mercredi 28 juillet 2010

Notre histoire

Je trouve personnellement que l'histoire du Québec est particulièrement plate. Mais là-dessus on ne peut pas faire grand-chose, alors ce n'est pas de ça dont je vais vous parler. Je réfléchissais plutôt à la façon dont on nous raconte l'Histoire. Certains détails plus spécifiques m'ont particulièrement agacés dans les cours d'Histoire que j'ai eu au secondaire (c'était dans les années '90 donc ça a peut-être changé depuis…). Voici donc quelques unes de mes objections:

  • Personnellement, j'abolirais l'usage du «nous» dans les cours d'Histoire. Un pronom à la première personne doit normalement inclure la personne qui parle. L'utiliser pour parler d'un groupe de gens qui sont morts il y a des siècles m'apparaît comme une impropriété. On devrait dire «eux», ils sont extérieurs au groupe sujet. Le professeur ne devrait pouvoir dire «Les Anglais nous ont battu sur les plaines d'Abraham.» si ni lui ni ses élèves ne se trouvaient sur les plaines en 1759. L'usage du «nous» en histoire ne sert que l'idéologie en nous faisant passer des inconnus d'une autre époque pour des gens proches de nous.
  • Ensuite, je trouve que l'on devrait éviter de désigner les premiers colons français comme étant «nos ancêtres». C'est accorder une trop grande importance au «lien du sang» et c'est être complètement déconnectée de la réalité moderne puisque la moitié de la classe n'aura pas d'ancêtre au Québec à cette époque. Moi-même mon patronyme est d'origine irlandaise et n'est arrivé ici qu'en 1840. Si l'on remplaçait ce rapport de filiation par un rapport de succession, l'Histoire m'apparaît plus inclusive et plus réaliste. Qu'importe si les colons français étaient nos ancêtres ou non, ils étaient indubitablement nos prédécesseurs. Cela nous permettrait également de faire remonter cette «lignée» jusqu'à ses origines autochtones, et de ne pas nous contenter d'y inclure les apports français mais aussi ceux de toutes les autres cultures ayant immigrées dans notre province depuis. Que j'aie des origines françaises, autochtones ou issues d'une vague de migrations très récente, si je vis au Québec les colons français sont indéniablement mes prédécesseurs.
  • Une autre objection, c'est que je trouve que l'on tente trop de démoniser les Anglais et les Iroquois. C'est une conséquence de l'usage du «nous»… Si «nous» sommes les Français de l'époque, alors les Anglais de l'époque sont «nos» ennemis. Pourtant, nombreux sont ceux parmi nous qui ont des ancêtres autant chez les colons anglais que chez les colons français. Et, il serait ridicule de nier les apports importants et positifs de la culture anglo-saxonne au sein du Québec historique et moderne.
  • Finalement, je pense que, dans les cours d'Histoire, on devrait désigner les nations autochtones par leurs endonymes plutôt que d'utiliser les grotesques sobriquets que leur donnaient les Européens ou les autres peuples autochtones. Par exemple, on devrait utiliser le terme «Wendat» plutôt que «Huron» et «Innu» plutôt que «Montagnais».

Bref, je trouve que les cours d'histoire que j'ai reçu au secondaire étaient trop teinté d'interférences nationalistes, voire séparatistes, et j'ai trouvé ça déplacé. Je ne puis qu'espérer que l'Histoire soit enseignée différemment dans les écoles secondaires de nos jours.

5 commentaires:

  1. Je crois que ce ''nous'' sert uniquement de prétexte à la fierté. Comme les fans de hockey l'utilisent trop souvent. Ce qui est drôle dans le contexte de ''notre'' histoire est qu'elle n'a rien de très exceptionnelle

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  2. Oui en effet. C'est comme si en les appelant "nous" on voulait partager le mérite de leurs actions. Et c'est bizarre car, comme tu dis, ils n'ont rien fait de bien exceptionnel. Prolonger notre identité collective dans le passé pour englober des loosers ça ne doit pas être bon pour notre estime collective.

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  3. Pourtant l'Histoire est un concept qui n'a rien d'objectif... Et le «nous» est le peuple Québécois tel qu'il est maintenant, ses fondateurs sont donc des ancêtres au sens symbolique du terme. Un Hongrois immigré qui n'a rien à voir avec les... Iroquois, Anglais ou Français pourrait très bien suivre un tel cours (avec usage du «nous») sans se sentir exclus... Il sait se situer, il a un jugement...

    Par exemple la France, pour eux les Capétiens sont des ancêtres très vagues... comme les Francs, les Vikings, les Celtes etc. L'usage du «nous» n'est pas un problème à la compréhension de l'histoire. Le problème vient plutôt de l'appropriation émotive d'événements passés transposés au présent. C'est juste une histoire de savoir distinguer les différents points de vue.

    Puis l'anthropologie, c'est l'étude du soi, du même point de vue, l'Histoire traite de l'Homme, qu'il soit Japonais ou Grec Ancien, c'est un homme... il n'est pas exclu du grand «nous» collectif...

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  4. Faudra qu'on ait une bonne discussion sur ton opinion manifestement teintée de propagande fédéralisto-assimilatrice.

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  5. Ce qui est intéressant c'est que j'ai fait mes cours d'Histoire du secondaire pendant les années 1990, lorsque le PQ était au pouvoir, et que l'on y intégrait de la propagande séparatiste alors que depuis les années 2000, vu que ce sont les Libéraux qui sont au pouvoir, on fait exactement le contraire. Aux dires de certaines gens que je connais qui enseignent l'Histoire au secondaire, on leur interdit désormais de parler de la crise d'octobre ou de la déportation des Acadiens.

    Bref, peu importe qui est au pouvoir, le ministère de l'éducation se fait un devoir de toujours censurer ou altérer l'Histoire pour servir l'idéologie du Parti au pouvoir.

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