vendredi 17 avril 2009

La simili-viande

Je vous ai déjà confessé mon végétarisme et je vous en ai donné les fondements éthiques. En vertu de ce choix alimentaire, il m'arrive fréquemment de consommer une catégorie d'aliments que l'on nomme «fausses viandes» ou «simili-viandes». Ce n'est pas du tofu. Ce sont des produits imitant les charcuteries traditionnelles mais n'étant composé que d'ingrédients végétaux comme du blé et du soya. La plupart de ces produits sont fabriqués par la compagnie Yves' Veggie, vous pouvez les voir sur leur site ainsi que connaître leur valeur nutritive. Souvent, ils sont nutritionnellement mieux cotés que leurs équivalents animaux.

Cette gamme de produits est très pratique. Par exemple, si je suis invité à un barbecue, je n'ai qu'à apporter mon paquet de saucisses «veggie dog» pour pouvoir maintenir mes choix alimentaires sans pour autant subir l'exclusion sociale (même si je vais inévitablement être victime de moqueries et de commentaires désobilgeants). Ou, simplement, si je manque d'imagination pour composer des plats végétariens, je puis faire une recette traditionnelle familiale en substituant le steak haché par du «faux bœuf haché».

J'entends souvent la même objection par rapport à ces produits. Elle me fait rire intérieurement tant elle me semble insensée quand on y pense comme il faut, même si elle a l'air logique si on l'écoute distraitement. Ça va comme suit :
« Moi je mangerais jamais ça de la fausse viande… Tant qu'à manger du faux aussi bin manger du vrai! »

On appelle ça de la fausse viande parce que ce n'est pas de la viande mais que ça a pour but d'occuper la même niche gastronomique. Ça sert à remplacer la vraie viande comme ingrédient dans les recettes. Cela ne rend pas ce produit «faux» pour autant. Il existe réellement! Et sa valeur nutritionnelle aussi. Ce n'est qu'un nom. Si l'on décidait d'appeler le chocolat du simili-caca, je ne pense pas que personne ne se mettrait à se délecter d'excréments en me disant «Tant qu'à manger de la marde, autant en manger de la vraie!»

+++ la portion qui suit est un ajout du 20 novembre 2009 +++

J'entends également parfois un autre commentaire à propos de la fausse viande. En plus de ceux qui me disent qui ne comprennent pas pourquoi je mange de la fausse viande plutôt que de la vraie, il y a ceux qui me disent :
«Si tu manges de la fausse viande c'est que, en quelque part, tu reconnais que la viande c'est bien.»

J'ai essayé de donner une version synthétique de cet argument mais, en gros, l'idée c'est que consommer de la fausse viande confirme qu'il faut manger de la viande, ou que la viande goûte bon, ou qu'on ne peut s'en passer, ou qu'elle est supérieure aux mets végétariens, etc. C'est un argument que l'on peut entendre autant de la part de non-végétariens que de végétariens ne mangeant pas de simili-viande.

Dans la perspective d'une éthique utilitariste, ce type d'argument n'a aucun sens (j'ai moi-même de la difficulté à en saisir le sens tant il me semble creux...). À moins de considérer que ce qu'il y a de non-éthique dans la consommation de viande c'est le fait de prendre plaisir à goûter le fruit de la souffrance animale (ce qui se défend moyennement...) et qu'en goûtant une imitation de ce produit on se souille autant qu'en goûtant l'original (ce qui m'apparaît indéfendable). Personnellement, c'est la souffrance elle-même que je considère indésirable et c'est le fait de créer une demande pour causer cette souffrance que je considère répréhensible.

Donc la consommation de simili-viande ne vient d'aucune façon affaiblir, ni même attaquer, les fondements de mon végétarisme. Le «mal» ne réside pas dans la viande mais dans la souffrance. Si l'on produisait en laboratoire de la vraie viande à partir de culture de cellules animales, je n'aurais aucune objection éthique à en consommer.

5 commentaires:

