Le philosophe Socrate (470-399 av. notre ère) disait qu'il était le plus sage non parce que les autres étaient plus ignorants que lui, mais parce que lui n'ignorait pas sa propre ignorance.
Étant le simple fruit de l'évolution et non l'œuvre d'un être transcendantal, notre cerveau n'a pas nécessairement le potentiel de comprendre l'univers dans sa totalité. Il serait même surprenant qu'il le puisse. Si le cerveau du chien ne peut apprendre la biologie moléculaire ou la plomberie, il y a certainement des choses qui seront à jamais hors de portée du cerveau humain. Nous ne pouvons bien sûr pas savoir quand nous serons rendu aux limites de notre science, mais il est clair que même si beaucoup de questions trouveront peut-être leur réponse un jour, il y en a beaucoup qui demeureront sans réponse... soit parce que nous n'aurons pas le temps d'y répondre avant notre extinction, soit parce que nous ne sommes pas suffisamment équipés cérébralement pour comprendre cette réponse.
Comme je vous le disais dans ma réflexion sur le réel, je pense que la Vérité - avec un grand «V» - n'est qu'un idéal inatteignable et que notre conception du monde n'est rien de plus qu'un système de représentations. En ce sens on peut dire que je suis sceptique ou agnostique*. Mais je pense tout de même que certaines façons de nous représenter le monde se rapprochent davantage que d'autres du monde tel qu'il est vraiment; je prône donc davantage le scepticisme scientifique que le scepticisme philosophique. La vérité empirique a beau être asymptotique, on peut essayer de s'en rapprocher autant que possible.
La méthode scientifique est sans doute le meilleur outil dont dispose l'humain pour se représenter la réalité de la manière la plus conforme possible à ce qu'elle est vraiment. Elle nous permet d'établir des prédictions sur les conséquences de nos actes et de ce qui nous entoure. C'est, à mon sens, le seul niveau de réalité qu'il est désirable d'atteindre.
Lorsqu'une personne prétend avoir vécu une histoire incroyable (enlèvement par des extraterrestres, conversation avec Dieu, projection astrale, etc.), la question n'est pas «Est-ce vrai?» mais plutôt «Est-ce scientifiquement vérifié?» Ce qui est contredit ou qui ne peut être affirmé par l'expérimentation scientifique n'est pas nécessairement «faux» mais ne peut tout simplement pas s'incorporer à notre modèle de la réalité. On peut laisser ces croyances ou ces événements anecdotiques «en suspends» en espérant avoir un jour une confirmation officielle de leur véracité ou de leur fausseté, mais il est toutefois plus sage de ne pas cumuler ainsi trop de «pollution intellectuelle» et de rejeter les hypothèses non-démontrées.
Pour ma part, de même que mon niveau de croyance le plus élevé ne demeure que «théorique» (je pourrais me réveiller demain matin dans un autre corps et constater que toute ma vie n'était qu'un rêve… mais, en attendant, je «fais comme si» j'étais dans la réalité), mon plus haut niveau d'incroyance est, disons, agnostique ou sceptique (peut-être qu'en mourant je vais rencontrer St Pierre qui me fera faire une visite guidé du Paradis avec des petits bébés anges tout-nus qui jouent de la harpe et Descartes qui joue à la pétanque avec Jimi Hendrix… mais, en attendant, je «fais comme si» ça n'arriverait pas).
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* Le terme «agnosticisme» réfère généralement, dans le langage courant, à l'idée selon laquelle on ne peut se prononcer sur l'existence de Dieu (et souvent, implicitement, qu'il a donc une chance sur deux d'exister). Pour ma part, j'estime que le concept de Dieu, tout comme le géocentrisme et le farfadet, ne dispose pas des preuves nécessaires pour entrer dans le modèle scientifique de l'univers. Il est donc à mon plus haut niveau d'incroyance.
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