vendredi 27 décembre 2013

Les œuvres de charité

Des statistiques nous rappellent souvent que les Québécois manquent de philanthropie, au sens anglophone du terme. En effet, on va moins avoir tendance à verser spontanément une partie de nos revenus à des œuvres de charité, contrairement aux anglophones pour qui c'est un devoir moral. La raison est culturelle. Pour nous, il va de soi que c'est à l'État (ou au clergé) de redistribuer les richesses, tandis que dans les cultures de tradition protestante, c'est à l'individu d'être charitable envers les moins nantis ou de financer des institutions qui lui tiennent à cœur, comme les université par exemple.

Je pense personnellement que de financer ces causes par l'État est une meilleure solution, mais il y a des aspects du principe des donations à qui je reconnais une certaine valeur. Si les gens peuvent choisir à quelle cause va leur argent, on peut dire que c'est plus démocratique et que ce sont davantage celles qui préoccupent le peuple qui sont financées. Par contre, il y a le désavantage que les causes les plus populaires ne sont pas toujours nécessairement celles qui ont le plus besoin d'argent. Certaines causes moins à la mode ou ayant moins de visibilité médiatique peuvent donc en pâtir. Également, si l'on ne «force» par le peuple à donner, il y a des chances pour que le peuple se montre égoïste et qu'aucune cause n'amasse la somme dont elle a besoin. Autre désavantage, c'est que les organismes privés à but non lucratif doivent quand même se financer et sont donc obligés de conserver une partie des dons pour leurs dépenses. En plus, j'ai l'impression que la rivalité entre organismes nuit à la bonne répartition des sommes, en générant une guerre de publicités par exemple.

Alors voici ma proposition : on crée une société d'État – disons qu'on l'appelle Charité-Québec ou Québec-dons – pour recevoir tous les dons et les répartir selon les besoins réels. Tous ses employés et dépenses seraient payés par l'État, afin que chaque dollars reçu par les donateurs aillent directement dans les causes. Afin de permettre malgré tout une certaine liberté aux donateurs, il serait possible de choisir à quelle catégorie de causes l'argent irait. Par exemple:

  • la médecine,
  • la recherche scientifique (non médicale),
  • l'aide internationale,
  • la pauvreté et l'itinérance,
  • la violence conjugale,
  • l'éducation postsecondaire (autre que médecine),
  • une crise spécifique liée à une tragédie récente,
  • etc.


Toute cause ayant pour objectif d'amasser une somme supérieure à un certain seuil serait tenue de passer par cette société d'État pour recevoir ses dons. Elle demanderait d'avoir d'abord un financement pour sa campagne publicitaire et ses dépenses de base (financé par les impôts) puis recevrait des dons, parmi la somme reçu pour cette catégorie de cause, en proportion de ses besoins par rapport aux autres causes de la même catégorie. Idéalement, il faudrait limité la bureaucratie et permettre aux causes d'être directement réglées par cette société d'État. Aux sommes reçus en dons, l'État pourrait évidemment rajouter d'autres subventions lorsque c'est nécessaire.

Une personne pourrait quand même se faire porteparole d'une cause plus spécifique, mais les dons iraient à l'ensemble des causes de la même catégorie et seraient répartis au sein de la cause selon les besoins. Les défenseurs d'une cause pourraient par contre essayer d'obtenir une dissociation de leur catégorie (pour devenir une nouvelle catégorie distincte), un reclassement ou une double catégorisation s'ils ont des arguments convaincants à présenter.

Mon point ici est juste de démontrer que ce n'est pas nécessairement les Québécois qui ne sont pas corrects de ne pas faire assez de dons. On se fit sur nos élus pour s'occuper des causes sociales, financer les écoles et les hôpitaux, parce que l'on croit que c'est tout à fait possible pour eux de le faire et que c'est précisément dans leur mandat. Et je pense avoir démontré ici que ça serait bénéfique si l'État s'en chargeait davantage (à condition d'être plus transparent dans ses dépenses). Donc ce n'est pas tant l'individu qui devrait changer ses habitudes (bien que, ça serait sympathique de donner plus) que notre système de donations qui devrait être repensé.

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