dimanche 23 janvier 2011

Les transports en commun

C'était le deuxième jour de janvier. Je revenais de la parenté, sur la rive sud, et je m'apprêtais à prendre le métro de Longueuil pour rentrer à Montréal. Je constate alors qu'il y a une énorme file d'attente devant le guichet. Je me dis en moi-même: «Regarde-moi la gagne de caves qui n'ont pas acheté leur passe d'avance… moi ça fait deux jours que je l'ai.» Mais en arrivant au tourniquet, je m'aperçois avec stupéfaction que ma carte n'y fonctionne pas. La dure réalité me frappe alors de plein fouet: Longueuil a décidé de suivre le mauvais exemple de Laval en demandant une passe distincte de celle de Montréal (et qui coûte presque le double du prix), sans quoi elle charge les billets le plein prix, comme si l'on avait pas de passe du tout. Même quand Laval a décidé ça au début, j'avais trouvé ça dommage puisque je me disais que cela n'incitait pas les Montréalais à visiter Laval, ce qui aurait pu représenter quelque chose de positif pour l'économie de la ville. Par ailleurs, Laval au moins a plusieurs stations ce qui fait que l'on peut utiliser le métro pour aller de Laval à Laval, tandis que l'unique station de Longueuil ne sert qu'à aller à Montréal... il me semble ridicule de payer une passe le double du prix pour n'avoir accès qu'à une seule station de plus.

En y réfléchissant bien, je me disais que le transport en commun devrait être gratuit. C'est-à-dire, que l'on devrait tous le payer indirectement via nos taxes et nos impôts plutôt que de nous acheter des billets ou des passes mensuelles. En fait, ce serait l'inverse du principe de l'utilisateur-payeur: tout le monde financerait le système de transports en commun et il ne servirait qu'à une certaine partie de la population. Je pense que cela inciterait plus de gens à utiliser le transport en commun plutôt que leur voiture. En ce moment, si je paye déjà toutes les dépenses inhérentes au fait de posséder une voiture, je ne serais pas tenté de payer en plus une passe de métro. Mais avant de rendre le transport en commun gratuit, plusieurs petites mises au point devraient être faites. On devrait:
  • Être en mesure d'accueillir beaucoup plus d'usagers, surtout aux heures de pointes.
  • Élargir le territoire desservis et augmenter le nombre de voyages. Il me semble que dans certains cas, remplacer un autobus qui passe aux heures pas deux minibus qui passent aux demi-heures serait plus commodes.
  • Trouver des façons d'éviter les perpétuelles interruptions de services ou de mieux les gérer.
  • Offrir des services de taxibus pour les territoires plus éloignées des arrêts d'autobus. Il suffirait de s'inscrire pour obtenir deux voyages gratuits par jour (l'aller et le retour) pour nous mener du coin de la rue jusqu'à l'arrêt d'autobus le plus proche. Ce taxibus pourrait prendre plusieurs passagers par voyage. C'est l'absence de ce genre de navette qui contraint les gens à posséder un véhicule. Et, une fois qu'ils en ont un, il est plus tentant pour eux de l'utiliser pour tout le trajet plutôt que de se stationner à un arrêt d'autobus.
  • Transformer les cabines d'arrêts d'autobus afin qu'elles soient chauffées et confortables.
  • Que les autobus soient des véhicules hybrides ou électriques.
  • Qu'ils y aient davantage d'entreprises de covoiturage telles que Communauto. Peut-être s'inspirer du bixi pour créer un système semblable avec des voitures.
  • Mettre davantage de stationnements à proximité des stations de métro ou des principaux arrêts d'autobus, et qu'ils soient gratuits.

Bref, il faut que le transport en commun puisse devenir réellement une alternative à la voiture. Cette dernière ne seraient alors plus utilisées que dans de rares situations, de sorte qu'ils ne soient plus pertinent d'en posséder une. De la façon dont je vois ça, une société moderne devrait mettre tout en œuvre pour développer son système de transport en commun afin de le rendre accessible, écologique et efficace. Je pense que c'est là qu'est l'avenir du transport.

5 commentaires:

  1. Je suis parfaitement d'accord avec toi! J'ajouterais qu'il y aurait une certaine économie d'argent faite sur les systèmes de paiement. Au lieu de payer toutes ces affaires de billet, etc... on pourrait alors se concentrer sur les choses que tu as pointées pour améliorer le service.

