte de «religion laïque» qui utiliserait la science pour définir le vrai, des valeurs contemporaines et des raisonnements philosophiques pour définir le bien et qui baserait la légitimité de son clergé sur la démocratie, la formation ou l'expérience. Ou alors, encore plus basique que ça, une simple «identité collective» basée sur la «foi» en la science à laquelle on pourrait s'identifier.

Également, pour les modérés et les athées, je me disais qu'il faudrait davantage d'entreprises pour offrir des services de mariage laïcs, de funérailles laïques et de «baptêmes» laïcs. Il faudrait que ces rites puissent se fonder sur la spiritualité/philosophie personnelle des gens qui les pratiquent plutôt que sur celle du clergé qui les organisent. Il me semble que c'est le seul usage qu'ont encore les religions chez les gens instruits et que si elles n'en avaient plus l'oligopole, il serait possible de procéder à ces rites de passage sans avoir recours à une institution obscurantiste s'opposant à nos valeurs. Ça permettrait aux modérés de briser définitivement les liens d'avec leur religion natale pour passer du statut de «croyant modéré non pratiquant» à «j'ai ma propre philosophie».

samedi 26 septembre 2009

Mon athéisme

J'ai cessé de croire à Dieu et au p'tit Jésus vers la fin de ma dixième année d'existence. À l'époque, je m'intéressais beaucoup aux sciences. Mais ce qui m'a fait me libérer des sophismes de la religion n'est pas seulement la compétition dans mon esprit entre la cosmologie chrétienne et celle de la science, c'est surtout ma prise de conscience de la pluralité des cultes. En effet, les divinités des panthéons hindou et amérindiens m'apparaissaient particulièrement grotesques, mais j'ai réalisé que pour ceux qui y croyaient, cela était tout aussi sensé que le christianisme pour moi, et que c'était ma religion qui devait leur apparaître absurde. Finalement, un dieu avec une tête d'éléphant n'est pas plus ridicule qu'un ange avec des ailes d'oiseaux. Par relativisme culturel, j'ai donc rejeté en bloc toutes les croyances n'ayant rien pour démontrer qu'elles sont plus vraies que leurs rivales. La science m'apparut alors comme la seule conception de l'univers qui avait de quoi prouver ses dires.

Mon rejet de la religion s'est fait juste avant le rite de confirmation (que j'ai tout de même effectuée pour faire plaisir à la famille) en partie à cause du rite en question. En effet, l'église nous donnait un cour préparatoire pour le rituel et nous transmettait davantage de connaissances sur la foi chrétienne (pour que l'on puisse savoir ce en quoi on allait confirmer notre croyance). J'y ai appris, entre autres, que l'histoire d'Adam et Ève ainsi que celle de l'arche de Noé nous venaient de la Bible donc qu'il fallait y croire, alors que jusque là je les pensais de la même source que Cendrillon ou que le Petit Chaperon Rouge. Je me rappelle que la madame me disait : «Dieu a alors mis l'arc-en-ciel dans les cieux pour nous dire qu'il ne fera plus jamais de déluge» et moi, du haut de mes dix ans, de lui répondre : «Écoutez, l'arc-en-ciel est formé par la lumière du Soleil qui traverse les goutes de pluie...» Bref, nous ne vivions pas dans le même monde.

J'ai tout de même eu depuis certaines phases plutôt «ésotériques» où j'adoptais certaines croyances irrationnelles, mais je suis toujours demeuré athée. L'athéisme se définit par la non-croyance en l'existence d'un dieu, mais pas nécessairement en d'autres entités surnaturelles. J'ai continué de réfléchir au concept de Dieu mais il ne m'en apparut qu'encore plus improbable. Ce fut seulement vers la fin de mon cégep et le début de mon université que j'ai cessé de croire à l'âme (et, donc, à la vie après la mort) et au surnaturel en général pour adopter pleinement le scepticisme scientifique.

À ceux qui s'apprêteraient à m'en faire le commentaire, j'ai déjà expliqué précédemment comment l'on pouvait donner un sens à sa vie, ne plus craindre la mort et avoir une éthique fondée et parfaitement solide sans croire à Dieu.

Certains me trouve trop catégorique sur la question de Dieu. En fait, ce n'est pas que je crois en l'inexistence de Dieu, mais que je ne crois pas en son existence. La nuance est justement qu'une chose à laquelle on ne croit pas pourrait être vraie, mais qu'en l'absence de preuve il est plus sage de prendre pour acquis qu'elle ne l'est pas, comme je l'expliquais ici. Je pourrais essayer d'avoir l'air moins sûr de mon affaire et dire comme disait le physicien Albert Einstein (1879-1955) lorsqu'on lui posait la question :
«Dites-moi d'abord ce que vous entendez pas "Dieu" et je vous direz si j'y crois.»
Sauf que moi, j'ai déjà entendue plusieurs définitions du mot «Dieu» et même si elles se contredisent mutuellement, elles désignent toutes quelque chose à quoi je ne crois pas ou alors elles sont tellement floues qu'elles m'apparaissent vides de sens et d'intérêts. J'ai donc peu de chances de me tromper si je dis ne pas croire à ce que mon interlocuteur appelle «Dieu».

