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dimanche 6 mars 2011

C'est dans ta tête

Parfois, certaines personnes ayant vécus une expérience paranormale sont convaincues qu'il ne s'agit pas d'une hallucination ou d'un rêve parce que «ça avait l'air trop vrai!». C'est souvent le cas des gens qui prétendent avoir expérimenté une projection astrale. Ils sont sûrs que l'événement s'est vraiment déroulé et qu'il ne s'agissait pas d'un simple rêve parce que cela leur semblait trop réaliste.

Voici une mise en situation qui est un peu un remake de l'allégorie de la caverne:
Vous êtes enfermé dans un bunker souterrain. Votre seule fenêtre sur le monde extérieur est une télé qui montre ce qu'une caméra de surveillance filme à la surface. De temps en temps, des interférences font en sorte que votre écran, au lieu d'afficher ce que filme la caméra, vous présente des extraits d'émissions de télévision. Vous arrivez toutefois facilement à distinguer la réalité de ces interférences puisque vous savez ce à quoi ressemble le paysage sur lequel est pointé votre caméra.

Supposons que l'occupant de ce bunker voit un jour sur son écran une image issue d'une émission de télévision mais qui ressemble fortement à quelque chose qu'aurait pu filmer sa caméra. Comment pourrait-il la distinguer de la réalité?

Notre rapport à la réalité est analogue à celui de ce prisonnier. Nos organes sensoriels captent des données sur le monde et les projettent sur l'écran de notre esprit. Mais sur ce même «écran» sont parfois diffusés des rêves et des hallucinations. Qu'un événement soit réel ou onirique, il se retrouve dans ma tête dans les deux cas. Il n'est donc pas du tout impossible pour un rêve de ressembler à la réalité au point qu'on puisse le prendre pour elle. Si le rêve est un mélange aléatoire de données sensorielles dans mon esprit, il est statistiquement probable que ces données s'agencent de temps en temps de façon à former quelque chose de réaliste.

Bref, l'apparent réalisme d'une expérience paranormale ne lui donne pas vraiment plus de crédit à mes yeux, surtout si elle a lieu pendant le sommeil.

dimanche 3 octobre 2010

Les rêves

Je n'adhère pas à la psychanalyse.* Bien sûr cette discipline n'est pas totalement mauvaise, elle a quand même engendré la psychologie qui est une science humaine très utile, mais je ne suis pas adepte du paradigme psychanalytique. Je trouve donc dommage qu'il n'y ait pratiquement que cette école de pensée qui se soit penchée sur le sujet des rêves. Bien sûr, la science étudie les rêves sur le plan neurologique, afin de savoir ce qui se passe dans le cerveau quand on rêve et de connaître la cause de ce phénomène. Mais il ne semble y avoir aucune discipline scientifique qui ait choisi d'étudier le contenu du rêve. Il n'existe aucune onirologie digne de ce nom.

Le paradigme psychanalyste cherche une signification symbolique (souvent sexuelle) aux éléments qui composent le rêve, en les voyant généralement comme la manifestation de désirs refoulés. Comme si le rêve était un langage codé pour nous dire de changer tel aspect de notre vie ou d'être plus à l'écoute de nos émotions. Cette recherche de sens me fait trop penser à certaines pseudomédecines de charlatans qui voient tous les symptômes de maladie comme des messages de la part de notre corps pour nous donner des conseils sur notre vie émotionnelle. C'est partir du postulat que tout a un «sens» – le Pourquoi? de la croyance qui s'oppose au Comment? de la raison – et c'est donc une démarche non-scientifique.

Ce qui m'intéresse, donc, n'est pas le sens d'un élément de rêve, mais sa cause. Pourquoi est-ce que je rêve à ceci plutôt qu'à cela? Ce pourrait être un mélange aléatoire et déformé de mes expériences de la journée. Mais comment expliquer les rêves récurrents? Pourquoi est-ce que certains éléments spécifiques, plutôt banals, se retrouvent dans pratiquement tous mes rêves depuis dix ans?

