jeudi 27 juin 2019

Numériser la monnaie

Je pense que l’on est rendu là. Au point où nous sommes, on utilise plus souvent qu’autrement l’argent sous sa forme électronique que de l’argent sonnant. Conséquemment, franchir ce petit pas logique supplémentaire, et juste abolir la monnaie frappée ou imprimée, m’apparaît parfaitement sensé. Que ce soit pour de petites transactions ou de grosses sommes, il est devenu plus pratique de payer par carte, surtout maintenant que l’on a paypass, que de passer régulièrement au guichet.

Je propose donc de :

  • Cesser d’imprimer de la monnaie et n’utiliser que la monnaie numérique; 
  • Cesser d’imprimer un reçu papier à chaque transaction et se contenter d’envoyer une version numérique de la facture; 
  • Cesser de faire des chèques en papier et nous contenter de programmer des virements (ponctuels ou périodiques) mais qui pourraient être visibles à l’avance par leurs bénéficiaires.


Ce ne serait même pas très compliqué à instaurer. Pour le premier point, il s’agirait simplement de ne plus faire payer de frais de service au client d’une banque ou d’une caisse pour l’utilisation de la carte de débit. Pour le reçu de caisse, ce serait déjà un peu moins simple. Comment je vois ça, sur le site de notre banque, chaque transaction comporterait un petit iĉone «+» sur lequel on pourrait cliquer pour voir la facture détaillée. Pour les virements qui remplaceraient les chèques, il s’agirait de permettre à la personne qui fait le virement de cocher une petite case qui ferait en sorte que le bénéficiaire de celle-ci pourrait immédiatement voir que ce paiement s’en vient et à quelle fréquence il reviendra. Il serait toujours possible de l’annuler ou de la modifier, mais alors le bénéficiaire recevrait une notification pour l’aviser de ce changement. Donc, pour payer mon employé ou le propriétaire de mon bloc, je programme ce paiement récurrent.

Évidemment, le fait qu’il existe plusieurs institutions bancaires qui ne sont pas tous en communication les unes avec les autres, sans parler du fait que chaque commerce utilise un système différent de facturation, complique un peu l’idée. C’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire de créer une plateforme commune et unique pour la monnaie. Quelque chose qui ressemblerait au site de Desjardins ou de la Banque nationale mais qui appartiendrait à l’État. Mais je ne parle pas ici de nationaliser les banques. Je dis simplement un compte avec une carte de débit mais sans qu’il n’y ait d’intérêt ou de frais d’utilisation. Avoir de l’argent dans ce compte serait comme d’avoir de l’argent chez soi dans un bas de laine ou de la traîner dans ses poches. C’est de l’argent qui n’est pas placée, pas investie dans quoique ce soit. C’est, littéralement, numériser la monnaie. Les banques privées continueraient d’exister mais devraient tous utiliser cette même plateforme.

Si cette plateforme commune est utilisée par tous les particuliers, toutes les banques et tous les commerces, il sera facile de s’en servir, voire d’en faire un passage obligé, pour le paiement des employés par les employeurs. L’employeur programmerait un virement régulier vers le comptes de son employé. Un petit icone «+» permettrait à l’employé de visualiser combien du montant est prélevé pour ses impôts ou l’assurance parentale.

La plateforme pourrait également avoir un module pour faire son rapport d’impôts. Si chaque transaction comporte un libellé (paye, charité, transport en commun, etc.), le système pourra de lui-même catégoriser nos revenus et nos dépenses, remplir l’ensemble des champs du rapport, et nous dire combien, au final, on doit verser en cotisation.

L’aide sociale, telle que je l’ai décrit dans ma réflexion sur le sujet, pourrait grandement bénéficier d’un pareil outil. Je la faisais fonctionner à la fois comme une sorte de carte de crédit dont le pouvoir était limité à l’achat de biens et services fondamentaux, dont la limite serait le montant requis estimé pour vivre deux semaines, et que l’État se rembourserait à lui-même à la place du bénéficiaire. Pour le loyer, je voyais ça comme un montant du loyer que l’État paierait au propriétaire à la place du bénéficiaire. À la fin de l’année fiscale, le contribuable remboursait une partie de l’aide sociale reçu proportionnelle à ses revenus. Bref, avec cette plateforme, il serait possible d’inclure facilement un module pour avoir un système complexe d’aide sociale.

On pourrait aussi y voir, en un seul regard, tous les fournisseurs de services — publics ou privés — à qui l’on doit de l’argent, en plus de voir nos comptes de toutes les banques et les soldes de toutes nos cartes de crédits. Ainsi, il sera inutile pour Hydro-Québec ou Bell d’entrenir un site pour que je puisse voir et payer le montant que je leur dois. Tout sera au même endroit, sur ce site gouvernemental. Cela facilitera grandement la santé financière des citoyens.

Si l’on peut voir d’avance les entrées d’argent anticipées par les virements programmés que notre employeur envoie sur notre compte, il sera intéressant d’ajouter une fonction pour que l’usager puisse, à l’avance, programmer comment il veut répartir cet entrée d’argent entre ses comptes, dont les comptes des fournisseurs à qui il doit de l’argent. Pour que ses dépenses régulières se payent toutes seules. 

J’ajouterais aussi nombre de fonctionnalités plus spécifiques aux travailleurs autonomes, et d’autres pour les entreprises. J’en discuterai ultérieurement, je ferai un billet long dans lequel je mettrais les détails de l’apparence et des fonctions que j’incluerais dans cette application. Mais j’y vois un énorme potentiel pour contrer le surendettement et le manque de littératie financière.

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