mercredi 21 janvier 2009

L'évolution

Cette année, cela fait 200 ans que le naturaliste Charles Darwin (1809-1882) est né et 150 ans que son oeuvre maîtresse, L'Origine des espèces, a été publiée. En cet honneur, je vais vous faire part ici d'une vulgarisation personnelle de sa théorie. Pas seulement en cet honneur, en fait, car la prise de conscience de ce fait scientifique est l'un des piliers de ma philosophie. À cause de l'obscurantisme religieux, certains persistent à demeurer créationnistes, mais même les gens acceptant la réalité de l'évolution ne la saisissent pas toujours entièrement et conservent certaines croyances ne tenant pas compte de ce fait. Je vais tâcher, au mieux de mes capacités, de vous vulgariser la théorie moderne de l'évolution.

L'évolution est le résultat de deux phénomènes antagonistes : la diversification et la sélection. Les mutations aléatoires qui surviennent parfois lors de la méiose causent un accroissement de la diversité. L'individu mutant naîtra avec une différence – pouvant être très voyante ou imperceptible – par rapport à ses congénères. La plupart du temps ces mutations sont bénignes, souvent elles sont nuisibles mais quelques fois elles sont utiles. Parallèlement, les contraintes imposées par le milieu de vie feront en sorte que certains individus d'une population auront plus de facilité à survivre et à se reproduire que d'autres. Par exemple, les pinsons ayant le bec un peu plus gros que leurs frères pourront picorer des grains plus gros inaccessibles aux autres. C'est la sélection naturelle. Les traits (issus des mutations) sont «sélectionnés» par des pressions (issus de l'environnement) ce qui engendre la transformation progressive de la population.

Lorsque deux populations d'une même espèce se retrouvent séparées l'une de l'autre par une barrière géographique, elles ne pourront plus s'échanger du matériel génétique. Elles vont donc cumuler leurs propres mutations chacune de leur côté. Si leur environnement est différent, la sélection naturelle choisira des mutations différentes dans chaque population, les faisant évoluer différemment. Si la situation persiste, à un moment donné les deux populations auront cumulés tant de différences qu'elles ne seront plus compatibles génétiquement. Elles auront perdu leur fécondité réciproque. C'est la spéciation. Une espèce en devient deux. Une fois que ce point est franchi, les deux populations devenus deux espèces ne pourront plus jamais s'échanger leurs gènes, ce qui fait qu'elles vont continuer à diverger l'une de l'autre même si la barrière géographique qui les séparait disparaît.

Il faut comprendre que dans tout ça il n'y a pas de bien ou de mal, de supérieurs ou d'inférieurs, de forts ou de faibles. Cette théorie scientifique n'a pas pour but de nous donner un repère moral, de justifier une quelconque pratique ou de donner un sens à nos vies. Elle fait juste expliquer comment les espèces se sont divisées et transformées.

L'évolution n'est pas unilinéaire. L'humain n'est pas «l'espèce la plus évoluée» (expression totalement vide de sens…) ni le but de la Vie ou de l'univers. Le parcours de la vie est multilinéaire, formant un arbre semblable à un arbre généalogique. C'est sans doute justement parce qu'elle nous faisait perdre notre statut de «roi de la Création» que cette théorie a eu de la difficulté à percer. C'est pour la même raison que le géocentrisme a eu de la difficulté à laisser sa place. L'humilité est une rare vertu. Aujourd'hui, seuls quelques extrémistes religieux nient encore la réalité de l'évolution.

8 commentaires:

  1. L'évolution agit sur les individus, donc ces individus doivent exister au préalable.

    D’où est venu le premier individu ou vivant?

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  2. La théorie de l'évolution ne s'attarde qu'à l'évolution du vivant. L'apparition de la vie n'est pas sous sa juridiction.

    Toutefois, les principes de la sélection naturelle pris dans un sens plus large, permettent d'expliquer l'émergence de systèmes complexes (dont les êtres vivants) à partir de simple matière dite inanimée. J'aborde cette question ici:

    http://chezfeelozof.blogspot.com/2009/02/pourquoi-pas-le-chaos.html

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  3. Comment la matière dite inanimée peut-elle créer le vivant?

    Ça semble impossible!

    J'ai beau regarder une chaise, jamais elle va se mettre à marcher, même avec ses 4 pattes!

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  4. C'est que vous regardez deux entités situés à l'opposé l'une de l'autre et que vous assumez qu'il n'y a pas de gradation entre les deux. Mais deux lieux peuvent être très distants et être malgré tout reliés par une route.

    Le vivant ne descend pas de la chaise. Le vivant est composé de cellules, elles-mêmes étant des entités chimiques complexes capables de se répliquer. Si l'humain est loin du caillou, la bactérie est pas mal moins éloignée de son premier ancêtre inorganique.

    J'expliquais dans mon autre réflexion que si l'on mettait ensemble des matériaux ou des éléments qui ne sont pas totalement inertes, ils allaient nécessairement agir les uns sur les autres. Si cette interaction est destructive pour certains de ces éléments, il en résultera que seuls les relations bénéfiques (c'est-à-dire, permettant la conservation de ses parties) perdureront.

    À la longue, des systèmes complexes émergent simplement de la suite d'une sélection naturelle dans les interactions entre des entités chimiques non-vivantes. La cellule primordiale est l'un de ces systèmes complexes.

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  5. Donc, il est certain qu'il y a de la vie sur d'autres planètes et partout dans l'univers! Et nécessairement de la vie intelligente, pas vrai?

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  6. Non.

    Plus je brasse un dé fréquemment, et plus j'ai de chance d'obtenir un six, mais je pourrais aussi bien lancer le dé des milliards de fois sans jamais avoir de six. L'apparition de la vie fait partie des éventualités possibles dans un environnement tel que celui de notre planète il y a 3,5 milliards d'année. Mais la vie aurait tout aussi bien pu ne jamais apparaître et la vie n'est pas nécessairement vouée à devenir intelligente.

    C'est le déséquilibre du système complexe qui le pousse à évoluer pour maintenir son homéostasie. Mais, à tout moment dans son histoire, il pourrait atteindre un état d'équilibre parfait (faisant stagner son évolution) ou, plus fréquemment, ne pas réussir à trouver un équilibre suffisant pour perpétuer son existence puis disparaître.

    Personnellement, je doute que l'on rencontre un jour de la vie intelligente ailleurs dans l'univers. Voir cette réflexion :

    http://chezfeelozof.blogspot.com/2009/08/sommes-nous-seuls-dans-lunivers.html

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  7. Lorsque j'étais un tout petit enfant (il y a de cela maintenant très, très, très longtemps)on nous enseignait, à l'école, la théorie de l'évolution. Bien sur le mot théorie n'avait aucun sens pour nos jeunes esprits. Puis les cours continuaient sur l'évolution des espèces, la sélection naturelle et autres enseignements plus vrais que nature. Mais le mot théorie ne revenait plus dans le discours et donc l'évolution était considéréé (par l'enseignant) comme un fait. Aujourd'hui ce mot "théorie" est encore accolé au mot évolution.Or si nous sommes passés d'"une connaissance spéculative" à un fait pourquoi les autorités scientifiques autant que civiles continuent-elle à conserver ce mot "théorie"?

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  8. Parce que, en science, le mot «théorie» ne signifie certainement pas «connaissance spéculative».

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