La science et l'éthique sont deux choses distinctes. L'une et l'autre répondant respectivement aux questions «Qu'est-ce que le vrai?» et «Qu'est-ce que le bien?», deux des questions canoniques de la philosophie. Malgré tout, peut-on utiliser une méthodologie semblable pour trouver des réponses à ses deux questions? Sur ce blogue, je vous parle principalement du scepticisme scientifique et de l'éthique utilitariste. Pour moi les deux sont interreliés en une même vision du monde. Ils découlent d'une même attitude face à ses deux questions : terre-à-terre, esprit critique, principe de parcimonie, etc. Essayons de démontrer la filiation de ces deux volets de mon blogue.
Disons que j'essaie de me demander ce qu'est le bien en supprimant ce qui est nié par la science. Par exemple, disons que je prends une éthique théologique voulant qu'un péché soit une faute envers autrui, envers soi-même ou envers Dieu. Il m'apparaîtra alors que je puis supprimer de mes considérations les soi-disant fautes envers Dieu (son existence étant indémontrable, le fait qu'il puisse réprouver certaines de mes actions l'est encore plus). Si l'on adopte une attitude scientifique, on ne peut plus dire que telle action est mal simplement parce que Moïse en aurait reçu l'interdiction divine sur le mont Sinaï ou parce que ça ferait pleurer le p'tit Jésus. Bref, toute éthique basée sur des révélations ou sur une conception surnaturaliste du monde entre nécessairement en contradiction avec la science.
Qu'en est-il des autres éthiques qui sont purement philosophique sans référence au surnaturel? Si l'on utilise une éthique qui prend pour pilier un concept abstrait* on doit prouver que cette abstraction existe «scientifiquement» et qu'il y a une raison logique d'en faire la base de notre éthique. Par exemple, dire que le but de l'éthique serait de nous aider à rester «pur» serait antiscientifique puisqu'il n'y a pas de différence tangible entre le corps d'un homme chaste et celui d'un assassin violeur. Même chose pour n'importe quelle autre de ces variables; que ce soit le devoir, la vertu, l'ordre ou un autre concept du même genre. Ce sont des abstractions, des fictions. Le bonheur et la souffrance, par contre, existent empiriquement. Grâce à la science, on peut donc élaguer notre éthique de toute considération arbitraire pour s'en tenir à la règle d'or : «Considérons les intérêts des autres tel que nous voudrions qu'ils considèrent les nôtres.»
La science contribue également à l'éthique en nous donnant plus de savoir et de pouvoir. Dans les temps passés, on considérait généralement la femme, l'esclave et l'étranger comme ayant moins de droits que l'homme libre natif. C'est grâce à la science que l'on a pu montrer l'infondé de ce genre de discrimination, mais cela n'aurait pas suffit à l'abolir. Si l'on a pu libérer les esclaves et les serfs, c'est parce que l'on dispose maintenant de la machinerie pour suppléer à leur travail sans rémunération. Si l'on a permis aux femmes d'accéder au marché du travail, c'est parce que l'on a maintenant les outils pour accomplir plus rapidement les tâches ménagères et la préparation des repas. Bref, il faut non seulement que l'on sache que cette discrimination est sans fondement, mais il faut également que l'on ait une alternative nous permettant de l'éviter. Ces deux préalables sont comblés par la progression de la science. La prochaine étape sera l'élimination du spécisme, puisque l'on sait maintenant que les bêtes souffrent comme nous (grâce à la biologie et à l'éthologie) et que l'on peut de plus en plus nous passer d'elles tant pour nous habiller que pour nous nourrir ou pour l'expérimentation scientifique.
Finalement, la science nous permet également de voir à plus long terme donc d'anticiper que nos gestes présents auront un impact sur le bonheur et la souffrance dans le futur. Je pense à notre conscience environnementale par exemple. C'est grâce à la science que l'on sait maintenant que les activités humaines ont un impact sur les écosystèmes et le climat.
Bref, le scepticisme scientifique tel que je le conçois va de pair avec l'éthique utilitariste que je prône. Pour moi l'un ne va pas sans l'autre.
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*telle que la souillure et la pureté, le devoir ou la vertu, la loi et l'ordre, la valeur, la hiérarchie, le sacrifice, l'honneur, la justice, le mérite, les principes, la propriété, la dignité, des catégories, la vengeance, le respect de la tradition ou celui de l'ordre naturel des choses.
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