J'ai remarqué qu'à mon réveil, je n'arrive jamais à me rappeler du moment où je me suis endormi; comme si on l'avait effacé de ma mémoire. Peut-être, donc, que mon rêve s'écrit à partir de mes dernières pensées lucides avant d'entrer dans le sommeil, et que des pensées récurrentes apportent des rêves récurrents? Si je pouvais me souvenir de ces pensées je comprendrais peut-être mieux la cause des ces rêves. Ou peut-être que c'est en rapport avec les éléments se trouvant dans l'environnement où je dors?

Bref, j'ai l'impression que l'on est scientifiquement très peu avancé sur la question du rêve et de son contenu. Je suis personnellement très intrigué par ce qu'une étude plus méthodique du phénomène pourrait nous apprendre.

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*Je ne suis pas non plus antipsychanalyse. Je trouve que cette approche était vraiment révolutionnaire à sa naissance mais que, aujourd'hui, elle est plutôt dépassée.

mercredi 5 mai 2010

Définition de l'être

Permettez-moi de clarifier la définition que je donne au mot «être» sur ce blogue, c'est-à-dire dans une perspective où l'esprit n'existe pas en-dehors de la matière.

L'être se distingue de l'objet par le fait qu'il est capable de percevoir son environnement (donc d'en construire mentalement une sorte de copie virtuelle incomplète) et d'attribuer à chaque stimulus qui le compose une connotation positive ou négative. Ainsi, il pourra non seulement distinguer deux saveurs, mais il pourra également en préférer une à l'autre. J'appelle ces deux facultés «conscience» et «volonté». C'est donc à un niveau relativement primitif que l'être se dote d'une «jauge» opposant son bonheur et sa souffrance; c'est-à-dire ce qui lui est agréable et désagréable. Pour moi, cela justifie d'adopter l'éthique utilitariste et de l'étendre à tous les êtres (dans la mesure du possible). C'est par la sélection naturelle que les êtres seront «programmés» pour trouver désirable ce qui a des chances d'être utile à leur autoconservation et à leur reproduction.

À partir du moment ou une entité possède les critères minimaux que j'ai décris ci-haut (capacité de percevoir et d'apprécier), elle peut revendiquer au titre d'être. Aussi douce que soit la pente d'une plage, la démarcation entre la terre émergée et la terre submergée n'en sera pas moins nette. Pour moi, donc, l'obtention du titre d'être – et donc le droit à la considération selon l'éthique – se fait indépendamment de sa proximité génétique d'avec l'humain. Un vivant dont l'ancêtre commun avec nous est très lointain, un extraterrestre ne partageant aucun ancêtre avec nous ou un robot ayant une intelligence artificielle programmée comme la nôtre, mériteraient donc tous d'être considérés comme des êtres s'ils en possèdent les attributs.

Il y a bien sûr un dégradé de nuances qui existe entre l'être et l'objet; l'univers est un continuum. Je classe dans cette zone grise les systèmes complexes sans conscience propre tels qu'une population d'animaux (les individus qui la composent sont des êtres mais pas la population en tant que tout) ou un programme informatique. J'y mets aussi les vivants acéphales tels que les végétaux. N'ayant pas de facultés sensorielles ou de système nerveux central, ils sont pour moi moins des êtres vivants que des objets vivants. L'être émerge quand un système complexe acquiert les facultés de l'être ce qui implique un degré élevé de complexité.