    En fait, le transport en commun me semble tellement essentiel aux cités modernes qu'il faudrait un investissement à la mesure de sa pertinence. Si on veut vraiment chasser la voiture de la ville, il faut une alternative qui offre les mêmes qualités.

    Un documentaire sur le transport en commun à Radio-Canada avait présenté un responsable du transport en commun berlinois qui disait les choses clairement : pour lui, c'était le transport public contre la voiture. Je pense qu'on devrait avoir le même état d'esprit.

    Je note aussi une chose intéressante. Berlin et sa zone métropolitaine sont assez semblables à Montréal. La différence la plus importante est en rapport avec les transports collectifs. Ici, à Montréal, 1 personne sur 4 utilise le transport collectif (et 3 sur 4 la voiture). À Berlin, c'est l'inverse. Intéressant, non?

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  2. Commentaire très pertinent Gabriel. Moi aussi je me rappelle vaguement d'avoir vu ce documentaire. Si jamais je le retrouve sur internet, j'ajouterai un hyperlien ici.

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  3. En tant qu'usager des transports en commun, je suis entièrement d'accord... Je trouve ça aberrant, le matin, de voir des fils de voitures embouteillées (y compris des monospace) avec une seule personne dedans. S'ils étaient tous en bus, le trafic serait parfaitement fluide, et la ville serait mieux desservie pour faire face à la demande. C'est gagnant pour tout le monde.

    Cependant je ne pense pas que ce soit facilement réalisable, politiquement parlant.
    - les transports en commun sont déjà largement subventionnés, et les tickets coutent moins cher que ce qu'il couterait si les transports appartenaient à des compagnies privées
    - Beaucoup de gens trouvent qu'ils paient déjà trop d'impôts et ne souhaitent pas prendre les transports en commun (par exemple s'ils habitent en pleine campagne : ils trouveraient ça injuste de payer pour les citadins).

    Mais dans l'idée, c'est clair que si les transports étaient gratuits, et donc plus développés, ça aurait d'énormes avantages.

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  4. Il n'est pas nécessaire d'attendre que le transport en commun Montréalais soit plus développé pour adopter la gratuité. L'exemple de Sherbrooke est éloquent.

    À l'automne 2004, l'Université de Sherbrooke a commencé à offrir une carte étudiante qui sert de passe de bus. Devenant ainsi un frais afférent à ses frais de scolarité, les étudiants ont bénéficiés d'un transport en commun "gratuit".

    Le succès de la mesure fut-elle qu'elle força le transport à amélioré sont service suite à l'afflut de nouveaux usager.

    L'utilisation fait apparaître les faiblesses et l'engouement justifie qu'on les corrigent.

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  5. @Q

    Tu soulèves un point. Les gens vivant dans les régions non desservies par le transport en commun risquent d'y voir, avec raison, une injustice si cette gratuité est financée par leurs impôts. S'il est défendable de faire payer quelqu'un pour un service qu'il n'utilise pas, il serait injuste de faire payer quelqu'un pour un service qu'on ne lui offre même pas.

    Il faudrait peut-être s'arranger pour que les contribuables financent les transports en commun d'une façon proportionnelle aux services de transports disponibles dans leur région. Par exemple, si c'est financé par les municipalités plutôt que par le gouvernement provincial.

    @Druca

    Exemple intéressant. Peut-être en effet que l'on pourrait faire les choses dans cet ordre. Toutefois, pour avoir utilisé le transport en commun de Montréal et celui de Sherbrooke, je puis dire qu'il y a déjà un fort engouement pour le transport en commun à Montréal mais que celui-ci ne suffit pas à pousser la STM à améliorer leurs services (peut-être faute de moyen). En fait, le métro est déjà pas mal rempli d'usagers et si on le rendait gratuit tout de suite, sa clientèle risque d'être bien supérieure à ce qu'il peut supporter.

    Mais pour les villes extérieures à la région métropolitaine, c'est très certainement un exemple intéressant à suivre. Si les transports en commun locaux de chaque municipalité étaient gratuits (financer par la ville), sans doute que leurs habitants les utiliseraient plus et pourraient ainsi émettre des rétroactions afin d'améliorer le service.

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