  1. Premièrement je trouve ta dernière comparaison un peu trop loin pour rien. C'est un peu insulter le monde qui ne sont pas d'accord avec ta vision en leur disant de manger de la merde. Je crois que tu interprète mal la phrase que tu cite. Je te donne un exemple. Si ont sortais sur le marché un simili-brocoli ou une simili-tomate. Tu va me dire... hum... personnellement tant qu'à avoir un brocoli dans mon assiette j'aime mieux avoir un brocoli qu'un substitut qui ressemble à un brocoli. La différence entre les deux cas, c'est que dans TES valeurs, tu considère qu'on ne devrait pas manger de viande. La simili-viande devient donc une bonne alternative puisque ce n'est pas tant le gout, l'allure ou la valeur nutritive de la viande qui fait que tu n'en mange pas, mais ton éthique. Prenons une personne qui dans ses valeurs, prône de ne pas manger de légumes pour une raison quelconque basé sur son éthique. Pour lui le simili-brocoli sera une bonne alternative puisqu'il lui permet tout comme toi avec la simili-viande d'avoir tout les avantages du brocoli sans agir contre ses valeurs. Pour quelqu'un qui mange de la viande, quand il mange de la viande, il veut manger de la viande, pas un substitut de viande. Comme tu le disait dans ton billet sur le relativisme culturel, tu devrais voir cette phrase dans la position de celui qui l'a dit et non dans la tienne. Je crois pas que cette objection soit dites pour te dire que tu est dans le tort, mais seulement pour dire que pour eux ce genre de produits leurs sont aussi logique qu'un simili-brocoli.

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  2. Les valeurs n'ont pas d'importance. Le point est que le fait que cette chose porte l'épithète de «simili» ne change rien à sa nature profonde.

    Les questions à se poser sont «Qu'est-ce que ça goûte?», «Quelle est sa valeur nutritive?», «Est-ce que ça contient des éléments mauvais pour la santé?» et même «Est-ce produit en respectant mes valeurs?» mais pas «Est-ce du vrai??» qui me semble une question creuse.

    Donc si je découvre un aliment nommé «simili-brocoli» et qui, pour une raison quelconque (éthique, gastronomique, nutritionnelle, etc.) m'apparaît «mieux» que le vrai brocoli, je vais naturellement en consommer sans le rejeter sur la seule base de son origine «simili». C'était le point.

    L'analogie scatologique avec le «simili-caca» ne servait qu'à démontrer que le nom de l'aliment a moins d'importance que ses attributs intrinsèques.

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  3. Justement,
    Viande = viande
    simili-viande = produits végétaux
    Il s'agit donc de deux entités distinctes. Sauf que, le deuxième est fait dans le but d'imiter le premier. Imaginons 4 produits:
    -Boulette de steak haché
    -Boulette de simili-steak haché
    -Boulette de blé et de soya
    -Boulette de simili-blé et de simili-soya

    On s'entend que le 1er et le 4ieme ainsi que le 2ieme et le 3ieme sont en fait identiques et c'est simplement le nom qui change. Quelqu'un arrive à l'épicerie pour acheter des boulettes de steak haché. Il va arrivé devant les quatre et se dire. Ce que je veux c'est du steak haché... pas du blé et du soya... à quoi bon acheter les boulettes de simili-steak haché fait de blé et de soya si ce que je désire c'est des boulettes de steak haché et que ce produit est disponible devant moi. Il ne vient pas dire que l'autre est mauvais ou porter un jugement, il dit ce que je veut est là, je le prend. Si quelqu'un arrive et lui ce qu'il veut c'est des boulettes de blé et de soya, il va acheter la boite de boulette de blé et de soya pas celle de simili-blé et simili-soya fait avec de la viande. Donc si quelqu'un qui dit je mangerais pas de fausse viande puisque ce n'est pas de la viande et moi ce que je veut c'est de la viande, il a raison. Mais cette même personne pourrait acheter des boulettes de blé et de soya si c'est cela qu'elle voulait.

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  4. Non c'est pas ça le problème.

    Ce que je reproche c'est quand quelqu'un me dit « Ah moi si jamais je devenais végétarien, jamais je mangerais de fausse viande! » ou, à l'inverse, quand il me dit : « Bin tant qu'à manger de la fausse viande, pourquoi tu manges pas de la vraie viande? »

    Je ne suis pas en train de dire à mes innombrables lecteurs - haha! - qu'ils devraient systématiquement remplacer la viande par la simili-viande. Je dis simplement qu'il me semble absurde de mettre un tabou sur ces aliments pour la seule raison de leur statut de «simili». Mais si quelqu'un me dit «Ça goûte la marde! J'aime mieux le vrai bacon!» là c'est pas la même chose.

    Dans la phrase que je citais : « Moi je mangerais jamais ça de la fausse viande… Tant qu'à manger du faux aussi bin manger du vrai! » mon objection portait sur la deuxième partie : « Tant qu'à manger du faux aussi bin manger du vrai! »

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  5. Je suis d'accord sur ce dernier commentaire, sauf peut être pour celui qui dit: « Ah moi si jamais je devenais végétarien, jamais je mangerais de fausse viande! ». Si son végétarisme serait causé par le gout ou par l'apparence de la viande, il est normal de penser qu'il ne voudra pas manger de fausse viande. Par contre, si il est basé sur les mêmes raisons que toi, c'est en effet discriminatoire pour les aliments nommé "simili".

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