J'ai réfléchi sur l'instinct des animaux. Je me suis demandé ce que ressentait au juste l'animal lorsqu'il suit son instinct. Se sent-il «esclave» de celui-ci, comme on pourrait le croire en lisant certains philosophes? Est-ce plutôt comme un savoir ou un souvenir avec lequel il viendrait au monde?
L'erreur que l'on fait c'est encore de voir l'animal comme quelque chose de foncièrement différent de l'humain (raisonnement spéciste). Mais tout est en continu. Un organe complexe hyperspécialisé chez une espèce aura un analogue atrophié chez une autre. Nous avons donc sûrement en nous des vestiges d'instincts sous-développés.
Par exemple, le fait que l'on considère comme attirante l'odeur des fruits pourrait être considéré comme un proto-instinct nous dictant de manger des fruits. Le fait d'être répugné par l'odeur de nos excréments amène le comportement d'enfouir (ou de flusher) ces derniers. Le fait que la viande crue soit répugnante mais que la cuite soit attirante impose le comportement de cuisson de la viande. Et ainsi de suite.
L'animal vît sûrement son instinct de la même façon. Sauf qu'il ressent l'envie viscérale de faire quelque chose de plus précis et compliqué. Par exemple, l'oiseau va se dire «Tiens, j'ai le goût de ramasser des petites branches et de les rassembler pour construire un nid!» Mais encore là, le produit final de son œuvre, ainsi que sa fonction, ne sont peut-être pas «prémédités» par la conscience de l'animal. Disons qu'en voyant un arbre, le castor se dise «Je feelerais pour gruger moi-là…» et qu'en voyant l'arbre tombé sur le sol, il se dise «Il me semble que je le garocherais dans l'eau!» et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait construit son barrage. Même chose pour l'araignée qui n'a sans doute pas en tête un plan détaillé de sa toile avant de la construire mais qui, à chaque fois qu'elle y place un fil, ne fait que réagir intuitivement à l'agencement des autres fils déjà en place.
Bref, un comportement instinctif serait en fait composé d'une série d'actes impulsifs (les bêtes n'ayant pas de conventions culturelles pour les inhiber). Chacun d'entre eux étant déclenché par l'accomplissement du précédent, et le tout étant programmé par la sélection naturelle pour accomplir une tâche complexe bénéfique pour la propagation des gènes de l'individu. Ce dernier percevrait son comportement instinctif comme un geste spontané qu'il accomplit en toute liberté.
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