«Que vît-on après la mort?»
«Qu'est-ce qui s'est passé avant le début des temps?»
«Qui a-t-il en dehors de l'espace?»
«Pourquoi?»
Mais ces questions sont-elles réellement pertinentes? Je vois trois raisons pour lesquelles une question demeure sans réponse:
- Nous n'avons pas encore les connaissances nécessaires pour y répondre;
- La réponse est trop complexe pour notre intelligence;
- C'est la question elle-même qui est vide de sens;
Comme exemple de cette troisième catégorie de questions, je pourrais me demander, disons, ce que ressent un caillou, ou de quelle couleur est l'ennui. La question est grammaticalement correct mais n'a aucun sens. Je pourrais aussi me demander ce que font cinq divisés par zéro.
Plusieurs des grandes questions existentielles que l'on se pose demeurent sans réponse, non pas parce que nous n'avons pas encore su y répondre, mais simplement parce qu'elles sont des questions qui n'ont, en fin de compte, aucun sens. Elles s'inscrivent dans des paradigmes obsolètes. On les contemple comme si elles étaient des mystères sacrés dépassant notre entendement, alors qu'elles sont en fait de puériles questions impertinentes. Des agencements de mots qui ne veulent rien dire.
On ne vit rien après la mort car la mort est la fin de la vie. Il n'y avait rien avant le début du temps car un «avant» est toujours à l'intérieur du temps. Il n'y a rien en dehors de l'univers car l'univers est, par définition, la somme de tout ce qui existe. Et se demander le «Pourquoi?» de l'univers implique qu'il fut créé par un être intelligent, dans un but précis, et l'on peut en douter. J''ai l'impression que de croire que l'univers a forcément un sens, un but et une raison d'être, et que ceux-ci sont forcément liés à nos petites existences individuelles, est plus le fait d'un désir viscéral que de quoique ce soit d'autre.
Bref, quand la science n'arrive pas à répondre à une question, ce n'est pas toujours notre capacité de répondre qui est en faute, mais c'est bien souvent notre aptitude à poser des questions.
Je ne suis pas parfaitement d'accord. Parfois, c'est parce que la question est mal formulée que nous ne trouvons aucune réponse. De plus, ta liste de raison pour lesquels une question demeure sans réponse est incomplète et de loin. Tu oublies le point simple, entre autres, qu'une question généralement vaut mieux qu'une réponse. Parfois, des questions doivent rester ouvertes pour être des moteurs à la réflexion. C'est peut-être pas la volonté naïve de vouloir répondre à ces questions que des gens échouent en philosophie, que des gens écrivent de bons romans, etc.
RépondreEffacerTa perspective est, dans cet article, aveugle, trop centré sur la recherche de la vérité et non de l'utilité. Une question sans réponse peut être plus utile qu'une réponse.
Cela dit, même dans une perspective absolument matérialiste et athée. La question de la mort, réglée pour moi il y a un moment, reste un moteur de créativité dans les discussions, dans les débats et dans un tas de choses. Le département de philo est rempli par des gens qui ont été emmenés à la philo par ce genre de question à la fois si vaste et si vide ;)
Il existe en effet des questions grammaticalement correctes mais qui sont vides de sens. Quelques-unes, il est vrai, peuvent être une source de créativité. Toutefois, parce que certaines personnes (et "certaines" est un euphémisme...) ne prennent pas conscience de ce côté insensé, ces questions peuvent attiser des passions et motiver des réactions proprement irrationnelles. Je pense à : peut-on caricaturer Allah ? la femme a-t-elle une âme après trois ou six mois de développement dans le ventre maternel ? la supériorité de l'Homme l'engage-t-Il à prendre en main la sélection naturelle ?
RépondreEffacerIl est d'ailleurs à remarquer qu'il existe plus de questions vides de sens qu'on ne le penserait de prime abord. Simplement parce que la réalité est une, mais que le nombre de combinaisons de mots possibles frôle l'asymptotique infini.
Mais il est un autre aspect que vous ne traitez pas dans votre article, celui du changement d'état d'une question au cours du temps, comme la mutation d'un neutrino vagabondant d'une famille à l'autre au grès de son avancée. Je m'explique : une question aujourd'hui grammaticalement correcte mais insensée, peut, au fil des constructions scientifiques (autrement dit de l'acquisition de connaissances par le biais de la méthode scientifique) — cette question peut acquérir un sens. La question : quelle taille avait l'Univers observable trois minutes après son “apparition” ? n'avait aucun sens avant les découvertes d'Hubble et la création de la cosmologie relativiste de Friedman. Aujourd'hui, elle en a un. Le phénomène est pareil à celui qu'admettait Karl Popper en disant que la métaphysique d'aujourd'hui peut devenir la physique de demain : ce qui n'est pas réfutable à un instant donné peut le devenir ultérieurement.
Est-ce à dire que la question de savoir la couleur des poils du chien de Dieu aura un jour un sens, je ne le crois pas.
Sénepse