Pour conclure cette réflexion, j'aimerais vous recommander la lecture du livre Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins (né en 1941). Le titre semblera agressif pour certains (il vient en fait du traducteur) mais le contenu est très sage et reflète bien mes opinions sur le sujet.

lundi 6 juillet 2009

Les limites de la liberté de culte

Lorsque je suis allé assister à la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, je n'ai malheureusement pas pu y exprimer mon opinion. En effet, il y avait trop de monde avant moi* et pas assez de temps pour que tout le monde parle. Je vais donc, ici, vous exprimer ce qu'il y avait dans le mémoire que j'ai déposé à cette commission et que je n'ai malheureusement pas pu commenter à haute voix.

Nous sommes dans un État laïc**, c'est-à-dire que nous séparons l'État et les religions. Si la religion peut s'ingérer dans la législation, si le gouvernement respecte et fait respecter les lois religieuses, si les droits d'un citoyen peuvent varier en fonction de sa religion, alors nous ne sommes plus un État laïc. Pour moi un État laïc ne devrait pas faire comme si la religion était «quelque chose». Une institution religieuse ne devrait pas avoir de statut légal (ou alors, le même que les entreprises). Les actes des individus devraient être traités pour ce qu'ils sont, en considérant les conséquences sur autrui et la nécessité pour l'agent. Selon mon opinion, voici donc les trois conditions sine qua non pour considérer que nous sommes laïques :
  1. La religiosité d'une pratique ne devrait pas être reconnue par l'État et, par conséquent, ce critère ne devrait pas être utilisé pour l'interdire ou pour la légaliser;
  2. Le citoyen a le droit d'accorder de l'importance à une pratique et l'État doit accorder de la considération à cette importance;
  3. Les droits du citoyen ne devraient pas varier selon sa religion;

C'est assez basique finalement. Ça implique que l'on ne peut pas, par exemple, interdire à une femme de se voiler la face pour des raisons religieuses dans un contexte où c'est autoriser de le faire pour des raisons climatiques. Inversement, ça implique aussi que l'on ne peut pas autoriser cette même pratique dans un contexte où l'identité de la personne doit être reconnaissable.

Mais cela ne veut pas dire que l'on ne devrait en aucun cas écouter les demandes d'accommodements et s'en tenir aux lois telles qu'elles sont en ce moment. Les lois ne sont pas parfaites, il se peut que l'une d'entre elles contraigne abusivement ou inutilement la liberté d'un individu. Si un individu ou un groupe d'individus estime qu'une loi, un règlement ou une norme (émise par l'État, l'une de ses institutions, une entreprise privée ou toute autre instance pouvant imposer des règles) lui nuit dans une liberté qu'il juge fondamentale (que ce soit pour des raisons religieuses, culturelles ou personnelles***) il devrait pouvoir revendiquer cette liberté. Mais, puisque la loi doit être la même pour tout le monde, plutôt que de faire des accommodements (des dérogations ponctuelles à la loi pour des individus spécifiques) je ferais des ajustements (des modifications sur des détails de la loi qui s'appliqueront à tous). Ainsi, s'il est possible de modifier la loi ou le règlement afin que cet individu puisse obtenir la liberté demandée (ou obtenir un compromis acceptable), sans que cela ne porte préjudice à une liberté (autant ou encore plus fondamentale) d'un ou de plusieurs autres individus, cela devrait être fait.

Les lois ont des raisons d'être; normalement c'est de prévenir certains préjudices. S'il est possible de remodeler une loi pour qu'elle soit tout aussi efficace dans sa fonction mais qu'elle permette une pratique importante pour certains citoyens, alors il n'y pas de raison de ne pas aller dans ce sens. Par exemple, si l'on a la loi «Défense de porter des couteaux dans certains lieux publics» c'est pour éviter qu'un couteau ne soit utilisé comme arme et ne fasse souffrir une ou plusieurs victimes. Mais si c'est important pour les gens de religion sikhe de porter le kirpan (couteau sacré) en tout temps, est-il possible de modifier notre loi de façon à ce que leur besoin soit comblé sans pour autant réduire la sécurité des gens? Si leur kirpan n'est pas aiguisé et qu'il est dans un étui scellé, comment pourrait-il servir d'arme? On peut donc reforger notre loi comme suit : «Défense de porter des couteaux dans certains lieux publics à moins qu'il ne soit émoussé et soudé dans son fourreau».