L'être que je suis est la somme des interactions entre ses neurones. L'émergence d'un être pourrait se faire à n'importe quelle échelle. Ainsi, il n'est pas exclu d'imaginer qu'un jour les populations d'animaux eusociaux – qui forment littéralement des superorganismes – acquièrent une conscience collective analogue à celle des individus. Il leur suffirait pour cela d'intensifier et de complexifier leur rapport de communication. Par exemple, imaginons une cité futuriste dans laquelle chaque citoyen est en contact télépathique permanent avec tous les autres (je sais que c'est impossible, j'ai dis «imaginons…»). Supposons qu'à chaque fois qu'un individu a une idée ou perçoit quelque chose, cette information soit transmises instantanément à tous les autres citoyens se trouvant dans un rayon d'un kilomètre. Que se passerait-il? Mon hypothèse est que cette somme d'individus deviendraient comme un unique être, ayant une conscience et une volonté, de la même façon que la somme de mes cellules.

samedi 24 janvier 2009

L'esprit vu par l'esprit

Lorsque l'on fait la régression du doute systématique de Descartes qui nous ramène au «Je pense donc je suis», on réalise que tout autour de nous existe au moins en tant que perceptions, comme je l'ai expliqué plus tôt. Mais du lieu où se rencontrent ces perceptions – notre «nature profonde», le «noyau central de notre esprit» – que sait-on? J'appellerai conscience ce «programme» dans notre psyché chargé de reconstituer la réalité extérieure à l'intérieur de notre tête.

N'oublions pas que l'univers est un continuum. Si l'on prend pour acquise cette hypothèse, on peut également assumer que notre conscience siège dans le même univers que les sources de ses perceptions et qu'elle s'inscrit dans la continuité de ces dernières. Qu'il n'y a pas de rupture nette entre ce «moi profond» et son environnement. Ce n'est pourtant pas ce que l'on perçoit. On a l'illusion que l'esprit se distingue de la matière.

Cela n'est pas complètement faux. En fait, le monde dans lequel on croit évoluer n'est qu'une construction de notre esprit (construction purement mentale mais basée très vraisemblablement sur la réalité extérieure à nous-mêmes dans laquelle on évolue effectivement). Notre «programme de construction de la réalité» – la conscience – va nécessairement se percevoir lui-même comme une chose totalement distinct de l'environnement qu'il construit. Cela constitue donc une inclination naturelle à croire en une dualité matière/esprit.

Pour faire une analogie, prenons une caméra qui filme quelque chose. Il y aura une distinction entre la réalité filmée et l'enregistrement de cette réalité à l'intérieur de la caméra. Si je compare la caméra à la réalité, je constate qu'elles appartiennent toute deux à un même monde objectif où tout est éphémère et décomposable. Mais si elle se compare au film qu'elle contient, la caméra se verra comme quelque chose de distinct. Elle semblera plus tangible, éternelle et indivisible, extérieure à l'enregistrement qu'elle renferme. La caméra transcende les données qu'elle contient. C'est pareil pour notre esprit. Donc, pour résumer cette partie, on peut dire que le monde tel qu'on le perçoit existe dans notre conscience qui elle-même se trouve dans le monde tel qu'il est. Je poursuivrai ce point ultérieurement.

On pourrait se demander pourquoi certains de nos attributs sont vus comme appartenant au «corps matériel» et d'autres au «corps spirituel. J'élabore là-dessus plus loin.

Autre faiblesse de notre conscience c'est qu'elle ne peut se concevoir elle-même que comme un tout homogène et inaltérable. Nous ne pouvons concevoir ce que c'est que de ne pas être (c'est logique, c'est un paradoxe). Conséquemment, on a l'illusion d'être éternel (évidemment, l'éternité nous est tout aussi inconcevable quand on essaie de se l'imaginer tout entière mais, si on se l'imagine à plus court terme, il est plus facile de se dire à chaque jour «Je serai encore là demain!» plutôt que de concevoir notre propre annihilation).

On ne peut pas non plus s'imaginer, par exemple, ce que ce serait si une conscience se fusionnait avec une autre pour ne devenir qu'une. «Laquelle des deux serait-elle vraiment?» se demanderait-on. On ne peut pas s'imaginer une conscience qui se scinderait ou se dupliquerait de sorte qu'à partir d'une on en aurait deux. «L'une des deux serait nouvelle et l'autre la même qu'avant…» penserait-on intuitivement.

