lundi 20 mai 2019

Pourquoi être contre le voile?

Voici ce que je crois qui se passe.

Des gens, qui se considèrent eux-mêmes comme de bonnes personnes, éprouvent un espèce de sentiment de malaise en face d’une femme voilée ou d’un homme enturbanné. Sachant ne pas être racistes ni intolérants, puisqu’ils n’éprouvent rien de semblable devant un Noir ou un gay, ils rejettent la faute de leur inconfort sur la personne qui se vêt de la sorte… mais un petit doute persiste en eux. Et s’ils étaient vraiment intolérants? Et s’ils étaient de mauvaises personnes? Au malaise initial s’ajoute donc une remise en question de leur propre valeur morale, inconfort encore moins supportable. Conséquemment, pour ne plus avoir à subir ce sentiment désagréable, ils votent des lois pour les aider à avoir le moins possible à interagir avec des voilées et des enturbannés. Ils n’ont rien contre ces personnes elles-mêmes, aussitôt qu’elles enlèvent cette pièce de vêtement exotique, le malaise disparaît. Mais ensuite, pour justifier leur décision, ils utilisent des arguments factices et contradictoires, soit la laïcité ou la crainte de l’islamisation.

La solution n’est donc ni d’argumenter à propos de l’infondé de cette peur de l’islamisation ou à propos du fait que ce n’est pas vraiment ça la laïcité, puisque, de toute façon, ce n’est pas leur vrai mobile. Il n’aide pas non plus de confronter ces personnes en leur disant qu’elles sont racistes puisque, justement, tout ceci est un mécanisme pour fuir l’idée qu’elles seraient racistes. Le souligner ne fera que nourrir leur besoin de se débarrasser des voilées. Le vrai remède serait plutôt de rassurer ces gens quant au fait qu’elles sont de bonnes personnes*, en leur disant que c’est normal d’éprouver un petit malaise à interagir avec quelqu’un présentant un trait que l’on n’est pas habitué de voir, mais qu’éventuellement on finit par s’y accoutumer, et que le sentiment s’en va.

Malheureusement, la loi 21 — et les débats qui en résultent — ne font qu’alimenter le problème. Justifiant l’inconfort de ses partisans envers les minorités vestimentaires, et les campant dans leur position via la réaction de leurs détracteurs qui les traitent de racistes.

Personnellement, je trouve que là où ça va clairement trop loin, où ce n’est plus de la petite xénophobie de malaises mais de l’hostilité pure, c’est quand, par exemple, un habitant d’une région éloignée s’insurge que Montréal veuille être exempt de cette loi parce qu’elle y est difficilement applicable. Bref, lui n’aura jamais à interagir avec des voilées de toute façon, mais il tient tout de même à leur nuire. Là je pense que, oui, on ne peut plus nier qu’il s’agisse d’intolérance.

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 * Je rappelle que je ne crois pas au concept de bonne ou de mauvaise personne, mais c’est malheureusement le paradigme ambiant,et la situation problématique décrite ici en est l’une des fâcheuses conséquences.

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