Il est toutefois important de garder en mémoire les trois points que j'ai énumérés plus haut. C'est pourquoi, toute altération de la réglementation devrait s'appliquer à tous les citoyens (indépendamment de leur culture, religion, etc.) et pas seulement à celui qui a fait la demande d'accommodement ou à ceux que l'on considère comme appartenant au même groupe. Par exemple, si l'on autorise un enfant sikh à porter un kirpan à l'école, tous les autres écoliers devraient également avoir le droit de porter un couteau sur eux, sous les mêmes conditions, qu'ils soient sikhs ou non. Autrement, ce serait une forme de discrimination envers les gens n'appartenant pas à cette religion, et ce serait accorder une reconnaissance légale à la religion. C'est pourquoi, pour traiter une demande d'accommodement, on devrait se demander quelles seront les conséquences si tous les citoyens (et pas seulement l'individu l'ayant demandé ou les individus appartenant au même groupe que celui l'ayant demandé) auraient la permission de s'adonner à cette pratique.

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*Ce fut une expérience très pénible pour moi que d'écouter tout ces gens déblatérer leurs discours décousus et inintelligibles… ça m'a fait perdre foi en l'intelligence humaine et en la démocratie… mais c'est un autre sujet!

**Ce n'est pas tout à fait vrai, la constitution canadienne commence par «Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit
» (!). Ironiquement, c'est la dernière version, celle de 1982, qui invoque un dieu. L'ancienne version qui date de 1867 était parfaitement laïc. On a régressé…

***Lors du non-événement des accommodements, on avait tendance à toujours considérer les demandes d'accommodements importantes parce qu'elles étaient motivées par des raisons religieuses. Toutefois, il me semble qu'une pratique peut être aussi importante pour un individu même si cela ne fait pas partie des prescriptions de sa religion. Ce peut être ses valeurs personnelles par exemple. Une personne qui ne veut pas que son enfant mange la viande de la cafétéria parce que le traitement des animaux d'élevage s'oppose à ses principes, mérite autant que l'on écoute sa requête qu'une personne qui demanderait la même chose parce que son dieu lui a dit de manger cascher.

dimanche 24 mai 2009

Sagesse est incertitude

Le philosophe Socrate (470-399 av. notre ère) disait qu'il était le plus sage non parce que les autres étaient plus ignorants que lui, mais parce que lui n'ignorait pas sa propre ignorance.

Étant le simple fruit de l'évolution et non l'œuvre d'un être transcendantal, notre cerveau n'a pas nécessairement le potentiel de comprendre l'univers dans sa totalité. Il serait même surprenant qu'il le puisse. Si le cerveau du chien ne peut apprendre la biologie moléculaire ou la plomberie, il y a certainement des choses qui seront à jamais hors de portée du cerveau humain. Nous ne pouvons bien sûr pas savoir quand nous serons rendu aux limites de notre science, mais il est clair que même si beaucoup de questions trouveront peut-être leur réponse un jour, il y en a beaucoup qui demeureront sans réponse... soit parce que nous n'aurons pas le temps d'y répondre avant notre extinction, soit parce que nous ne sommes pas suffisamment équipés cérébralement pour comprendre cette réponse.

Comme je vous le disais dans ma réflexion sur le réel, je pense que la Vérité - avec un grand «V» - n'est qu'un idéal inatteignable et que notre conception du monde n'est rien de plus qu'un système de représentations. En ce sens on peut dire que je suis sceptique ou agnostique*. Mais je pense tout de même que certaines façons de nous représenter le monde se rapprochent davantage que d'autres du monde tel qu'il est vraiment; je prône donc davantage le scepticisme scientifique que le scepticisme philosophique. La vérité empirique a beau être asymptotique, on peut essayer de s'en rapprocher autant que possible.

La méthode scientifique est sans doute le meilleur outil dont dispose l'humain pour se représenter la réalité de la manière la plus conforme possible à ce qu'elle est vraiment. Elle nous permet d'établir des prédictions sur les conséquences de nos actes et de ce qui nous entoure. C'est, à mon sens, le seul niveau de réalité qu'il est désirable d'atteindre.