Mon point ici est simplement d'exprimer que la conscience étant le programme de perception du monde, elle échappe elle-même à sa propre loupe. Et, que les biais que j'associe à cet état de fait sont très certainement la cause des attributs que pratiquement toutes les cultures associent à l'âme. Cette croyance universelle que l'on retrouve dans toutes les traditions serait donc la conséquence d'une inclination inhérente au fonctionnement de notre conscience (en plus d'être un inhibiteur pratique contre notre quête de sens).



L'«âme» (ou l'esprit) c'est un mot qu'on utilise pour désigner l'ensemble des activités du cerveau. Mais ce n'est qu'un phénomène du corps au même titre que la respiration et la digestion. On pourrait faire la même chose avec un autre organe et inventer, par exemple, le mot «hépatessence» pour désigner l'ensemble des activités du foie… puis se mettre à croire que l'hépatessence est immatérielle, qu'elle survit à la mort du corps et va dans un paradis de bile pure. On ne peut pas extraire l'esprit du corps, pas plus qu'on ne peut extraire la vitesse d'un guépard, la petitesse d'une fourmi ou la beauté d'un coucher de soleil.
 

Je pense donc je suis

Le philosophe René Descartes (1596-1650) a introduit l'idée du doute systématique, c'est-à-dire l'exercice philosophique d'essayer de douter de tout ce qui peut l'être. Descartes remis ainsi tout en question dans sa tête mais se buta à un cul-de-sac lorsqu'il réalisa qu'il ne pouvait pas douter du fait qu'il est en train de douter. C'est le cogito ergo sum, «Je pense donc je suis». Mes sens pourraient me tromper, ma vie pourrait n'être qu'un rêve, mais comme je suis indéniablement en train de penser à ça, il est clair que j'existe. J'en ai parlé précédemment.

Il y a des choses que j'ai trouvées dommages dans la suite de sa réflexion que l'on peut lire dans Discours de la méthode. D'abord il saute un peu sur des conclusions hâtives en faisant un raisonnement que je pourrais paraphraser en : «Puisque mon esprit existe irréfutablement pour lui-même, mais que mon corps pourrait être une illusion, alors j'ai nécessairement une âme qui existe indépendamment de mon corps.» Ce qui n'est, bien sûr, pas nécessairement le cas.

Ensuite les choses empirent. Il nous sort que Dieu existe irréfutablement – je pense qu'il dit «Puisque Dieu est parfait, c'est qu'il existe!» – et qu'il est infiniment bon donc qu'il ne nous trompe pas donc que le monde existe (!). Ensuite, il nous dit que les humains ont tous des âmes immortelles qui sont connectées au corps par l'épiphyse mais que les autres animaux sont des automates créés par Dieu qui imitent les réactions de douleurs quand on les abîme mais qui ne ressentent strictement rien. Bref, un petit relâchement dans la rigueur de sa réflexion…

Donc, comme j'ai dit, je trouve dommage qu'il finisse son discours comme ça parce que son postulat de départ sur le doute est l'une des bases de la pensée scientifique. Mais je vais lui donner le bénéfice du doute : Peut-être craignait-il l'Inquisition ou la censure? Ce ne serait pas surprenant à son époque. Après tout, Discours de la méthode était à l'origine l'introduction d'un livre qu'il a finalement choisit de ne pas publier (sauf quelques fragments). Peut-être a-t-il délibérément trafiquée sa propre réflexion pour accommoder le clergé en disant que Dieu existe et que l'humain se distingue des bêtes par la présence d'une âme immortelle. On ne le saura jamais. Une chose est sûre : si ce texte avait été plus rationnel, il ne se serait peut-être pas rendu jusqu'à nous.