dimanche 1 mars 2009

Être ou ne pas être?

Selon l'hypothèse Sapir-Whorf, des contingences linguistiques peuvent parfois affecter notre conception du monde. Le verbe être sert normalement à indiquer un état temporaire ou un attribut intrinsèque. Toutefois, nous l'employons souvent pour désigner nos opinions, nos croyances, nos habitudes ou nos origines. Faisons l'exercice de supprimer ce genre d'usage du verbe être :

Il est Québécois / Il vit au Québec
Il est de gauche / Il vote pour la gauche
Il est athée / Il ne croit pas à Dieu
Il est végétarien / Il mange végétarien
Il est étudiant / Il étudie
Il est libraire / Il travaille comme libraire
Il est hétérosexuel / Il aime les femmes
Il est Blanc / Il a la peau beige rosé
Il est jeune / Il a vingt-cinq ans
Il est beau / Je le trouve beau
Il est ~iste / Il prône le ~isme

Cet usage du verbe être constitue une pente vers l'illusion que ce genre de caractéristiques nous définit en tant qu'individu. Conséquemment, en plus d'amplifier l'importance relative de ces détails, nous sommes portés à les maintenir tels qu'ils sont pour préserver l'intégrité de notre identité. Cela peut constituer un frein à notre évolution personnelle et nous pousse à générer de nouvelles catégories arbitraires pour classer les gens (ce qui est une pente vers la discrimination). Mais bon, la langue est ainsi conçue. Il faut simplement éviter d'être biaisé par cet usage.

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