Le philosophe René Descartes (1596-1650) a introduit l'idée du doute systématique, c'est-à-dire l'exercice philosophique d'essayer de douter de tout ce qui peut l'être. Descartes remis ainsi tout en question dans sa tête mais se buta à un cul-de-sac lorsqu'il réalisa qu'il ne pouvait pas douter du fait qu'il est en train de douter. C'est le cogito ergo sum, «Je pense donc je suis». Mes sens pourraient me tromper, ma vie pourrait n'être qu'un rêve, mais comme je suis indéniablement en train de penser à ça, il est clair que j'existe. J'en ai parlé précédemment.
Il y a des choses que j'ai trouvées dommages dans la suite de sa réflexion que l'on peut lire dans Discours de la méthode. D'abord il saute un peu sur des conclusions hâtives en faisant un raisonnement que je pourrais paraphraser en : «Puisque mon esprit existe irréfutablement pour lui-même, mais que mon corps pourrait être une illusion, alors j'ai nécessairement une âme qui existe indépendamment de mon corps.» Ce qui n'est, bien sûr, pas nécessairement le cas.
Ensuite les choses empirent. Il nous sort que Dieu existe irréfutablement – je pense qu'il dit «Puisque Dieu est parfait, c'est qu'il existe!» – et qu'il est infiniment bon donc qu'il ne nous trompe pas donc que le monde existe (!). Ensuite, il nous dit que les humains ont tous des âmes immortelles qui sont connectées au corps par l'épiphyse mais que les autres animaux sont des automates créés par Dieu qui imitent les réactions de douleurs quand on les abîme mais qui ne ressentent strictement rien. Bref, un petit relâchement dans la rigueur de sa réflexion…
Donc, comme j'ai dit, je trouve dommage qu'il finisse son discours comme ça parce que son postulat de départ sur le doute est l'une des bases de la pensée scientifique. Mais je vais lui donner le bénéfice du doute : Peut-être craignait-il l'Inquisition ou la censure? Ce ne serait pas surprenant à son époque. Après tout, Discours de la méthode était à l'origine l'introduction d'un livre qu'il a finalement choisit de ne pas publier (sauf quelques fragments). Peut-être a-t-il délibérément trafiquée sa propre réflexion pour accommoder le clergé en disant que Dieu existe et que l'humain se distingue des bêtes par la présence d'une âme immortelle. On ne le saura jamais. Une chose est sûre : si ce texte avait été plus rationnel, il ne se serait peut-être pas rendu jusqu'à nous.
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