vendredi 13 mars 2009

L'évolution de la langue écrite

On a fait passer des tests de français à des étudiants universitaires en enseignement. Il s'est avéré que le trois quart de ces personnes ont échoué ledit test (référence). Cette piètre performance dans la langue écrite semble généralisée – et bien pire – dans le reste de la population. Il est pratiquement impossible de trouver un document en français de plus d'une page qui ne contienne aucune faute.

Les solutions proposées pour régler cette gênante situation sont généralement d'imposer encore plus de cours de français aux élèves du primaire et du secondaire. Toutefois, cette mesure à laquelle on a souvent eu recours ne semble pas avoir eu d'impact réel jusqu'à présent. Nous devrions nous attaquer plutôt à la source du problème. Elle ne réside pas dans la paresse des étudiants ni dans une lacune au niveau du système scolaire. Le problème se situe plutôt dans la structure même de notre langue. En effet, le français écrit est bien loin du français oral. Tant au niveau de la syntaxe que du lexique, de l'orthographe et de la grammaire. Pas étonnant que les jeunes aient tant de difficultés à apprendre à écrire, on leur enseigne au fond une langue qui n'est pas la leur. Il n'est pas normal que l'on passe onze ans de notre vie à apprendre notre soi-disant langue maternelle et que l'on fasse encore des fautes.

Il faudrait cesser de sacraliser la langue écrite. Elle ne nous a pas été dictée au début des temps par une divinité quelconque, elle fut inventée un jour par un humain dans un tout autre contexte. À une époque où la langue orale différait de la nôtre, où les grammaires les plus compliquées étaient les plus prestigieuses et où les scribes et copistes étaient payés au caractère. La langue est – comme tout phénomène social – dynamique. Le purisme (conservatisme) linguistique est une croisade vaine. La langue orale va continuer de se transformer et l'écrit devra la suivre un jour ou l'autre s'il veut demeurer utilisable.

Faisons une petite enquête historique. Dans l'Antiquité, les Romains parlaient latin mais écrivaient en grec car ils disaient qu'ils parlaient mal. Au Moyen Âge, les Français parlaient français mais écrivaient en latin et disaient qu'ils parlaient mal. Aujourd'hui, les Québécois parlent québécois mais écrivent en français et disent qu'ils parlent mal. L'histoire se répète. Devinez la suite…

La langue écrite est tout simplement inadaptée à la langue orale et comporte nombre d'exceptions qui n'ont aucune logique et qui sont difficiles à assimiler puisqu'elles n'ont pas d'incidence sur l'oral. Il ne faut pas voir une simplification de la langue écrite comme un « nivellement vers le bas » puisque l'actuelle complexité de la langue écrite ne nous apporte rien. Ce n'est pas une richesse. Elle n'est pas nuisible qu'au « bas » mais à tous ceux qui apprennent et utilisent cette langue. Nous faisons tous des fautes et nous avons tous dû apprendre le français.

Bref, si nous voulons éviter que la génération suivante ne gaspille son temps, comme nous l'avons fait, à apprendre une langue qu'elle ne maîtrisera jamais parfaitement, nous devons songer à réformer l'écrit. Il faut moderniser et démocratiser notre langue écrite.

1 commentaire:

  1. Cette position est très près de la mienne que je développe dans un billet sur mon blogue -> http://lebarbareerudit.wordpress.com/2009/09/27/obsession/

    C'est ce que je défends par l'expression « la langue appartient à ses locuteurs ».

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