Lorsqu'une personne prétend avoir vécu une histoire incroyable (enlèvement par des extraterrestres, conversation avec Dieu, projection astrale, etc.), la question n'est pas «Est-ce vrai?» mais plutôt «Est-ce scientifiquement vérifié?» Ce qui est contredit ou qui ne peut être affirmé par l'expérimentation scientifique n'est pas nécessairement «faux» mais ne peut tout simplement pas s'incorporer à notre modèle de la réalité. On peut laisser ces croyances ou ces événements anecdotiques «en suspends» en espérant avoir un jour une confirmation officielle de leur véracité ou de leur fausseté, mais il est toutefois plus sage de ne pas cumuler ainsi trop de «pollution intellectuelle» et de rejeter les hypothèses non-démontrées.

Pour ma part, de même que mon niveau de croyance le plus élevé ne demeure que «théorique» (je pourrais me réveiller demain matin dans un autre corps et constater que toute ma vie n'était qu'un rêve… mais, en attendant, je «fais comme si» j'étais dans la réalité), mon plus haut niveau d'incroyance est, disons, agnostique ou sceptique (peut-être qu'en mourant je vais rencontrer St Pierre qui me fera faire une visite guidé du Paradis avec des petits bébés anges tout-nus qui jouent de la harpe et Descartes qui joue à la pétanque avec Jimi Hendrix… mais, en attendant, je «fais comme si» ça n'arriverait pas).

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* Le terme «agnosticisme» réfère généralement, dans le langage courant, à l'idée selon laquelle on ne peut se prononcer sur l'existence de Dieu (et souvent, implicitement, qu'il a donc une chance sur deux d'exister). Pour ma part, j'estime que le concept de Dieu, tout comme le géocentrisme et le farfadet, ne dispose pas des preuves nécessaires pour entrer dans le modèle scientifique de l'univers. Il est donc à mon plus haut niveau d'incroyance.

dimanche 26 avril 2009

Miracles et coïncidences

Il arrive parfois que l'on vive ou qu'on nous raconte un événement d'une telle improbabilité qu'il semble miraculeux. Mais coïncidence et miracle ne sont pas synonymes. Obtenir un triple six en brassant trois dés est une coïncidence, obtenir un triple sept serait miraculeux (si c'est des dés ordinaires à six faces…). Un miracle est une transgression des «lois de la nature» telles que nous nous les représentons. Une coïncidence est un événement fort peu probable mais qui ne transgresse aucunement ces lois naturelles.

À chaque instant il y a des milliers de coïncidences potentielles qui ne se produisent pas. C'est comme si je brassais constamment un dé. Par exemple, si j'écris ce texte en regardant la télé, il y a des chances pour qu'à l'instant où j'ai écris le mot «chances» une personne à la télé l'ait dit presque en même temps. Il est donc statistiquement logique que, de temps en temps, une coïncidence survienne.

Il y a des coïncidences beaucoup plus incroyables dont on n'entend parler parfois. De tels événements n'arrivent pas souvent, mais c'est statistiquement possible. Mais songeons au facteur de diffusion du récit de la coïncidence. En effet, s'il m'arrive une coïncidence anodine, je vais garder cette histoire pour moi. Mais plus la coïncidence qui m'arrive est incroyable et plus je vais en parler à des gens. Plus on nous raconte une coïncidence incroyable, plus il y aura de gens à qui l'on en parlera. Donc, compte tenu que la diffusion d'une coïncidence est directement proportionnelle à son improbabilité, il est donc logique qu'on en entende parler. Une coïncidence anodine c'est comme de brasser une fois un dé ordinaire (à six faces) et d'obtenir un six. Une coïncidence incroyable c'est comme de devoir obtenir un cent sur un dé à cent faces… mais d'avoir le droit de le brasser cent fois.

Certains à qui il arrive une coïncidence avantageuse vont se dire une absurdité comme : «Ah! C'est la preuve que Dieu – ou une autre intelligence surnaturelle – existe et qu'il m'aime!» C'est un biais cognitif lié à l'égocentrisme. Pendant que ton dieu te faisait trouver un dix cents sur le trottoir, il envoyait un ouragan détruire la moitié d'un pays. N'est-ce pas plus logique de penser que cela n'est qu'un hasard plutôt que de croire qu'une entité bonne et intelligente qui contrôlerait l'aléatoire, s'attarderait à nous faire vivre d'anodines coïncidences amusantes alors que tant de gens sont dans le besoin?

Je voudrais également vous parler des «fausses coïncidences». Certains diront par exemple : «La vie est apparue sur Terre et comme par hasard les conditions préalables à la vie existaient avant. C'est donc Dieu qui a mis en place ces conditions pour que la vie apparaisse.» C'est le principe anthropique. Ici ce n'est pas une coïncidence. C'est un rapport direct de cause à effet. Si une chose existe dans le présent il est logique que l'on retrouve dans le passé les conditions permettant son existence. Autrement cette chose n'aurait jamais existée. L'existence d'une chose est donc la preuve de l'existence de ses causes dans le passé.