Voici une fable intéressante que m'a racontée un professeur de psychologie sociale à l'époque où j'étais au cégep. Je vous la rapporte de mémoire, dans mes propres mots. Il paraîtrait que c'est une histoire vécue :
Une femme nous montre sa recette de jambon. Elle le prépare devant nous. Avant de le faire cuir, elle coupe toujours les deux bouts de son jambon. Nous lui demandons pourquoi elle enlève ces deux extrémités bien qu'elles soient parfaitement comestibles. La femme nous répondît : «Je ne le sais pas… j'ai toujours fais comme ça, c'est la recette de ma mère.»
Alors nous allâmes voir la mère de cette femme et nous lui demandons de nous montrer sa recette de jambon. Comme elle s'apprêtait justement à en préparer un pour le souper, elle nous permet de la regarder à l'œuvre. Nous observons et constatons qu'elle aussi coupe les deux bouts de son jambon avant de le mettre au four. Nous lui demandons pourquoi. Elle nous répond : «Je ne le sais pas… j'ai toujours fais comme ça, c'est la recette de ma mère.»
Fort heureusement, la mère de cette dame était toujours en vie bien que d'un âge avancé. Nous allâmes à sa rencontre dans la résidence pour personne âgée où elle vît. Nous lui parlâmes de sa recette de jambon et lui demandâmes la raison pour laquelle il faut en tronquer les extrémités avant de le mettre au four. Elle nous répondît : «Mais pas besoin de couper les bouts! Moi je faisais ça juste parce que mon chaudron était trop petit…»
Cette parabole nous rappelle qu'un élément culturel peut passer de génération en génération et demeurer intact même s'il perd sa raison d'être initiale. En anthropologie, on appelle ça une
survivance. C'est la démonstration du manque de plasticité de
la tradition par rapport à la
raison.
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