jeudi 26 juillet 2012

Catégories d'entités dans mon éthique

Je vous ai déjà entretenu de ce que l'on appelle «l'échelle de la vie» et de l'influence de cette conception obsolète dans l'éthique de la plupart des gens. On classait autrefois toute chose dans cette hiérarchie unilinéaire et l'on considérait que le Bien était de faire passer les intérêts de ceux qui sont en haut avant les besoins de ceux qui sont en bas.

J'ai choisi de m'inspirer un peu de ce modèle dépassé pour concevoir ma propre échelle. Bien sûr, sa signification et sa forme sont bien différentes. Voici donc mon «échelle» de considérations éthiques:


 J'ai précédemment présenté ma définition d'un être et ce qui le distingue de l'objet. En gros, l'être peut avoir des désirs personnels, tandis que l'objet non. Les formes intermédiaires entre l'être et l'objet sont les systèmes complexes n'ayant pas de conscience propre, dont les machines et les plantes, mais aussi des systèmes composés eux-mêmes d'êtres conscients. Ainsi, les objets et les systèmes inconscients, puisqu'ils n'ont ni désirs personnels ni finalité naturelle, ne doivent être considérés par l'éthique que pour servir les intérêts des êtres – dont ceux qui le composent ou dont ils font partie – tel que je le mentionnais dans ma réflexion sur les droits des objets. L'être et tout ce qui est en aval dans ce réseau de concepts a des désirs, des intérêts propres, et gagne donc le droit à la considération éthique de ces dits intérêts. Notez que la dichotomie vivant/inerte n'apparaît pas dans ce schéma, puisque j'estime qu'il peut y avoir des objets qui sont vivants (les végétaux) et des êtres qui ne le sont pas (disons, une hypothétique intelligence informatique du futur).

Ensuite, je distingue plusieurs catégories d'êtres. J'élaborerai ultérieurement à ce propos, mais il importe de prendre conscience qu'en dehors de la catégorie «personnes» je sépare la bête de la bestiole. C'est un peu dans l'optique d'éventuellement écrire une charte des droits de la bête. Je considère que certains membres du règne animal (que j'appelle les bêtes, c'est-à-dire les vertébrés mais aussi certains céphalopodes) nous ressemblent plus, neurologiquement parlant, et qu'il est par conséquent plus légitime et nécessaire de leur accorder une considération éthique qu'au reste du règne animal (que j'appelle les bestioles, c'est-à-dire les invertébrés). La personne, quand à elle, mérite certains droits de plus que la bête, surtout parce qu'il serait impossible ou absurde de les accorder à cette dernière; le droit à la dignité par exemple, mais aussi le droit de vote ou le droit à l'éducation. En contre partie, elle a elle-même des obligations éthiques qu'on ne peut imposer aux animaux irrationnels.

Je parle de personne plutôt que d'humain car je considère qu'un humain peut ne pas être une personne (un embryon, un cadavre ou un corps vivant en état de mort cérébral, par exemple), qu'une personne non-humaine pourrait exister (un extraterrestre, un robot, un elfe?) et, surtout, que les droits qui nous sont spécifiques devraient découler de notre statut de personne et non de notre statut d'humain. Au sein de la catégorie «personnes» j'établis une distinction entre une personne lucide et une qui ne l'est pas. La première étant celle qui est capable d'anticiper les conséquences de ses actions et, ainsi, de faire des choix éclairés, tandis que la seconde ne le peut pas (par exemple, quelqu'un ayant une déficience intellectuelle). Selon mon éthique, les lucides doivent limiter les libertés des non-lucides et prendre des décisions à leur place, mais seulement dans la mesure où cela est fait pour leur propre bien, et seulement dans les domaines où la personne manque effectivement de lucidité (même les bêtes possèdent un certain niveau de lucidité pour certaines décisions). Je note également que certains non-lucides ne le sont que provisoirement (les enfants, mais aussi une personne sous l'influence de la drogue ou de la dépression par exemple). Pour une telle personne, il importe que lorsque l'on prend une décision à sa place, on ne tienne pas uniquement compte des intérêts de celle qu'elle est maintenant, mais aussi de ceux de la personne qu'elle sera une fois sa lucidité acquise ou retrouvée.

Voilà. Évidemment, le présent billet est très sommaire. Je ne suis pas rentré dans les détails de chacun des points car ceux-ci sont ou seront développés dans d'autres billets. Mon but ici était surtout de présenter ce réseau de concepts qui résume assez bien les relations entre, disons, les différentes catégories d'objets moraux de mon éthique.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire