mardi 8 décembre 2009

Réceptivité ou imagination?

Il semble que les histoires incroyables, allant à l'encontre de notre conception du monde, arrivent toujours aux mêmes personnes. On dit qu'elles sont «réceptives», c'est-à-dire que leurs facultés sensorielles (ou extrasensorielles) sont capables de percevoir des choses que le monde normal ne voit pas.

Mettons. Mais suis-je le seul à trouver louche le fait que les gens «sensibles» aux fantômes ont également plus de chances d'apercevoir un vaisseau extraterrestre? Il me semble que le fait de vivre une expérience surnaturelle ou paranormale (à supposer qu'elle soit réelle) est suffisamment rare pour qu'il y ait très peu de chances que la même personne en revive une autre. Non?

Un autre élément que je trouve étrange, c'est que les gens qui vivent une telle expérience – vision de la Sainte Vierge ou enlèvement par des extraterrestres – sont le plus souvent ceux qui croyaient préalablement en ce genre de chose, ou qui y étaient «ouverts». Et, le plus souvent, si on élague leur témoignage de l'interprétation qu'ils en font, on se rend compte qu'ils n'ont fait qu'associer arbitrairement un phénomène sans explication (lumières étranges dans le ciel, bruits bizarres dans une vieille maison, etc.) avec une explication sans phénomène (les esprits, les extraterrestres, etc.) souvent moins pour expliquer l'un que pour justifier leur croyance préalable en l'autre. Le même phénomène (disons, une lumière étrange dans le ciel) pourra avoir une explication différent selon si le témoin croit plus aux extraterrestres ou aux anges.

Et c'est aussi par hasard, je suppose, que l'on considère que les jeunes enfants, les déficients mentaux, les gens qui sont sous l'influence de la drogue, ceux qui jeûnent ou ceux qui sont seul dans un cloître depuis une semaine sont plus «réceptifs» alors qu'ils sont justement plus susceptibles d'halluciner ou de trop croire leur imagination? N'est-il pas douteux que les gens sceptiques subissent moins d'«expériences extraordinaires» que ceux qui y croient? Sont-ce qu'ils dégagent des énergies négatives rebutant les anges et les extraterrestres, ou est-ce plutôt qu'ils ne sautent pas rapidement sur des conclusions hâtives?

Je vais conclure en citant une énième fois cette merveilleuse phrase anti-miracles de David Hume (1711-1776):
«nul témoignage ne suffit à établir un miracle, à moins que (...) sa fausseté en fut plus miraculeuse que le fait qu'il tente d'établir»

Une hallucination est toujours plus probable qu'une entorse aux lois de la physique. L'existence de la faillibilité de nos sens est avérée, celle des esprits et des extraterrestres non. Que les personnes réceptives aient en fait trop d'imagination ou qu'elles soient plus sujettes aux hallucinations, m'apparaît plus probable - selon le principe du rasoir d'Occam - que la véracité de leur témoignage. L'existence réelle des choses (objectivité) nous est confirmée par le fait que l'on est plusieurs à les percevoir (intersubjectivité), mais si je suis le seul à avoir vu ce fantôme, rien ne me dit qu'il existe en-dehors de mon esprit.

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