lundi 20 mai 2019

De l'islamophobie

De nos jours, on peut difficilement écrire le mot «islamophobie» sans qu’on nous reproche aussitôt de faire le procès des Québécois (et ce même si on est juste en train de dire que l’attentat de Christchurch est islamophobe). Un des arguments avancés par ceux qui voudraient faire disparaître le terme, et qui le qualifient souvent de mot inexistant, est que celui-ci pourrait être récupéré par des gens qui voudraient nous empêcher de critiquer l’islam en général ou une personne musulmane en particulier, en qualifiant d’islamophobe tout ce qui ne fait pas leur affaire. Un peu comme quand on qualifie d’antisémite toute critique des politiques de l’État d’Israël.

Personnellement, je n’ai jamais vu le terme utilisé en ce sens. Au contraire, j’ai beaucoup plus souvent lu de l’islamophobie pure. Mais peut-être faut-il clarifier le terme pour rassurer ceux qui ont peur de ne plus pouvoir dire qu’ils ne croient pas en la révélation de Mohammed sans se faire traiter de bigot. On peut, je pense, assez facilement faire la distinction entre :

  • Critiquer ou remettre en question les fondements scientifiques ou l’éthique d’une croyance ou d’une pratique religieuse,
  • Exprimer de l’hostilité ou de la méfiance à l’égard d’une minorité ethnique qui s’adonne à se définir par son étiquette religieuse.


Il me semble que c’est assez évident. Je pense que l’étymon-clé ici est «phobie». C’est une peur irrationnelle, paranoïaque, d’être d’abord envahi par des musulmans puis d’être forcés par ceux-ci à se convertir à l’islam. Ou plus simplement, la peur d’être tué par des musulmans lors d’un attentat terroriste. Les chiffres sont pourtant rassurants. Les musulmans ne forment qu’une infime minorité (3%) de la population, la majorité d’entre eux sont modérés dans leur croyance, et les projections estiment que leur nombre ne devrait jamais atteindre plus de 14% de la population. Et, statistiquement, si l’on vit en Amérique du Nord, on a beaucoup plus de chances de mourir dans un attentat terroriste commis par un nazi que par un musulman.

Je peux dire que je trouve l’islam absurde. Que l’existence de Dieu ou de la vie après la mort sont des vœux puérils. Que de penser qu’un être anthropomorphe qui aurait créé l’univers impose aux humains un régime et un code vestimentaire définit selon notre anatomie génitale m’apparaît complètement ridicule. Il n’y a rien d’islamophobe là-dedans, je ne fais qu’exprimer mes croyances. Je peux avoir un débat théologique avec un adulte à propos de nos valeurs ou de notre vision du monde, mais si je me réjouis de la mort d’un enfant dans un incendie ou dans un attentat, juste parce que l’enfant en question est élevé dans l’islam, là je suis islamophobe.

Vous voyez la nuance?

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