dimanche 29 mars 2009

Mentir n'est pas mal en soi

Selon mon éthique, mentir n'est pas mal en soi. Ce qui est mal c'est d'utiliser le mensonge pour abuser d'autrui, mais on peut très bien mentir à une personne dans l'intérêt de cette dernière (pour éviter de la blesser par exemple).

Quand on dit aux enfants «mentir c'est mal!», on induit en eux un antagonisme avec les normes de politesse qu'on leur inculque. Comment peut-on leur demander de dire à leur invité qu'il porte de beaux vêtements lorsqu'ils sont laids, ou à leur hôte que son repas est délicieux lorsqu'il est infecte, si on leur dit en même temps qu'ils ne doivent jamais mentir? Ce qu'on devrait leur apprendre c'est qu'il est mal de tromper les gens. Le mensonge n'est indirectement mal que lorsque utilisé pour la tromperie.

Il faut toutefois demeurer vigilant lorsque l'on utilise le mensonge. On doit penser aux conséquences à long terme; principalement à ce que cela nous coûtera en terme d'efforts pour maintenir ce mensonge (et tous les autres mensonges que l'on tissera autour), aux probabilités que la personne découvre la vérité un jour et à sa réaction lorsque ce sera fait. Un mensonge n'est plus éthiquement justifiable s'il a des effets bénéfiques à court terme, mais qu'il sera nuisible à long terme.

Il faut également tenir compte des intérêts réels de la personne. Peut-être qu'on lui cache un fait parce qu'on estime que cela la fera souffrir inutilement mais que cette personne aimerait mieux connaître la vérité plutôt que de vivre dans une illusion agréable. Dans cette perspective, ce serait s'opposer aux intérêts de la personne que de lui mentir et, donc, ce serait contraire à l'éthique.

Ce qui rend cela plus compliqué, par contre, c'est que la personne ne peut pas décider elle-même de si elle veut qu'on lui divulgue, ou non, la vérité. En effet, pour qu'elle puisse choisir de façon éclairée s'il serait préférable pour son bonheur qu'on lui révèle cette vérité ou qu'on lui mente, il faudrait qu'elle ait préalablement la connaissance de cette vérité; autrement son choix ne sera qu'intuitif. Or, une fois que la personne connaît cette vérité, elle ne peut plus choisir de l'oublier. Par exemple, si ma conjointe me dit: «J'ai une terrible nouvelle à t'annoncer... aimerais-tu mieux que je te la cache?» tant que je ne connais pas cette nouvelle, mon choix de la connaître ou non ne sera pas éclairé. Si, par contre, elle est plus explicite et me dit: «Aimerais-tu mieux que je t'avoue t'avoir trompé avec ton meilleur ami, ou préférerais-tu que je te le cache?» là j'ai toute l'information qu'il me faut pour faire un choix... mais il ne m'est plus possible de choisir de rester dans l'ignorance.

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