mercredi 21 janvier 2009

L'allégorie de la flèche empoisonnée

C'est une parabole utilisée par Bouddha (624-544 av. notre ère) dont j'aimerais vous faire part et que j'aimerais commenter. Je vais la formuler dans mes mots.
Si un homme reçoit une flèche empoisonnée, il va d'abord tenter de se soigner. Retirer la flèche, désinfecter la plaie et trouver un antidote au poison seront légitimement ses priorités. Mais imaginez que l'homme se dise : «Je refuse de me faire soigner tant que je ne sais pas précisément qui m'a tiré la flèche, pourquoi il me l'a tirée, de quelle région il est originaire, de quelle couleur sont ses yeux, etc.»

Ce que Bouddha voulait nous dire avec cette fable, c'est qu'il y a des questions plus essentielles que d'autres et qu'il y en a même dont la réponse nous est inaccessible et sans importance. Les questions métaphysiques ne sont finalement que triviales. Par exemple, «Qui a créé l'Univers?» ou «Qui a-t-il après la mort?» sont des questions vaines puisque l'on ne peut y répondre.

Par ailleurs, Bouddha nous rappelle également que les réponses potentielles à ces questions ne devraient pas avoir d'impact sur la vie d'ici-bas. L'existence de la souffrance et le fait qu'elle soit désagréable sont des faits attestés. On peut échafauder une éthique sur cette seule base, sans avoir besoin de faire intervenir un hypothétique démiurge ou une éventuelle vie après la mort.

3 commentaires:

  1. D'où tires-tu cette allégorie? Je serais intéressé à la lire intégralement et à lire autour.

    "L'existence de la souffrance et le fait qu'elle soit désagréable sont des faits attestés."

    Oui, bien sûr, mais l'existence de la souffrance des autres et le fait qu'elle soit désagréable pour moi sont encore loin d'être attestés pour plusieurs.

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  2. Réponse à Simon :

    J'ai lu cette allégorie dans un livre sur le bouddhisme que j'informatisais à ma job mais je ne me rappelle plus lequel (il sort environ deux livres par jour sur le bouddhisme). Ensuite j'ai essayé de la retrouver sur le web mais elle y est toujours de façon fragmentaire donc je ne retrouve pas l'intégral.

    Tu dis «l'existence de la souffrance des autres [est] encore loin d'être attestés pour plusieurs.» c'est la conclusion de mon autre réflexion qui s'intitulait Qu'est-ce que le réel? : Il est plus parcimonieux (donc plus scientifique) de faire «acte de foi» en la réalité du réel et, principalement, au fait que les autres êtres que moi (qui ont les mêmes réactions visibles que moi aux stimuli qui me sont douloureux) soient comme moi des êtres qui ressentent la douleur.

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  3. Ça me fait penser à un texte de David Lapoujade sur William James que je viens de lire :

    "[...] nous croyons tous connaître et penser le même monde, et en parler aussi, parce que nous croyons que nos PERCEPTIONS nous sont communes à tous... [...] Ces actes sont encore vos perceptions, mais qui ressemblent tant à des actes que vous feriez, inspirés par certains sentiments, que vous ne pouvez pas douter que j'aie aussi ces sentiments, autrement dit que le livre est un livre perçu dans nos deux mondes." ([William James] cité dans David Lapoujade 2007, p. 142. ("Confiance et communauté pragmatique", Dans William James. Empirisme et pragmatisme, p. 105-145.) Indication de note de bas de page : Corr., p. 194. À Mme Harry Whitman, 7 juin 1899. Ce qui semble donc être une correspondance de James, mais ce n'est pas clair).

    Ce serait finalement que d'un point de vue pragmatique (James est pragmatique ou pragmatiste, je ne veux pas tenter ici d'expliquer pourquoi ou en quoi), il est plus économe de faire "confiance" (suivant le terme de Lapoujade, James emploi plutôt "foi"). Par "habitude" ou par "confiance", on peut agir dans le monde, sans toujours remettre en question sa réalité.

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