Je définis l'altruisme comme le fait de considérer les intérêts des autres, non pas en raison d'une empathie intuitive, mais en vertu d'une compréhension rationnelle du fait que l'autre est, comme moi-même, un être ayant des buts et des besoins. L'autre est un autre moi. Donc l'altruisme c'est l'extension à autrui de notre motivation intuitive à rechercher le bonheur.
Pour moi, l'altruisme (rationnel) est en tout point supérieur à l'empathie (intuitive) en tant que moteur éthique. Fondamentalement, celui qui ne fait pas de mal aux autres que par empathie peut n'être qu'un égoïste. Puisqu'il ne s'en abstient pas pour éviter une douleur à l'autre mais bien pour s'éviter à lui-même la douleur psychosomatique collatérale qu'il ressentirait involontairement en voyant l'autre souffrir.
L'empathique égoïste ne sera pas capable de chicaner ses enfants; il se sentira coupable de les voir tristes. Il n'aura cependant aucun scrupule à acheter des produits fabriqués par des enfants du Tiers-Monde. Et ce, même s'il en est avisé. Car, ce n'est pas sa raison qui est invoqué lorsqu'il s'abstient de faire souffrir ses enfants, c'est uniquement une pulsion viscérale.
L'empathique n'aura aucun remords à se délecter de la carcasse d'un porc s'il est dénaturée et scellé dans une barquette de styrofoam. Par contre, seul sur une île déserte avec des cochons sauvages, il se laissera mourir de faim plutôt que d'avoir à tuer lui-même ses proies.
Parfois on peut faire souffrir quelqu'un pour son bien. Un médecin est sans doute souvent confronté à ce genre de situation où il doit infliger une douleur à son patient pour traiter sa maladie. Son intuition d'empathie entrera donc en conflit avec son altruisme. Il devra donc accepter de souffrir d'empathie parce que son but est bel et bien d'aider son patient.
Bref, cessez d'être empathiques, soyez altruistes!
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